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Et si... Et si...

Ton corps change, ce n’est pas sale — La leçon de la semaine, par Sophie Riche

Sophie savait que le corps, ça changeait avec les années et les ballonnements quand on retient trop ses pets. Mais elle en attendait pas tant.

Quand j’étais petite, comme tout le monde, mon corps changeait tout le temps.

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Je grandissais tout le temps, et puis mon visage changeait tout le temps, et puis j’ai grossi parce que j’adorais manger et que je savais pas faire la différence entre avoir faim et avoir envie de manger.

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J’ai grandi et grossi et changé, et la puberté est arrivée et j’ai continué à grandir, mais à voir certaines parties de mon corps s’affiner et d’autres prendre de l’ampleur.

J’ai compris que je ne me laissais même pas le temps de m’habituer à mon apparence avant d’en changer.

Ensuite, j’ai fait du yoyo, et je crois bien que j’ai fait ça tout le temps jusqu’à l’année dernière, date à laquelle j’ai compris que tous mes complexes étaient pas mal (même si pas que) liés au fait que je ne me laissais même pas le temps de m’habituer à mon apparence avant d’en changer, et que j’avais le sentiment de n’avoir aucun contrôle là-dessus.

Les changements contrôlés… et puis les autres

Alors je me suis mise au sport, et là encore, mon corps a changé. Ça a pris le temps, et ce n’est pas flagrant, mais c’est un début qui me satisfait pas mal. Ce changement-là, j’étais contente de le voir, parce qu’il reflétait les efforts que je faisais.

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Il me rappelle les litres de sueur que je produis, les 508 kilomètres que j’ai courus ces six derniers mois (c’est pas fou mais j’vais vous dire, avant, j’courais même pas après le bus alors eh), les courses que je finirai bien par faire un jour et la joie que je ressens quand je sors de ma zone de confort et que je me suis dépassée.

Je le constate au fil des semaines, et je l’aime bien pour tout ce qu’il dit des changements que j’ai opérés dans ma vie. Je l’aime bien parce qu’il me dit que je ne suis plus seulement une fille qui boit trop et mange trop et glande trop.

Parce qu’il me rappelle que parmi les petits plaisirs de la vie que j’ai depuis des années, j’ai supprimé celui qui me faisait du mal, la cigarette, et j’en ai ajouté un autre bon pour tout, pour ma tête et ma santé : le sport.

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Moi célébrant ma joie quand j’ai réalisé que j’avais un peu d’emprise sur mon apparence (ou criant de douleur parce que je m’étais pris un coup de coude sur le côté du nibard, j’sais plus).

Au-delà de tout ça, j’étais au courant que mon corps allait changer avec les années, que ma peau allait perdre en élasticité, mes muscles en fermeté. Et franchement, ok. Je m’y prépare. Je me fais à l’idée.

De toute façon j’ai pas le choix, parce que ça fait partie du package quand on est humain•e et qu’on aimerait bien vivre un peu plus longtemps que trente ans.

De toute façon j’ai pas le choix, parce que ça fait partie du package quand on est humain•e et qu’on aimerait bien vivre un peu plus longtemps que trente ans. On m’avait aussi dit que mes seins, que je trouvais si petits, allaient sacrément prendre en volume le jour où je vivrai une grossesse, si tant est que je le veuille et que je le puisse.

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Je trouvais l’idée marrante, et c’était un peu devenu un running gag. « Si j’veux des enfants ? Ouais grave, POUR AVOIR DES GROSSIN », en associant le geste « Je tiens une pastèque dans chaque main » à mes paroles, car je suis vraiment quelqu’un d’élégant et de délicat.

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Un bonnet s’ajoute et tout est puberté

En vrai, mes seins, ils ont pas attendu des grossesses pour grossir. Ils ont pris en volume lors de mon énième vrai gros yoyo non contrôlé l’année dernière où j’ai pris entre quatre et six kilos très rapidement (peut-être plus encore, mais j’ai arrêté de me peser au bout d’un moment).

Normal : quand on prend du poids en faisant ma taille, ça se répartit sur tout le corps. Je savais que j’avais pris des tétasses, mais ça se noyait dans la masse (je suis aussi un peu poète).

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Sauf que depuis, j’ai perdu ces kilos, et je l’ai constaté, partout. Partout, ouais ; sauf de là. Sauf des nibards. Et contre toute attente, je ne le vis pas forcément super bien.

