Une école sur cinq jours, mais autrement
Depuis plusieurs mois, 150 citoyens tirés au sort planchent sur une question qui concerne chaque parent : comment articuler au mieux les temps de l’enfant (école, loisirs, sommeil, famille) sans l’épuiser ? Leur proposition : rétablir une semaine de cinq jours d’école, du lundi au vendredi, mais repenser le contenu même des journées.
Les matinées resteraient consacrées aux apprentissages fondamentaux (lecture, écriture, mathématiques), tandis que les après-midis seraient dédiées à des activités dites « pratiques et culturelles » : sport, arts, nature, découverte des métiers, projets de groupe… Une manière d’ouvrir l’école à d’autres formes d’intelligence, souvent négligées dans un système encore très académique.
Pour les membres de la Convention, ce modèle permettrait d’éviter les journées interminables et de mieux répartir les apprentissages. « Il s’agit de donner à chaque enfant du temps pour apprendre autrement, mais aussi pour respirer », résume un participant.
Repenser le temps global de l’enfant
Au-delà de la seule organisation scolaire, la Convention s’est intéressée à l’ensemble du temps de l’enfant : le rythme de ses journées, ses loisirs, son sommeil. Les discussions ont mis en lumière un constat partagé : nos enfants sont surmenés.
Entre les trajets, les devoirs, les activités extra-scolaires et les écrans, le temps libre s’est réduit comme peau de chagrin. Selon les premières synthèses du CESE, beaucoup d’enfants dorment moins que les recommandations médicales, notamment à cause de journées trop longues. D’où la nécessité, selon les membres, de repenser les horaires : des débuts de cours plus tardifs, des pauses plus nombreuses, et surtout une meilleure coordination entre école, périscolaire et vie de famille.
Le but n’est pas seulement de « remplir » les temps de l’enfant, mais de leur redonner du sens. Les citoyens insistent sur l’importance d’un temps de repos réel, d’un accès équitable aux activités culturelles, et d’un accompagnement qui ne dépende pas des ressources des parents.
Des inégalités territoriales à combler
Car la question du temps de l’enfant, c’est aussi celle des inégalités. Entre les communes rurales et les grandes villes, entre les familles aux revenus modestes et celles plus aisées, les écarts sont flagrants.
Certaines municipalités disposent d’un tissu associatif dense et de moyens pour proposer des activités variées l’après-midi, quand d’autres peinent à financer le périscolaire. « Sans moyens humains et financiers, la réforme resterait une belle idée sur le papier », reconnaissent plusieurs participants.
C’est pourquoi la Convention plaide pour un pilotage national fort, accompagné de financements pérennes pour les collectivités. Le ministère de l’Éducation nationale serait invité à travailler main dans la main avec les acteurs locaux — associations, parents, éducateurs — pour adapter les emplois du temps selon les réalités de chaque territoire.
Un débat politique déjà lancé
Ces propositions, présentées au CESE le 20 octobre, devraient nourrir le débat public dans les prochains mois. Le gouvernement a promis d’en étudier la faisabilité, sans s’engager pour l’instant sur un calendrier.
Mais le sujet risque d’être explosif. On se souvient du tollé qu’avait provoqué la réforme des rythmes scolaires de 2013, rétablissant les cours le mercredi matin, avant d’être largement abandonnée. Entre les contraintes d’organisation, la fatigue des enseignants et les coûts supplémentaires pour les communes, la semaine de cinq jours n’avait pas fait que des heureux.
Cette fois, les porteurs du projet espèrent que la concertation citoyenne changera la donne. En incluant des parents, des enseignants et des professionnels de la petite enfance, ils veulent prouver qu’un autre rythme est possible.
Une école qui fait grandir autrement
Derrière cette réforme, c’est une philosophie éducative qui se dessine : celle d’une école moins centrée sur la performance et plus attentive au bien-être. Une école où les temps d’apprentissage ne s’opposent pas à ceux du jeu, de la créativité ou de la découverte.
« On ne veut pas une école qui accapare tout le temps de l’enfant, mais une école qui en prenne soin », résume une participante. Reste à savoir si cette vision trouvera écho du côté du ministère et des syndicats enseignants.
En attendant, la Convention citoyenne sur les temps de l’enfant continue de plancher : sa session finale est prévue pour la fin de l’année, avec une série de recommandations destinées au gouvernement.
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.




































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