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Moi, moi et moi

Comment ces cahiers à petits mots ont forgé toute une amitié

Vous vous souvenez des tous ces petits mots que vous échangiez avec vos meilleur•e•s ami•e•s au collège ? Pour Clémentine, ils étaient le ciment d’une amitié qui dure depuis onze ans !

Aujourd’hui, madmoiZelle s’est mise aux couleurs de l’amitié en l’honneur de sa Journée internationale ! C’est l’occasion de se remémorer tous ces petits mots qu’on s’écrivait, au collège et au lycée. Pour moi, ces mots ont pris la forme de 5 grands cahiers à petits carreaux…

Le Cahier, pas le cahier

Avec Alberte, on cherche un truc à faire. On s’ennuie, il fait chaud, et on en a marre de regarder Pirates des Caraïbes pour la 14ème fois. C’est un samedi après-midi de septembre normal : on erre dans l’appartement à la recherche d’un truc intéressant à faire pour satisfaire notre spleen adolescent.

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Le spleen adolescent : une allégorie, par Ghost World

C’est fou comme cette scène est gravée dans ma mémoire. Comme si déjà, au moment où je la vivais, je savais que cela serait un épisode marquant de ma vie. Vous voyez le moment dans Harry Potter à l’école des sorciers, quand Harry choisit sa baguette magique chez Olivander ? Quand il met enfin la main sur la bonne baguette, il est illuminé comme s’il venait d’être touché par la grâce de Merlin, avec les cheveux qui volent et un regard fou. Dans mes souvenirs, il s’est passé la même chose quand j’ai ouvert la porte du placard au fond du couloir, et que j’ai vu un cahier qui trônait là, au milieu des valises, des draps et des vieux jeux de société. Qu’est-ce qu’un grand cahier à petits carreaux et à spirale faisait là ? Aucune idée. Mais heureusement qu’il y était.

Kiorrrioss… verrry kioriouss…

L’idée nous est venue sans même qu’on ait à se concerter : on allait s’écrire des lettres dans ce cahier. Une double-page chacune.

Ce cahier, c’est devenu « Le Cahier® », qu’on écrivait avec une majuscule, souligné, et un petit « r » en haut à droite, pour indiquer que c’était une marque déposée. En quatre ans, de nos 11 ans à nos 15 ans, il s’est multiplié en 5 cahiers : tous des grands cahiers à petits carreaux et à spirales. Il fallait tout cela sinon, ça ne marchait pas : la magie n’opérait pas.

Une version pipou de Fight Club

La première règle du Cahier®, c’était qu’il n’y avait pas de règle. À part la tradition d’une double-page chacune, qui s’est mise en place sans qu’on ne s’en rende trop compte, on pouvait faire absolument tout ce qui nous passait par la tête…

À lire aussi : Les passages-clés d’une amitié

Alberte est douée en dessin, alors elle noircissait la moitié des pages comme ça. On inventait des histoires, beaucoup d’histoires qui n’avaient aucun sens, on se refilait des playlists – qui, comme on avait 11 ans, se composaient surtout des Beatles et des Jonas Brothers. On y organisait nos week-end, nos sorties

ciné, nos achats de cadeaux pour la boum d’Une telle. On y a aussi inventé un bon nombre de mots, qu’on utilise encore aujourd’hui et qui ont tendance à embrouiller les gens : « caravelle » au lieu de centre commercial (et sa dérivation « caraveller », qui signifie faire du shopping), « vaisselle » au lieu de Dieu, « George » au lieu de soutif’… et j’en passe !

C’est dans Le Cahier® qu’un jour, j’ai écrit en tout petit, pendant une heure de perm’ où nous étions assise l’une à côté de l’autre : « Je crois que j’ai mes règles. » Je n’avais pas eu le temps de l’annoncer à ma mère avant de partir au collège le matin même, et je paniquais un peu ! J’ai tout de suite montré à Alberte ce que je venais d’écrire, et elle m’a aidée à en rire – pendant tout le reste de la journée, elle a essayé de placer le mot « rouge » dans ses phrases. Je me souviens qu’on a piqué un fou-rire quand, en dernière heure, notre prof de français est arrivé dans la salle de cours en portant une chemise couleur rubis.

