Coucou toi ! Ici Léa Castor, graphiste et illustratrice chez madmoiZelle.
Corps à coeur Coeur à corps est back dans les bacs ce dimanche pour t’apporter une dose de douceur, tendresse, amour du love et même un massage du dos prodigué par des castors stylés (je rigole, je ne maltraite aucun castor, rassurez-vous).
Si tu n’as pas suivi, il s’agit d’une série de témoignages illustrés, mettant en avant des personnes qui ont décidé d’avoir un regard plus positif vis-à-vis de leurs complexes physiques.
Il ne s’agit pas de se sentir bien À TOUT PRIX (ça suffit les injonctions, oh !) ou de dire qu’il y a des complexes plus importants que d’autres, mais d’observer les chemins que prennent différentes personnes pour se sentir plus en paix avec elles-mêmes.
Tous les corps sont différents, ça te dit de les célébrer avec moi chaque semaine ?
Les illustrations sont faites par mes petites mains et à partir de photos envoyées en même temps que le texte. J’en reçois plusieurs et je choisis celle qui m’inspire le plus.
Donc, sans plus attendre, le témoignage de cette semaine.
Anne-Laure, 25 ans, parle de ses cuisses
Je déteste mon corps. Non, c’est même pire que ça : je le hais. Voilà c’est dit, je fais partie de ces gens qui se haïssent, qui ne peuvent plus se regarder dans le miroir. Littéralement.
Quand je suis nue face à un miroir, je détourne le regard. Je m’habille le plus vite possible, pour me voir le moins longtemps possible.
J’aime l’hiver parce que je peux porter des gros pulls bien amples qui cachent mon corps. J’en suis venue à souhaiter le voir disparaître parfois, à vouloir me faire du mal souvent.
D’abord c’était mon dos que je n’aimais pas avec cette acné corporelle qui ne voulait pas disparaître, puis ça s’est étendu au ventre qui prend de plus en plus de place avec ces bourrelets disgracieux et gênants.
Puis les cuisses, ces deux masses informes et flasques qu’il est dur de masquer en été sur la plage ou à la piscine.
Alors je ne vais plus à la plage ou à la piscine.
J’ai fait changer les choses quand j’ai pris la décision de me faire tatouer.
J’en avais déjà un mais j’avais eu le coup de cœur pour un flash. C’est-à-dire un dessin proposé par l’artiste, souvent unique.
Mais où le mettre pour qu’il soit facile à cacher ?
Il me restait les cuisses comme endroit accessible et que je puisse voir moi-même.
J’ai pris rendez-vous et je me suis fait encrer ce petit âne à la patte boiteuse et ce texte « fuck them all ». Après coup, j’ai regardé ma cuisse et je me suis dit qu’elle était bien plus jolie comme ça.
Je pouvais enfin la regarder sans me sentir au bord des larmes. C’était aussi une manière de me réapproprier ce corps étranger, ce corps qu’on m’a empêchée d’aimer.
Toute ma préadolescence et mon adolescence j’ai entendu tous les jours, chez moi ou au collège : t’es moche ! Vilaine ! Mocheté !
Ça laisse des traces, les mots ont un impact !
Surtout lorsque l’on se construit. Penser que l’on peut ignorer le regard des autres à 11, 12 ou 16 ans est illusoire.
Après l’âne j’ai fait faire un projet qui me tenait très à cœur, qui illustrait métaphoriquement mon enfance.
Celui-là est venu sur l’autre cuisse, en face de mon âne. Quelques mois plus tard c’est une grande centaure qui est venue sur ma cuisse gauche, celle de l’âne.
Et enfin dernièrement c’est un adorable ange-hamster qui orne le côté de ma cuisse droite.
Avant je haïssais mon corps tout entier. Maintenant j’aime mes cuisses !
Je veux les montrer au monde, je ne vois plus la graisse « bloblotante » même si elle est encore là. Maintenant je vois mes tatouages, ces petits morceaux de moi qui ornent mon corps.
Il m’appartient enfin ! Ce sont MES cuisses, elles ne sont pas fantastiques, ne sont pas fines et musclées comme dans les magazines.
Elles sont molles, elles ont des vergetures et des poils. Mais ce sont les miennes, mes cuisses décorées par mes idées, par mes coups de cœur aussi.
Je n’aime toujours pas le reste de mon corps, mais peut-être qu’un jour je l’accepterai aussi.
Peut-être qu’un jour je ferai encrer le reste de ma peau, je ne sais pas.
En attendant, tous les soirs j’admire mes cuisses et mes jolis dessins et je passe de la crème avec affection sur cette partie du corps.
J’ai demandé à Anne-Laure de me faire un retour sur cette expérience : témoigner et voir ses cuisses illustrées, ça fait quoi ? Voici ses réponses.
- Tu veux bien me décrire comment tu l’as ressenti ?
Ça m’a permis d’exprimer des choses que je n’osais pas me dire en fait.
Jusqu’à répondre à ton questionnaire je n’avais jamais utilisé le mot « détester » ou « haïr » alors que pourtant c’est quelque chose que je ressentais vraiment !
- Est ce que tu as senti une évolution de ton regard ?
Plus ou moins. Pas forcément avec le témoignage mais davantage en me faisant tatouer à nouveau.
Ça a été une vraie « thérapie » pour moi, j’en ai rajouté plusieurs et maintenant j’aime mes cuisses. Alors que c’était la partie que j’aimais le moins, maintenant j’ai plus qu’à passer au reste pour m’accepter.
- J’aimerais également savoir ton ressenti vis-à-vis de l’illustration, est ce que tu t’y reconnais ? Est ce que ça te fait voir ton corps autrement ?
Je la trouve très jolie, la couleur est douce et en même temps ça fait vivant.
Comme ça fait un moment que j’ai répondu à ton enquête il n’y a pas mes nouveaux tatouages et du coup les jambes de ton illustration me semblent très nues.
Mais ça me permet aussi de me souvenir qu’elles n’ont pas toujours été « décorées » et que j’ai parcouru un sacré chemin depuis, je trouve ça intéressant.
Comment participer à Corps à cœur Cœur à corps ?
Toi, oui, toi qui as lu avec attention. Toi qui as envie de dire à ton corps que tu veux enterrer la hache de guerre. Que même s’il y a des jours avec et des jours sans, ça serait déjà un premier pas de partager ton expérience.
Bienvenue dans Corps à cœur Cœur à corps !
Concrètement, si tu veux participer, qu’est ce que je te demande ?
Le témoignage sera en 2 parties : un texte et une illustration.
- Le texte, c’est toi qui l’écris : tu m’expliques ton rapport à ce(s) complexe(s), pourquoi tu as envie de changer de regard dessus, comment tu t’y prends…
- Pour l’illustration, j’ai besoin de 5 photos de cette partie de ton corps et/ou de ton corps en entier.
Tu peux les prendre seul·e ou avec un·e proche ; l’essentiel est que ça soit ton regard avant de devenir le mien. Ça peut être un exercice difficile, j’en ai conscience, donc je laisse le plus de liberté possible ! Mise en scène, spontanéité… c’est toi qui vois.
Je choisis la photo qui m’inspire le plus et j’en fais une illustration.
Envoie-moi ça à lea.castor[at]madmoizelle.com avec « Corps à cœur Cœur à corps » en objet du mail !
Pour témoigner sur Madmoizelle, écrivez-nous à :
[email protected]
On a hâte de vous lire !
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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