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Celui qui… m’a aidée à prendre confiance en moi

Amélie n’a pas toujours eu confiance en elle. Et un garçon l’a aidée à se sentir mieux dans ses bottines.

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Vois-tu au fond de la classe cette fille rayonnante qui attend désespérément que le prof l’interroge ? Sa main si tendue vers le ciel qu’on dirait qu’elle cherche à se démettre l’épaule pour être dispensée du cours de pentabond ? Vois-tu la volonté qui brille dans son regard et l’agenda Lulu Castagnette flambant neuf au fond de son sac ? Son Sagem librement posé sur ses genoux, vibrant si souvent qu’il t’arrive de l’entendre avant de t’endormir le soir ?

Cette fille, ce n’était pas moi.

Au collège, puis au lycée, je n’étais pas de celles qui aimaient s’installer au premier rang de la chorale et réciter mon commentaire de texte au tableau. J’avais peu d’amis, mais ils étaient assez important pour accepter de m’accompagner aux concerts de Tokio Hotel. Bizarrement, je brûlais d’envie que l’attention se porte sur moi… pour mieux la fuir ensuite. Je voulais être en marge, mais que les gens se disent quand même que j’étais plutôt cool, dans mes mi-bas rayés.

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J’ai eu un rapport plutôt étrange avec la gente masculine pendant longtemps. Mis à part mon père et mon petit frère, l’homme était un animal qui m’impressionnait beaucoup — surtout quand il avait mon âge et un t-shirt Good Charlotte. En secret, je voulais vivre des histoires d’amour incroyables… Mais une fois en face de la personne que mon coeur un peu trop mou convoitait, je devenais aussi pâle qu’un drap-housse neuf. Une boule de billard se coinçait juste derrière ma luette et le peu de politesses qui sortaient de ma bouche me semblaient jaillir d’un corps étranger.

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« Voilà. Donc, je te rends ton stylo. Hein. Parce que, bah, tu l’as fait tomber sous ta paillasse en SVT. Bon. Voilà, hein. Salut. »

J’ai ainsi eu quelques relations qui se terminaient de la même manière. La sentence tombait toujours comme une grosse main qui venait frapper mes deux joues : « t’es coincée ». J’essayais alors de ne pas m’en faire et de trouver quelqu’un d’autre, en attendant le déclic qui, peut-être, me ferait sortir de cette cellule mentale…

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J’étais en Première quand il est arrivé. La première fois que j’ai vu Morgan, j’ai cru qu’un de mes organes explosait. Mes mains sont devenues gluantes et une veine s’est mise à palpiter beaucoup trop fort sur ma tempe. Il n’était pas comme ces gringalets que j’avais pu croiser auparavant ! Il avait cette carrure d’adulte, ces adorables taches de rousseurs, ces pantalons trop larges et ces yeux qui semblaient toujours rire. Si j’avais pu, je crois que je l’aurais mangé.

Mais Morgan était en couple, et puis je n’aurais jamais osé lui parler. J’étais bien trop bizarre pour qu’il me prenne au sérieux. Bien trop moche. Bien trop moi.

Morgan était devenu Dieu. Tout simplement.

Les amis (ou le destin, je ne me suis pas encore décidée) ont favorisé notre rencontre. D’un long regard indiscret du fond de la gare routière, je suis passée aux échanges visuels gênés à moins d’un mètre cinquante. J’avais l’impression d’être une privilégiée, je côtoyais les grands de ce monde (soit les plus de dix-huit ans encore au lycée). Ma meilleure amie et moi, sous le choc de cette subite escalade dans (notre) échelle sociale, lui avions donné un surnom qui, à ce moment-là, lui allait comme un gant : Morgan était devenu Dieu. Tout simplement.

Pourtant, ma divinité à casquette Goéland semblait loin d’imaginer une romance torride en ma compagnie à la récré de 10h. Malgré mes grands sourires béats et mes incantations à la bougie, il restait désespérément… indifférent.