J’étais habituée à une circonférence et là, je me retrouve avec deux trucs que j’ai l’impression d’avoir empruntés à quelqu’un. Je suis toujours en train d’en parler et je suis toujours en train de les regarder, de checker qu’ils ne sont pas en train de dire coucou à tout le monde ou qu’ils ne sont pas encore en train de grossir.

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Comment j’ai l’impression que tu imagines mon quotidien suite à ce paragraphe alors que j’ai juste pris un bonnet.

C’est un petit désagrément couillon. Parce que quand tu dis «

J’ai un peu pris des cuisses/du ventre/du visage je me sens pas tiptop avec cette partie de mon corps pour l’instant », les gens, souvent, peuvent comprendre ce que tu traverses et font preuve d’empathie.

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La probabilité de chances de passer pour une neuneu en disant « J’ai pris des seins et en vrai pour l’instant j’aime pas trop », est un peu plus grande.

En revanche, la probabilité de chances de passer pour une neuneu en disant « J’ai pris des seins et en vrai pour l’instant j’aime pas trop », est un peu plus grande. Je suis entourée de gens super, super chouettes, et tellement ouverts et compréhensifs que ça ne m’arrive pas, mais je peux pas m’empêcher, chaque fois que j’en parle, de culpabiliser un peu de verbaliser ça ou de craindre tout à coup qu’on me dise « EH J’RÊVE D’AVOIR DES GOUGOUTTES ALORS POUPOUGNE OK ».

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Une habitude à prendre

En fait, j’ai l’impression de vivre comme une seconde puberté (en moins fort parce que quand même, j’ai, contrairement à il y a quinze ans, la faculté de pouvoir prendre du recul).

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Mon corps n’est plus le même au niveau d’une partie qu’on voit comme le nez au milieu de la figure, et je suis à la fois fascinée et repoussée par ce changement que je désirais pas mal et auquel j’ai du mal à me faire.

Je m’étais habituée à cette partie de mon corps comme elle était, finalement ! J’avais beau répéter à longueur de temps que je les aimerais bien un peu plus gros, ce n’était pas un complexe (sinon, il existe de super jolies techniques de chirurgie auxquelles j’aurais envisagé d’avoir recours).

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Mais tout comme j’ai fini par me faire à l’idée de mesurer 1m32 et d’avoir des poils à la shneck il y a quinze ans, je vais m’habituer à eux.

Je vais m’habituer à mes nouveaux seins, et en attendant de m’y faire à 100%, je suis contente d’avoir les cheveux longs.

En attendant de m’y faire à 100%, je me fais des bisous reconnaissants d’avoir les cheveux aussi longs pour cacher mes boobies avec quand je me sens pas à l’aise et je me déteste de n’avoir que des soutiens-gorge légèrement rembourrés (réflexe d’acquisition que j’ai gardé de l’époque où c’était là le seul moyen que mon asymétrie nichonesque totale ne soit pas trop évidente).

À lire aussi : Mes seins et moi, de la malformation aux balafres

En attendant, surtout, je relativise, parce que je ne suis pas sûre que le regard des autres ait changé, mais je suis sûre que mon regard sur le regard des autres, lui, est plus au taquet puisque mon poitrail est mon obsession du moment.

Je ne suis pas en train de me victim-shamer toute seule, mais je fais la différence entre :

  • Les relous qui font des réflexions et/ou sexualisent du regard le corps des femmes à la sortie des bars ou des boîtes ou dans le métro ou dans le bus ou au Franprix ou enfin t’as l’idée
  • Les moments où je suis tellement focalisée sur mes seins, à remettre mon t-shirt en place ou à vérifier que mon pendentif n’est pas en train d’agrandir mon décolleté, que du coup, les gens regardent là où je regarde. Pas parce que c’est Jean-Michel et Josie Libidineu, juste parce que c’est comme quand quelqu’un tourne très vite la tête parce qu’il croit avoir vu un écureuil, tu vois ; tout le monde tourne la tête dans la même direction pour voir ce qui peut à ce point attirer son regard.
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Et surtout, ça me rappelle qu’en tant qu’être humain, en terme de modification corporelle, je ne suis pas au bout de mes peines, alors à moi de voir mon corps comme un chouette outil sans lequel je ne suis rien, sans le scruter à longueur de journée pour guetter la moindre petite mutation.

Un corps n’est pas fait pour être gravé dans le marbre du début de la vie jusqu’au dernier souffle, c’est une question de logique. Merde à la fin.

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À lire aussi : Le jour où j’ai fait la paix avec mon physique

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