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Lettre ouverte d’une timide au garçon que je n’osais pas regarder

En seconde, CharlieBluue a flashé sur un garçon. Ce béguin ambigu a grandi, et duré jusqu’à sa première année d’études supérieures.

– La photo d’illustration est tirée de la série Skins.

Un jour, au lycée, ma meilleure amie m’a fait comprendre qu’un garçon n’arrêtait pas de me lancer des regards. Intriguée, je lui ai demandé de me le montrer.

Et ce jour-là, mon cœur a sursauté. Tu descendais les escaliers, j’attendais derrière la porte. Il y avait foule, comme d’habitude, puis tu m’as tenu la porte pour me laisser passer. Et nos regards se sont croisés.

J’étais perplexe et toute retournée. Tu n’étais pas vraiment l’idéal dont je rêvais, mais j’étais chamboulée par tes yeux. Cette première année de seconde, je n’ai cessé de t’observer.

L’année de seconde : le silence

Des échanges de regard, il y en avait, même si mes yeux se détournaient à chaque fois que tu me m’observais. Je te voyais souvent faire le clown face à ton groupe d’amis, mais je voyais aussi une certaine sensibilité dans tes gestes, un certain manque de confiance.

Et ça me plaisait, parce que sortant d’un drame familial, j’avais besoin de quelqu’un qui me fasse rire aux éclats, qui me fasse oublier, ne serait-ce qu’un instant, les problèmes de la vie.

Durant cette première année, je n’ai jamais osé t’adresser la parole. J’avais trop peur que tu me repousses, peur d’être ridicule à tes yeux. Et j’étais totalement déboussolée lorsque tu étais à quelques mètres de moi. Pas un mot n’aurait pu sortir de ma bouche, j’étais paralysée par la timidité.

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L’année de première, la rencontre

Puis est venue l’année de première. Je me rappelle encore cette journée de rentrée, où je me suis approchée du tableau pour savoir avec qui je me retrouverais cette année. Mon cœur a sursauté quand j’ai vu ton nom dans la même liste que moi. J’étais paniquée, j’avais envie de pleurer.

Mes deux meilleures amies avaient choisi un cursus différent et ne seraient donc pas avec moi pendant toutes ces heures de cours auxquelles tu assisteras, elles ne pourraient pas me soutenir.

J’avais déjà du mal à te voir cinq minutes, et face à moi, ce papier me disait que j’allais te voir huit heures par jour, cinq jours sur sept, pendant un an. C’était trop.

Je connaissais deux garçons dans ma classe, avec lesquels j’ai décidé de me rendre au premier cours. Nous sommes arrivés en retard, car nous nous étions perdus. Je me suis retrouvée au tout premier rang, et tu étais derrière, un peu plus loin. J’ai réfréné comme je l’ai pu ma folle envie de me retourner pour t’observer.

Je traînais quotidiennement avec les deux amis que je m’étais faits. Et c’est un peu grâce à eux que j’ai eu quelques contacts avec toi. Tu étais avenant, drôle, et mes amis aussi. Et j’étais là, renfermée sur moi-même, toute timide et tremblante. Mes yeux te hurlaient « je t’aime » sans arrêt, donc j’évitais de te regarder. J’avais peur que tu découvres tout l’amour que je te portais.

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Je te voyais un peu paumé avec moi, parfois tu hésitais à t’asseoir à mes côtés. Alors un soir, sur Facebook, je me suis lancée. On a parlé un peu, je t’ai expliqué combien j’étais timide et combien cela pouvait être un handicap au quotidien. Tu m’as dit que tu avais été comme cela toi aussi, à trop te soucier du regard des autres, et qu’un jour tu avais décidé de changer tout ça. Je me sentais comprise.

Le chaud et le froid

Notre relation a ensuite changé, et elle était troublante. Tu pouvais ne pas m’adresser la parole pendant une semaine, puis un jour être plus proche et t’intéresser à moi. Ces moments de silence étaient douloureux, et je me disais que je n’avais aucune chance, il fallait que je tourne la page.

Mais tu revenais, ou je revenais. Je ne comprenais pas : tous ces regards en coin que tu m’avais adressés l’année d’avant, je les avais imaginés ?

Je souffrais trop, alors je me persuadais que je t’avais oublié. Mais tu revenais, en semant un peu d’ambiguïté entre nous deux. Comme la fois où tu as ramassé une fleur, tu me l’as tendue en disant :

« Ça vient du cœur… enfin de l’arbre. »

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Cette image est tirée du film American Beauty.

La terminale et ses changements

À la rentrée de terminale, j’étais persuadée qu’on ne se retrouverait pas dans la même classe, puisqu’on avait une option différente. J’allais enfin pouvoir passer à autre chose, pouvoir rêver en paix sans que tu viennes t’incruster. Peine perdue, la chance n’avait pas envie de se mettre de mon côté.

