Trouver un sport, c’est difficile. On ne peut pas tous tout faire.
C’est d’abord une question de goût. Par exemple, la zumba et moi, ça fait deux. Et ensuite, c’est une question de santé, de potentiel physique. Qui n’a pas un truc de travers ?
Et alors chercher un sport à pratiquer avec une copine, c’est doubler les paramètres foireux…
C’est ainsi que je me suis retrouvée désemparée devant mon ordi à me renseigner sur les diverses associations sportives de Montpellier lors de l’été 2013. Surtout, pas de sports collectifs. Il fallait un sport où on ne court pas, qu’on peut pratiquer avec des poumons crevés, un genou en miette, un trouble de la concentration, des hanches pas droites…. Et surtout, pas cher.
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Alors que je commençais à envisager le tricot de compétition, j’ai croisé un logo représentant une chauve-souris. Et les chauves-souris, je les aime.
Vieeens voir maman…
C’était une association de spéléologie.
« Nous pratiquons régulièrement la spéléologie sous toutes ses formes, et de façon plus occasionnelle la descente de canyon, les via ferrata, la randonnée ou l’escalade. Les sorties ont lieu le week-end et/ou en semaine suivant les disponibilités des adhérents.
Vous trouverez au sein de notre association la structure, l’assurance, le matériel, la formation et les compagnons d’exploration nécessaires à la pratique de vos activités en toute sécurité.
N’hésitez pas à visiter notre site internet et à nous contacter pour de plus amples informations.
Week-end d’initiation à 15€. »
Donc un sport dangereux, physique, enfermés au fin fond de la Terre, dans le noir, dans le froid… Putain, j’achète !
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J’ai attrapé ma pote et on s’est lancées.
L’équipement et les précautions
Une sortie spéléo, ça commence par une randonnée pour accéder à la grotte. Mais le trou n’est pas forcément évident à localiser, et la rando peut vite s’éterniser. Sans compter qu’il faut porter énormément de matériel.
Si pour une grotte simple sans puits il faut juste des vêtements qui ne craignent pas la boue et un casque avec éclairage, cela se complique dès qu’il faut passer par un puits et remonter en rappel. Il vous faut alors tout ceci :
(Souperbe schéma de la Fédération Française de la Spéléologie )
D’autres personnes, plus expérimentées, s’occupent de porter des cordes et des échelles.
Il s’agit d’un sport dans lequel il faut être attentif, et bien respecter les consignes de sécurité. Pour la descente en rappel par exemple, il faut vraiment écouter tout ce que l’on nous dit et s’entraîner : ça peut être vraiment dangereux.
Une fois dans la grotte, il ne faut pas courir ! C’est le noir complet, le sol est absolument chaotique, et on a une vision très limitée. Il suffit de ne pas tourner la tête au bon moment et on peut louper un puits — une erreur un peu fâcheuse… Il ne faut d’ailleurs jamais faire une grotte seul-e. Il faut toujours y aller avec une personne qui a l’habitude de faire de la spéléologie, et informer quelqu’un de votre exploration.
En fait, il ne faut jamais oublier que c’est une activité très dangereuse. Les accidents arrivent vite, et si on se casse quelque chose, il faut ramper pendant des heures pour sortir. De plus, les grottes sont souvent dans des coins perdus où le téléphone ne passe pas. L’éclate, si si !
Premier jour : le baptême du feu
Après avoir pas mal marché, on a fini par trouver la petite, toute petite entrée par laquelle on devait passer. Il s’agissait d’un puits de trois mètres. Le temps que les pro installent l’échelle, il s’est mis à pleuvoir. Parce que comme ça, c’était plus rigolo.
Un quart d’heure et dix ans plus tard, on a enfin pu commencer. Alors, conseil pratique : une échelle de spéléo, ça se descend sur le côté. Moi, pauvre ignare que je suis, j’ai descendu l’échelle comme une échelle. Sauf que là, tu te retournes. Et se retourner à trois mètres du sol, c’est un peu nul.
Heureusement, j’avais prévu le treillis. Les grottes, c’est dégueulasse. De la boue, de la boue partout ! La boue elle rentre dans ta combi, dans tes oreilles… Elle attrape tes bottes et refuse de les lâcher.
Globalement, pour avancer, on se traîne à quatre pattes, on rampe, on grogne, on re-rampe. On t’apprend que quand tu es mince, tu peux prendre des passages encore plus étroits, donc c’est toi qu’on envoie en premier. Corollaire : si tu ne repères pas un trou, t’es la première à tomber dedans.
