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La timidité vue par… la psychologie

La timidité est un drôle de phénomène qui peut parfois gâcher une belle journée. Explications et conseils sous le signe de la psychologie !

Depuis toujours, il y a un truc que j’admire beaucoup : les personnes qui ne sont pas timides. Celles qui semblent toujours à l’aise en société, qui semblent aller naturellement vers les autres, qui semblent prendre du plaisir à faire de nouvelles rencontres. Pour moi, ces personnes ont une sorte de pouvoir magique hyper mystérieux.

Mon frère, par exemple, est capable d’entrer dans une boutique, de faire rire les vendeurs-es, de créer un lien avec des inconnu-e-s, et de repartir avec des fringues et 10% de promotion, juste comme ça, en deux temps, trois mouvements, et en y avant pris du plaisir !

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Pour une partie de la population (dont moi), cet exercice serait difficile, voire inconcevable. Pour les gens comme moi, les interactions sociales peuvent s’avérer particulièrement compliquées.

Selon une étude du psychologue Philip Zimbaro, entre 40 et 60% des personnes présenteraient un certain degré de timidité. Timides, réjouissez-vous : nous ne sommes pas seul-e-s !

À lire aussi : Je suis introvertie, et alors ?

La timidité, qu’est-ce que c’est ?

Les définitions de la timidité peuvent varier selon les avis, selon les disciplines. Communément, on admet que la timidité serait caractérisée par une anxiété sociale (ou en tout cas une « gêne » sociale) et une inhibition comportementale.

Jennifer Urbanis Blackfort, chercheuse en neurosciences, précise que la timidité pourrait être « vue » dans notre cerveau. Lorsque nous sommes face à un visage nouveau, notre « amygdale cérébrale », qui suscite nos réactions émotionnelles (dont la peur), réagirait avec intensité. Plus nous serions confronté-e-s à ce visage, moins la réaction serait intense : nous nous sommes familiarisé-e-s avec lui, nous l’avons accepté émotionnellement, il ne nous fait plus peur.

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Chez les timides, les choses ne se passent pas forcément de cette manière. La chercheuse et son équipe ont constaté que pour les personnes timides, la « familiarisation » ne se fait pas toujours, et que l’amygdale cérébrale est toujours « suractivée ». Ainsi, même si nous croisons souvent nos collègues, notre épicier-e, notre généraliste, nos voisin-e-s… il est possible que nous soyons toujours un peu gêné-e-s à l’idée d’interagir avec eux !

Y a-t-il des avantages à la timidité ?

Souvent, la timidité est perçue comme un défaut (qui a déjà entendu les fameux « il/elle ne va pas te manger » ou « ne sois PAS timide » ?), mais pour le psychologue Christophe André, les choses sont bien plus nuancées.

Nous vivons en communauté depuis pas mal de temps : on est tou-te-s plus ou moins d’accord là-dessus. Dans les communautés, il y a des personnes réservées, d’autres qui le sont moins, d’autres qui ne le sont pas du tout. Dans les groupes, les timides jouent souvent le rôle de « pacificateurs », de « modérateurs », tout aussi essentiel qu’un autre pour que le groupe puisse fonctionner. Autrement dit, pour fonctionner, la société a aussi besoin des timides !

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Christophe André souligne également que la timidité, que l’on associe généralement à « l’introversion », pousse les timides à prendre du temps avant de prendre la parole, ou de prendre un risque. Du coup, les timides ont moins de chances que les autres de dire une bêtise, de parler sans réfléchir, ou de se mettre en danger.

Le psychologue ne dit pas qu’un-e timide ne sortira jamais une jolie connerie, ni que les non-timides sont des écervelés qui parlent toujours sans réfléchir ! Il explique qu’il y a des avantages et des inconvénients à chacune des situations. Parfois, votre timidité pourra vous gonfler prodigieusement parce que vous n’avez pas osé faire ceci, ou dire cela… et d’autres fois, elle vous aura permis d’éviter une situation difficile, ou d’aider à apaiser un conflit !

Peut-on surmonter notre timidité ?

La conversation informelle est particulièrement difficile pour vous ? Vous ne savez pas quoi dire à vos interlocuteurs-trices ?