À lire aussi : Ces erreurs que je ne reproduirai plus avec mes amies

En quatre ans, Le Cahier® est devenu un élément central de nos vies, à toutes les deux. Lire la lettre d’Alberte et y répondre, c’était mon moment préféré de la semaine… voire de la journée, quand on parvenait à écrire plusieurs lettres par jour !

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Les filles de notre groupe d’amies nous posaient parfois des questions dessus, avec un regard amusé : à quoi ça servait ? On écrivait quoi ? Des secrets ? Des ragots ? Est-ce qu’elles aussi pouvaient nous écrire un petit mot dedans ? On avait un peu de mal à leur expliquer que… il n’y avait rien à expliquer. On faisait tout et n’importe quoi, dans Le Cahier® ! Il était un reflet de nos personnalités adolescentes : folles, hilares, avec autant d’imagination que d’acné. On se rendait bien compte que Le Cahier® était une part importante de notre amitié, mais on ne savait pas trop pourquoi ni comment c’était devenu le cas.

Et aujourd’hui ?

À la fin de la 3ème, après le brevet, Alberte a déménagé en France (oui, parce qu’il faut préciser que l’action se déroulait à Singapour, jusque-là !). Après la Terminale, de mon côté, je suis partie faire mes études au Canada. Et quand je suis enfin revenue en France, il n’a fallu que quelques mois à Alberte pour trouver un stage… en Malaisie ! Autant dire qu’on commence à avoir l’habitude des relations à distance !

À lire aussi : « Nos Futurs », une épopée touchante entre amitié, nostalgie et passage à l’âge adulte

Quand nous nous sommes retrouvées chacune d’un côté de la Terre, on a choisi de continuer Le Cahier® via un blog (un skyblog, évidemment). À tour de rôle, nous scannions notre page de cahier et la postions sur le blog. Ça a plutôt bien marché… pendant 2 ou 3 ans. Ensuite, avec sa prépa et mes études, ça a bizarrement perdu de son panache. Bien sûr, on continuait à s’envoyer 12 e-mails par jour et à se parler sur Skype tous les week-ends, mais l’idée d’écrire dans Le Cahier® nous paraissait de plus en plus improbable. Presque saugrenue. Si on était honnêtes, on devait se l’avouer : on n’avait plus vraiment besoin du Cahier®…

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En discutant avec des gens, je me suis rendu compte que nous étions loin, voire très loin d’être les seules à faire ça ! Apparemment, cette pratique est plutôt commune chez les adolescent•e•s – les lettres ne sont pas forcément échangées sur un cahier : pour certaines personnes ce sont de vraies lettres, avec des enveloppes et des timbres ; ou bien de longs mots sur un agenda, ou une collection de petits mots échangés discrètement en cours d’histoire-géo.

Et c’est drôle, parce qu’au lieu de me sentir peu spéciale, peu originale, je vois ça avec beaucoup de tendresse. Ce besoin qu’on a à l’adolescence de partager des relations fusionnelles, uniques, et puis de se créer un monde complètement à soi, c’est une étape tellement importante pour forger son identité !

Je suis sûre que si notre amitié est toujours aussi forte aujourd’hui que lorsque nous étions ado, c’est parce qu’elle s’est construite sur une base très personnelle, que nous avions choisie et imaginée nous-même.

Le Cahier® s’est arrêté petit à petit : tout naturellement, il était arrivé à son terme. Aujourd’hui, les cinq cahiers sont sagement rangés sur une étagère dans la chambre d’Alberte. On les ré-ouvre de temps en temps, pour rigoler devant nos préoccupations de filles de 13 ans. Si je devais faire des Horcruxes, je choisirais sans aucun doute un de ces cahiers, parce que je sais qu’ils font intimement partie de mon adolescence. Ils sont tout ce qui m’a aidée à me sentir un peu plus cool, un peu plus forte, un peu plus originale, quand j’étais ado – eh, ça ne serait pas la définition de l’amitié, ça ?

Est-ce que toi aussi, tu as partagé un « Cahier®» avec ton ou ta meilleur•e ami•e ? Viens en parler (et poster des photos !) dans les commentaires !


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

8
Avatar de Olimeli
1 août 2015 à 18h08
Olimeli
il y avait les petits mots dans l'agenda, le cahier de texte et sur des feuilles A4 de couleurs echangées pendant les cours
0
Voir les 8 commentaires

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