C’est Le Monde qui en parle ce matin : l’Etat américain responsable du tiers des exécutions du pays vient d’abolir l’ultime privilège des condamnés à mort : celui de choisir de quoi sera composé son dernier repas.
Que s’est-t-il passé ? Souvenez-vous du jour où Troy Davis a été exécuté : ce même 21 septembre, un ex-membre du Ku Klux Klan est exécuté en Géorgie pour le meurtre d’un noir. Tandis que l’afro-américain devenu symbole de la lutte contre la peine de mort se contente du repas habituel, Brewer, lui, « a fait dans la surenchère ». Le Monde raconte :
Il a demandé deux steaks de poulet frit, un triple cheeseburger au bacon, une livre de porc au barbecue, trois fajitas, un bol de gombos frits, une pizza à la viande, une livre de glace et une plaque de chocolat au beurre de cacahuète avec des éclats de cacahuètes. Le repas, servi « dans des proportions plus raisonnables » selon les autorités pénitentiaires du Texas, a finalement été refusé par le détenu.
Cette commande astronomique n’a pas été du goût de John Whitmire, un sénateur depuis longtemps opposé à cette tradition. Dans une lettre rendue publique, l’homme s’émeut :
« It is extremely inappropriate to give a person sentenced to death such a privilege. One which the perpetrator did not provide to their victim. »
« Il est extrêmement malvenu d’offrir à un condamné à mort un tel privilège. Un privilège que le criminel n’aura même pas laissé à sa victime. »
Brad Livingston, directeur du département de la justice pénale du Texas, a estimé que les arguments avancés par le sénateur était « fondés ».
Le système judiciaire américain vient donc de renoncer à la seule tradition qui offrait un semblant d’humanité à la sentence. Désormais, les condamnés à mort devront se contenter du même repas que les autres. S’il nous fallait une énième preuve que c’est pas demain la veille que la peine de mort sera abolie…