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Selon le psychologue Bernardo Carducci, avoir la capacité de faire la conversation serait une compétence… et une compétence, cela peut se travailler ! Pour améliorer son habileté à faire la causette, le site Psychomédia revient sur modèle de conversation en 5 étapes proposé par le psychologue.

  • Étape 1 : engager la conversation

Cela peut paraître complètement logique, mais pour débuter une conversation, le premier pas serait de signaler notre envie de discuter, d’envoyer un indice à la personne qui nous intéresse. Pour cela, Carducci nous conseille de faire un petit commentaire sur l’environnement, ou sur la situation que l’on partage avec la personne en question (« AH LA LA, il faut chaud, non ? », « Pfiouh, il y a beaucoup de monde dans cette soirée »).

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« Alors… tu aimes… des trucs ? »

Peut-être que vous avez ce type de remarques en horreur, et que ces phrases vous paraissent complètement absurdes, mais gardons en tête qu’elles servent simplement de signal à l’autre. Elles vous permettent d’exprimer : « OKAY, je suis prêt à parler, est-ce que tu l’es aussi ? »

; si l’autre répond à votre commentaire, c’est qu’il a reçu votre signal (et selon sa réponse, qu’il est prêt, ou non, à converser avec vous).

  • Étape 2 : se présenter

Commenter la météo ou le nombre de personnes présentes dans la pièce, c’est bien joli, mais cela ne pourra pas permettre à la conversation de continuer. Il faudra donner un peu de votre personne, et mentionner quelque chose à propos de voustiens, j’adore cette pizza »). Si vous ne connaissez pas l’autre, vous pouvez préciser votre nom, expliquer ce qui vous amène dans la situation (« je m’appelle Machine, j’accompagne Truc, qui est le cousin de Bidule »)…

Dans cette étape, le but, c’est de tendre des perches, et de permettre à l’autre de rebondir, de vous poser des questions.

  • Étape 3 : l’exploration

Vous avez signalé à Machin votre envie de converser, vous lui avez dit votre nom, il vous a dit le sien… À présent, il s’agit de ne pas laisser retomber le soufflé et d’explorer les sujets de conversation éventuels.

Vous pourrez par exemple le relancer lorsqu’il aborde un sujet en reformulant ce qu’il vient de dire (« ah bon, tu n’aimes pas trop la pizza, toi ? »), en posant une autre question (« mais qu’est-ce que tu aimes, alors ? »), ou encore en faisant un commentaire (« AH TIENS c’est original, ça, de ne pas aimer la pizza »).

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Le truc essentiel, c’est de ne pas se mettre la pression : souvent, dans une conversation, nous avons envie d’être brillants, drôles, fins… bref, nous voulons être exceptionnel-le-s, inoubliables. Mais la plupart des conversations sont « normales » : vous n’attendez certainement pas de votre interlocuteur qu’il vous fasse un spectacle de stand up, et de son côté, il n’attend sans doute pas que vous lui fassiez une critique complète du dernier livre de Thomas Piketty. Ce que vous attendez tou-te-s les deux, c’est un échange !

Parfois, les sujets lancés feront un flop. Vous aurez vraiment envie de parler de pizza, mais votre interlocuteur vous a déjà signifié son désamour chelou pour ce plat ? Ce n’est pas grave : il y a des tas de nouveaux sujets à explorer ! Aime-t-il la quiche ? La tartiflette ?

  • Étape 4 : faire des liens entre les sujets

« Tiens, tu aimes la tartiflette ? J’en ai mangé lors de mes dernières vacances au ski ! Et toi, tu skies ? »

Vous pouvez peut-être parler de pizza et de tartiflette pendant des heures, mais la conversation sera enrichie si vous et votre interlucteur parvenez à faire des liens entre vos sujets de conversation (un peu comme dans la chanson des trois petits chats) !

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  • Étape 5 : terminer la conversation

Au bout d’un certain temps, vous voulez en finir avec la conversation : vous avez envie de faire une pause pipi, pizza ou canapé, ou vous avez juste envie de vous débarrasser de votre interlocuteur.