J’ai pris mon rôle d’exploratrice très au sérieux. On m’a désigné un tout petit passage riquiqui. Ma pote est plus petite et plus mince que moi, mais elle avait la trouille. Investie d’une mission divine, je me suis engouffrée dans ce passage tout étroit, j’ai réussi tant bien que mal (plutôt mal) à prendre un virage, et paf ! Ça descendait en toboggan. J’ai glissé de plus en plus vite et plouf ! Je me suis retrouvée à flotter dans un lac souterrain à 11°C. Au son des rires plus haut, ils savaient ce qui allait se passer.
Les salauds !
Plus tard, après être restée coincée entre un rocher boueux et les fesses tout aussi boueuses de ma pote, le tricot de compétition m’a semblé être une option plus qu’envisageable. J’ai alors entendu alors la voix de ma pote :
« Dis, pourquoi on est là déjà ? »
On est passées à côté d’un puits de 20 mètres de profondeur et ça n’a dérangé personne. Même pas le petit garçon de sept ans qui nous suivait. J’en ai conclu que mes années de warrior étaient donc bien derrière moi.
On a fait une séance photo dans une grande salle. Puis on est repartis. En repassant près du puits de 20 mètres qui ne dérangeait personne, un des hommes du groupe a décidé de le descendre. Comme ça. Sans corde.
Et ça non plus, ça n’a dérangé personne.
Le deuxième jour : toujours plus loin
Le lendemain, on a fait une deuxième sortie. C’était l’initiation sur corde.
Cette fois-ci, il fallait mettre un baudrier. L’entrée de la grotte était en fait un forage, fermé à clé par une plaque en fer. Alors que trois personnes équipaient le trou, on nous a montré la technique du descendeur (l’outillage qui permet de descendre sur une corde).
L’entrée n’était pas engageante. Plutôt hostile, même. C’était un forage de 15 mètres de profondeur pour un mètre de diamètre, sans qu’on puisse voir le fond.
Les cordes étaient fixées sur une vieille barre de fer rouillée. Lorsque mon tour est venu, j’ai tenté :
« Non mais on n’en a pas vraiment parlé mais je ne compte vraiment pas mourir aujourd’hui. Est-ce vraiment nécessaire de passer par là ? »
Le moniteur a menacé de me jeter directement dans le puits.
Pour info, le descendeur est fixé au baudrier, la corde est coincée dans le descendeur et ressort sur la droite. Il faut tenir la corde de la main droite pour contrôler la descente. Donc concrètement si on lâche la corde, on meurt. Rassurant.
On a visité de nombreuses salles magnifiques. On a re-rampé dans la boue. La grotte faisait un peu parcours du combattant. Il y avait plein de passage où on s’accrochait aux cordes, plein de petits puits, de passages au-dessus de rivières souterraines…
L’organisateur a remarqué un petit passage étroit. Il a tenté pendant cinq bonnes minutes de s’y glisser, mais sa cage thoracique était trop large. Il a envoyé ma pote. Elle est descendue lentement mais sûrement vers un endroit de plus en plus étroit (« Nononononononononon »), et elle est remontée : « Je passe pas là ! ».
L’organisateur m’a regardée : « Pas chiche ». Chiche. Je me suis faxée dans le passage, les pieds en avant, sur le dos. La paroi du dessus semblait appuyer sur ma poitrine. Aucun moyen de savoir ce qu’il y avait devant moi, car en plus il faut tourner la tête de côté si on veut que le casque passe.
Le « boyau » s’étendait sur 10 mètres. Bonus kiss cool : il était à moitié sous les eaux. Après quelques minutes à me tortiller comme un ver, la tête-de-côté-sinon-le-casque-il-passe-pas, les fesses et le dos dans l’eau, le boyau a débouché sur une petite salle. Personne ne comptait me rejoindre, alors je suis repartie.
J’ai utilisé mes neurones ultra-performants, et j’ai décidé de passer tête la première de-côté-sinon-le-casque-il-passe-pas et sur le ventre. C’est ainsi que j’ai manqué de peu de me noyer en tournant la tête du côté inondé. J’ai donc repris le boyau tout petit riquiqui, la tête-de-côté-sinon-le-casque-il-passe-pas avec de l’eau qui me rentrait dans le nez. Après cinq ou six minutes d’angoisse, j’ai vu la lumière du groupe. « Mais pourquoi t’es passée sur le ventre ??? », qu’ils m’ont lancé…
Après trois heures d’exploration, nous sommes remontés à la lumière du jour.
« Alors ça vous a plu ? Vous comptez vous inscrire ? »
Bah en même temps il y a une chauve-souris sur le logo, j’ai pas le choix.
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