En ce début d’année, tu étais un peu paumé, tous tes amis étaient dans une classe différente. Alors tu as décidé de te rapprocher de moi, en te mettant à mes côtés en classe, en mangeant avec moi, rien que tous les deux.

Mais j’avais décidé de te rayer de ma vie, j’avais donc flashé sur quelqu’un d’autre. Ce n’était qu’une tentative désespérée pour t’oublier. Et puis tu ne m’aidais pas beaucoup, tu t’amusais encore plus à entretenir une atmosphère ambiguë entre nous deux.

Je ne te reconnaissais plus : tu étais devenu arrogant, hautain, et tu prenais un malin plaisir à m’empêcher de suivre les cours correctement. De plus, tu te vantais sans cesse car tu étais beau.

C’était vrai. En deux ans, tu étais devenu un garçon très regardé par les autres filles, et ça te flattait. Moi je t’observais depuis toujours, avant que tu deviennes ce don Juan. Tu me parlais de tes copines, et j’avais mal. Alors je te parlais du garçon dont j’étais soi-disant amoureuse, pour que tu ne devines pas à quel point cette situation me faisait souffrir.

Et puis tout a basculé. Tu étais de plus en plus moqueur, tu te donnais un air du mec sûr de lui, bien dans ses baskets, mais je voyais bien que tu faisais semblant, que tu cachais qui tu étais réellement, celui dont j’étais tombée amoureuse.

Les insultes… et l’après

Ton comportement avec moi a changé : tu as commencé à me faire des remarques sur ma façon de m’habiller, à être humiliant… Jusqu’au jour où, à la fin d’un cours, tu m’as dit de façon complètement gratuite et inattendue trois mots qui m’ont heurtée au plus profond de moi, trois mots qui résonnent encore dans ma tête : « pute, salope, connasse ».

Et tout ça, tu me l’as dit avec un grand sourire. Et tu l’as même répété.

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J’ai pleuré, les gens de ma classe m’ont demandé pourquoi mais tu as tout nié en bloc. J’étais anéantie, remplie de douleur et de colère. Alors je t’ai effacé de ma vie, de mon compte Facebook, de mon portable.

Mais tu étais toujours là, chaque heure, chaque jour, à me narguer avec ton sourire moqueur. À m’envoyer des petits bisous puis la seconde d’après, à me faire un doigt d’honneur — là encore juste pour ton plaisir.

Alors j’ai souhaité que tu rates ton bac. Et tu l’as raté.

En cette première année en études supérieures, je t’ai rayé de ma vie. Et si ton nom revenait, il serait accompagné de mots abominables.

Mais un jour, je me suis mise à te chercher des excuses. C’était peut-être un problème de confiance en soi, tu avais peut-être des problèmes, au fond tu étais quelqu’un de bien… Et j’ai compris que j’étais encore amoureuse de toi, malgré les blessures.

À lire aussi : L’oublier, je n’y arrive pas — Celui qui est toujours dans un coin de ma tête

Tourner la page

Alors j’ai pris la décision de coucher sur le papier tout ce que je ressentais, tout ce que tu m’avais fait subir. C’était une lettre d’amour, de haine, d’espoir. C’était une lettre pour guérir de toi, même si je n’en avais pas réellement envie. C’était un appel à l’amour.

Je t’ai envoyé cette lettre, la boule au ventre. J’avais peur d’attendre une réponse qui ne viendrait jamais. J’avais peur de recevoir encore des moqueries de ta part.

Deux jours plus tard, tu m’as contactée sur Facebook. Tu m’as dit que tu ne pensais pas m’avoir fait tant de mal (en même temps, peut-on faire du bien à quelqu’un en l’insultant ?) et tu t’es excusé. Ce n’était pas les plus belles excuses de toute la galaxie, mais ça m’a suffi. On a parlé un peu, et j’ai enfin compris que tu ne m’aimerais jamais.

J’ai été triste quelques minutes, mais ce sentiment a été vite remplacé par du soulagement. Je ne portais plus sur mon dos tout cet amour, toute cette haine, tout cet espoir. J’ai enfin tourné la page.

Je pouvais à nouveau respirer. Et à nouveau aimer.


Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.

Les Commentaires

3
Avatar de Manitoba
30 novembre 2017 à 23h11
Manitoba
LOL
J'ai 28 ans et ca m'est arrivé cette année. Comme quoi, ca arrive à tout âge...
Ma conclusion: en favorisant l'ambiguïté, cette personne confond fierté et lâcheté et c'est impossible d'avoir des relations saines avec elle dans ce cas.
Courage à toutes! Il y a plein de personnes bienveillantes dans ce monde
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Voir les 3 commentaires

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