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Porno VS Vraie vie : pourquoi le X n’est pas un mode d’emploi

Dans la vraie vie, le sexe ne ressemble pas vraiment au porno hardcore. Le X formerait-il des générations de mauvais baiseurs ?

Ce serait chouette quand même… On regarde un film de cul, on prend deux-trois notes, voire quelques schémas, et voilà ! On est une déesse universelle du sexe.

Comme si tu matais Top Chef, bim t’arrives dans ta cuisine : t’es Philippe Etchebest.

Est-ce que ce serait vraiment chouette en fait ? En cuisine, clairement oui. Au lit, pas sûr…

Porno partout, éducation nulle part

De quel porno parle-t-on ? Il faut distinguer les différents genres de porno, puisqu’aujourd’hui l’offre tend à se diversifier timidement, de la vidéo amateur aux films « pour femmes » tournés par des femmes, en passant par les camgirls.

Ici, je parle du porno hardcore, celui qui a envahi Internet depuis le milieu des années 2000. À la suite de PornoTube, les plateformes de streaming du X ont fleuri et sont devenues LA façon de consommer du porno.

À mon époque, on « tombait » sur une cassette de Marc Dorcel dans l’armoire de Papa et on la rembobinait ensuite pour rester discret (#vieillepeau).

Bref, aujourd’hui l’offre est pléthorique et l’accès à du porno gratuit n’a jamais été aussi facile.

Le genre est réputé violent, sexiste, uniquement axé sur le plaisir masculin. Il est si répandu qu’en fait, il constitue la quasi totalité du X sur Internet. Si bien qu’on l’appelle aussi « porno mainstream ».

En fait, dans la pornographie d’Internet, le hardcore est la norme. Et c’est lorsque ce porno hardcore devient l’unique source d’information des curieux·ses que ça commence à piquer.

Je ne peux pas reprocher aux novices de vouloir s’informer et je ne juge personne qui souhaite consommer du porno, hardcore ou pas.

C’est juste dommage de n’avoir que le porno d’Internet pour répondre à des questions pratiques. Les actrices porno ne sont pas là pour faire l’éducation des gosses.

Le porno n’a rien à voir avec de l’éducation sexuelle parce qu’il est déconnecté de la réalité. C’est un spectacle, un divertissement, une véritable industrie, pas un service public.

Et puisque l’éducation sexuelle se contente souvent de faire de la prévention autour des IST, on est livré à soi-même face au porno, qu’on mate d’ailleurs bien souvent seul·es devant l’écran.

Personne pour nous aider à avoir une approche réfléchie des contenus et à être des consommateurs critiques. Le serpent se mord la queue, si vous me passez l’expression.

Le porno, c’est pas la vraie vie

Entendons-nous bien, la pornographie peut être une vraie source d’inspiration.

Sans forcément transposer ce que l’on voit à l’écran à notre propre vie sexuelle, le porno peut influencer les fantasmes, permettre d’explorer ses envies et s’ouvrir à de nouveaux horizons.

C’est même le propre des films X. Le porno est un spectacle, un outil essentiellement masturbatoire, et par définition, on fantasme sur ce que l’on a pas, sur ce qui diffère du quotidien.

Le souci c’est qu’en ces temps troublés où l’éducation sexuelle se réduit à peau de zobi, le porno hard menace de devenir l’unique référence sexo des ados, si jamais ce n’était pas encore le cas (tu vois la petite flamme d’espoir que j’essaie d’entretenir ?)

Pour certains, comme la publicitaire Cindy Gallop, le constat est clair : la pornographie hardcore est devenue l’éducation sexuelle.

Woops.

La génération qui débarque,  comme ceux qui ont pris le train des tubes X en route, courent un risque simple : penser que le porno mainstream reflète la façon dont on baise dans la vie. 

Le léger problème que cela pose, c’est que le porno hardcore n’a à peu près RIEN à voir avec la réalité du sexe de la vraie vie.

Au lit encore plus qu’ailleurs, tout le monde n’aime pas les mêmes choses. Le sexe est par définition le lieu d’exploration de la vastitude des sensibilités et donc des possibles.

Avec les multiples tags et catégories que proposent les plateformes de cul en streaming, on pourrait penser que l’offre est assez diversifiée.

Mais que les meufs soient noires, grosses, prises par 2, 3 ou 8 mecs, que ce soit du porno lesbien, BDSM ou fétichiste de la laine (ça existe), le principe est toujours le même : une imitation de sexe, un truc fake, pensé par les mecs pour les mecs, en mode brutal et irréaliste. 

Les conséquences touchent les hommes comme les femmes. Le porno n’apprend pas le consentement, l’écoute, la délicatesse, la créativité.

Ça fait des mauvais baiseurs et des gens mal baisés. Et ça, on n’aime pas.

La mort de l’imaginaire

Comment avoir un regard critique et distinguer le porno de la vraie vie lorsqu’on a encore aucune expérience ou si peu, je vous le demande ?

L’esprit du jeune en rut est comme colonisé par des catégories pré-établies et des schémas codés, parfois avant même le début de sa propre vie sexuelle.

C’est ce que montre une récente étude de Bénédicte de Soultrait, conseillère conjugale et diplômée de sexologie, menée en 2016/2017, auprès de 900 garçons et filles de 12 à 22 ans.

83,3% des jeunes interrogés déclarent avoir déjà vu des images pornographiques et près de la moitié des garçons interrogés estiment que le X influence leur vie sexuelle.

Le risque, pour Bénédicte de Soultrait, citée par l’Express, c’est la mort de l’imaginaire.

« Ces images empêchent les adolescents d’imaginer leur propre sexualité, alors que c’est précisément à cet âge que l’on commence à imaginer son propre désir, ses fantasmes.

« Dans ce sens, le X entrave la construction psycho-sexuelle des jeunes. Ils sont placés tout de suite dans la volonté d’agir — c’est la différence entre le porno, qui met à nu, et l’érotisme, qui dévoile peu à peu.»

En répétant toujours les mêmes schémas, en présentant comme normales ou incontournables certaines pratiques, l’industrie du porno nous vend une sexualité codée, uniformisée et partielle.

Il y a vraiment peu de chance de satisfaire un partenaire en imitant ce qu’on a maté sur YouPorn la veille. Je dis pas que c’est impossible, je dis que les chances sont minces.

Le sexe, c’est fait pour échanger, partager. Or faire appel à son ressenti et suivre un mode d’emploi sont deux choses bien différentes.

Et pour être une déesse du sexe, dézo mais il n’y a pas de recette. Ce n’est pas Philippe Etchebest qui me contredira.

Ceci étant dit, en avoir conscience ne nous empêchera pas d’être influencé·es. Le serpent qui se mord la queue, j’vous dis.

Est-ce que tu t’es déjà demandé ce qui est vrai dans le porno, et ce qui ne l’est pas ? Viens me poser tes questions dans les commentaires, je m’en inspirerai directement pour répondre dans de futurs articles ! 

Et si tu es trop timide, pas de souci, tu peux m’écrire à jaifaitca[at]madmoizelle.com, avec en objet : Porno vs vraie vie.

À lire aussi : Comment le porno a fait évoluer mes fantasmes


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Les Commentaires

15
Avatar de RainyMood
29 octobre 2018 à 18h10
RainyMood
Bah ce serait mieux une regulation plutôt que d'interdire. Au moins stopper les abus.
0
Voir les 15 commentaires

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