C’est alors que j’ai commencé à le détester. Je ne supportais plus de le voir tous les jours sans avoir le courage de le serrer dans mes bras en lui mordant le cou. Je trouvais horrifiant le fait qu’une autre puisse poser ses lèvres ailleurs que sur sa joue. Je le trouvais lâche de ne pas voir que j’étais là, à me ronger de l’intérieur pour une simple attention qu’il n’aurait réservé qu’à moi. Je l’insultais tous les soirs copieusement dans un journal intime que je lui avais dédié. Je le haïssais, lui, pour les choses que je n’arrivais pas à débloquer en moi.

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Les années sont passées et il m’a fallu un temps incroyable pour comprendre que ma relation avec Dieu n’irait jamais plus loin qu’un pack de bière devant l’intégral d’Hostel. J’ai fini par jeter à la benne ma promesse faite à moi-même : nous n’aurons pas eu la chance de nous connaître bibliquement. J’ai grandi et la boule de billard s’est transformée en balle de ping-pong facile à écraser. Mes relations avec les gens sont devenues plus faciles et j’ai arrêté de me persuader que je méritais seulement les mecs qui s’intéressaient à moi. Surtout, Dieu est redevenu Morgan. Car il n’était qu’un humain après tout.

Il m’arrivait encore de ressortir le vieux journal avec un sourire en coin.

Le schéma classique de l’entrée dans la vie étudiante aidant, nous nous sommes éloignés. Pourtant, il m’arrivait encore de ressortir le vieux journal avec un sourire en coin. Même si cette période avait été un peu compliquée, je l’avais beaucoup aimée. Elle m’avait fait autant pleurer que rire et avait eu le mérite d’alimenter une bonne partie des discussions de la cantine. Poussée par ma nostalgie, quatre ans après cet amour à sens unique (façon Racine mais avec des fautes d’orthographes), j’ai eu envie de mieux comprendre. Il y a quelques mois, j’ai donc ajouté Morgan sur Facebook.

Quand j’ai vu la fenêtre en bas à droite de mon écran apparaitre, j’ai presque senti la fougue d’autrefois s’emparer de mon âme. Nous avons discuté longtemps, nous rappelant du bon vieux temps comme des retraités, décrivant nos nouvelles vies respectives. Puis la soirée a continué et nous avons finalement fait cette chose qui me faisait aussi peur qu’un baptême en chute libre : aborder le FAMEUX sujet.

En moins de dix minutes, il a tout su, de la déification provisoire aux regards désespérés en passant par les songes pas très catholiques qui peuplaient ma tête à l’époque. Sa réponse a eu l’effet d’une bombe : pendant tout ce temps, Morgan avait effectué, lui-même, un parcours parfaitement similaire au mien.

morgan

Une bombe, vous dis-je.

Tout ce temps à me morfondre sur mon triste sort avait été du temps… perdu ! Je n’étais ni nulle, ni laide, ni coincée. Nous étions tous les deux de splendides crétins n’ayant pas eu assez confiance en eux pour s’avouer qu’il crevaient d’envie de se sauter dessus comme des félins en rut.

J’ai revu à la hausse la considération que j’avais pour ma carcasse d’adolescente pas sûre d’elle. J’ai compris qu’il ne faut jamais se sous-estimer (même quand on a le cheveux et le rire gras), car comme dirait Evene : « Il n’est jamais trop tard pour être ce que vous auriez pu être ».

Je finirai donc cette ironique histoire par une tirade de l’intéressé, copiée/collée telle quelle :

« Piouf si je pouvais repartir en arrier alor tu serais avec ton dieu lol »

Si avec le recul, rien n’est moins sûr, mon estime de moi, aujourd’hui et grâce à lui, est aussi radieuse qu’une auréole sur un tableau de Vélasquez. Merci Seigneur.

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Les Commentaires

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Avatar de Amelie
2 septembre 2015 à 10h09
Amelie
Je me reconnais dans ce que tu écris. J'ai également aimé un garçon à la folie durant le collège/lycée jusqu'à ce que j'en vienne à le haïr pour son indifférence. Maintenant, je ne suis plus aussi extrême. Mais je suis curieuse. Est-ce que vous êtes ensemble maintenant ou c'est juste une relation amicale ?
Non, nous ne sommes pas ensemble et pas dans une relation amicale non plus. On se suit sur Facebook quoi. Avec le recul, je me suis rendu compte que ce n'était TELLEMENT pas un mec pour moi. Lui, vit sa vie et élève même un enfant. Bref, tout le monde est content.
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