Pour cela, il faut passer par la même étape que pour engager la conversation : vous devez faire savoir à l’autre que vous avez l’intention de terminer la conversation, lui donner un signal pour qu’il comprenne cette intention et puisse vous répondre (« je vais aller me resservir un verre… », « je vous laisse travailler… »).

Si vous avez apprécié l’échange, vous pouvez lui faire savoir (pas forcément en lui disant texto que vous avez adoré parler avec lui, mais par exemple en le remerciant pour son avis sur tel ou tel film, ou pour l’échange à propos de tel sujet). Si vous avez vraiment kiffé, vous pouvez même lui proposer un deuxième rencard pour une conversation de foufou, ou lui proposer de garder le contact !

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Pour Carducci, le truc que nous devons garder en tête, timides comme non-timides, c’est d’être bienveillant. C’est cela qui permettra à une conversation de pouvoir être agréable, réussie, et source de satisfaction.

Lorsque la timidité est un handicap au quotidien, ou qu’elle est simplement un problème qui vous enquiquine par moments, il est possible d’y « travailler ». Il existe par exemple des thérapies comportementales, qui pourront vous aider à maîtriser vos émotions.

Certaines thérapies vous proposeront de vous confronter à une situation qui vous angoisse particulièrement, dans laquelle le thérapeute pourra vous accompagner. Dans ce cas, l’objectif sera de rester dans la situation anxiogène, de ne pas l’éviter… au fur et à mesure, vos émotions vont se réguler, et la situation ne paraîtra plus si effrayante.

Seul-e, vous pouvez également vous entraîner à aller vers les autres, par exemple en vous exerçant à demander l’heure à des inconnu-e-s, à engager une conversation avec votre épicier !

Pour aller plus loin…

En bonus, voici le très joli court-métrage d’animation réalisé par une madmoiZelle, alicebis, et quatre de ses camarades pendant ses études dans la prestigieuse école des Gobelins ! La timidité est ici représentée par un crocodile assez mignon… mais franchement collant.


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

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Avatar de Camilia Pond
23 décembre 2016 à 09h12
Camilia Pond
Je me souviens avoir discuté avec un de mes formateurs BAFA y a quelques temps à propos de la timidité, et il me disait que "ça n'existait pas". J'ai mis du temps à comprendre ce qu'il voulait dire par là, parce que je me suis toujours considérée comme étant quelqu'un de timide, et de le voir dire que ça n'existait pas, c'est un peu absurde à mes yeux.
Mais au final, en travaillant avec des enfants au quotidien depuis environ 3 ans, je me rends compte qu'il a raison : la timidité en soi, c'est juste une invention de l'adulte, une case dans laquelle on est fichés et qui nous "réduit" socialement, à défaut de nous aider, comme toutes les étiquettes dont on peut être affublés par tout un chacun au quotidien. Les enfants ne sont pas timides, ils peuvent être intimidés par des situations ou des gens qui en imposent sur un moment donné, mais ils ne sont pas timides, par tant qu'on leur dit pas qu'ils le sont en tout cas... Ils vont être capables (tous !) de prendre part à un débat en grand groupe, même avec des écarts d'âge importants (genre entre 7 (qui viennent tout juste d'apprendre à lire et à écrire) et 12 ans (qui sont déjà au collège)) par exemple.

Ce sont les situations qui font qu'on est "timides" ou plutôt impressionnés à mon avis : j'ai une peur bleue de téléphoner, mais par contre je vais être à l'aise dans une menée de réunion avec mon équipe, parce que c'est une situation que j'ai appris à maîtriser.
Je peux être super à l'aise dans un magasin à discuter avec des vendeurs, à blaguer avec eux, mais me retrouver totalement coincée dans une soirée avec des potes parce que quelque chose dans la soirée m'impressionne, et réciproquement, je peux me retrouver dans une soirée avec des inconnus et être totalement à l'aise et dans un magasin dans lequel je vais voir l'habitude d'aller et être tout autant mal à l'aise qu'au premier jour.

C'est pas une question de timidité, c'est une question de confiance en soi et de contexte.

On n'est pas timides, on le devient
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