On se lasse de tout. Même de ce qui nous délecte.
Et quand je dis « nous », je veux surtout dire moi. Regardez par exemple : avant, mon passe-temps préféré était de glander devant une série.
Maintenant que je suis payée pour le faire, je râle dès qu’il faut appuyer sur play. C’est systématique, quasi-mathématique. C’est même précisément ce que j’ai fait avec Sex Education 3.
Et puis finalement, 4 épisodes après avoir geint, pas moyen de lâcher l’écran des yeux. Parce que Sex Education saison 3, après une saison 2 décevante, a renoué avec l’excellence.
Voilà, vous connaissez déjà la réponse à la question posée par le titre. Mais vous pouvez néanmoins lire la suite de cet article, ne serait-ce que par politesse.
Dans Sex Education 3, l’archaïsme s’empare de Moordale
Sex Education se déroule toujours au lycée de Moordale, où Otis et consorts tentent de naviguer comme ils peuvent dans les eaux troubles de l’adolescence.
Entre amours déçues, questionnements sur leur genre, et soupe de langues, nos héros font leur petit bonhomme de chemin, pressés d’expérimenter la vie d’adulte.
Mais avant cela, leur éducation, sexuelle notamment, reste à parfaire.
Ainsi, l’école est censé les mettre sur la bonne voie, leur enseigner les rudiments de ce qui constitue un individu de bonne facture, prêt à se lancer dans l’indépendance avec les meilleures armes.
Seulement voilà, cette année, il y a une nouvelle proviseure à Moordale, et si elle joue aux meufs ultra-cool dans le premier épisode, ses méthodes vont vite se révéler archaïques.
Hope, puisque c’est ainsi qu’elle s’appelle, commence par demander aux élèves de cesser leurs « loufoqueries » vestimentaires. Plus de fringues de couleurs, plus de cheveux violets, plus de chapeaux. Et puis tant qu’à faire, elle impose les uniformes.
Autant dire qu’elle prive les élèves de leur unicité. Et elle ne s’arrête pas là. Persuadée que les adolescents ne devraient se concentrer que sur leurs études et que le sexe les en détourne, elle diffuse des vidéos à caractère mensongers, homophobes et qui prônent l’abstinence, dans son école.
Hope se révèle donc, et contre toute attente, dangereuse.
Ce qui révolte évidemment Maeve, Otis et leurs camarades. Et ça n’est rien comparé à Jean Milburn, positivement outragée quant à cette nouvelle « éducation sexuelle ».
Hope, le bourreau complexe qui impose de nouveaux enjeux au programme
Je vous passe les histoires d’amour d’Otis, qui sont peu ou prou toujours du même acabit et celle de Jean, dont je me suis lassée minute 1.
Ce qui est intéressant dans cette troisième saison, c’est la vague d’archaïsme qui déferle sur ce lycée, précédemment progressiste et libéral grâce à Jean.
Ainsi, Sex Education se risque cette année à faire du nouveau bourreau de l’école une femme qui se définit comme « féministe ». Elle n’est ni foncièrement mal-intentionnée (au contraire) ni faussement innocente. Hope est un personnage ambigu, dont le jeune âge tranche radicalement avec sa vision passéiste de l’éducation sexuelle.
Pour les questions qu’elle pose sur l’archaïsme potentiel bien qu’étonnant de personnes « déconstruites » Sex Education saison 3 brille et va plus loin, dans son analyse sociétale, que la plupart des programmes actuels.
Sex Education détourne les stéréotypes habituels
Sex Education a tous les personnages type de la banale romcom pour ados : une « pimbêche » sur-sappée qui impose un dress code au tout venant, une outsider, une grosse brute, une mère excentrique etc.
Oui mais voilà, ces personnages stéréotypés n’existent que pour être mieux détournés et approfondis. Ainsi, la pimbêche n’est pas la gosse de riche que l’on croit, la mère excentrique est une psy prodigieuse, la grosse brute a le plus grand des cœurs et apprend à assumer son homosexualité, etc.
Dans Sex Education, tout le monde a droit au paradoxe, et surtout, tout le monde à le droit à la merci. Celle des scénaristes à leur égard, celle de leurs camarades et la notre aussi.
Et puis excusez-moi, quel autre programme propose de belles scènes de sexe entre une femme valide et un hémiplégique ? À vu de nez, je dirais à peu près aucune. Et quelle autre série présente plusieurs personnages non-binaires, qui font autour d’eux de la pédagogie sur la culture queer ? Là encore je répondrais : peu.
Ainsi Sex Education a beau ne pas échapper à quelques stéréotypes, elle finit toujours par les transcender et taper juste là où l’on n’attend jamais personne.
Sex Education saison 3 : on ne se lasse pas des personnages
Comme à l’accoutumée, les jeunes acteurs du programme donnent beaucoup d’eux-même, dans Sex Education saison 3.
Et ça se voit.
Otis (Asa Butterfield), Maeve (Emma Mackey), Eric (Ncuti Gatwa), Jackson (Kedar Williams-Stirling), Adam (Connor Swindells), Aimee (Aimee Lou Wood) et les autres sont plus attachants que jamais, et évoluent tout en conservant les traits de personnalités qui nous ont fait tomber sous leur charme.
Difficile donc, de se lasser de Sex Education, quand un tel casting déploie son talent.
Impossible de comprendre pourquoi la France ne parvient pas, en terme de contenus pour ados, à être au niveau de ses voisins.
Et qu’on ne me parle pas de Plan cœur ou de Jeune et Golri, qui ont certes quelques qualités, mais qui n’égalent en rien notre programme chouchou, ni sur le plan scénaristique ni sur le plan esthétique.
Vous l’aurez compris, la saison 3 de Sex Education, disponible dès à présent sur Netflix, est parfaitement à la hauteur de son concept (et de mes attentes). Comme quoi, il n’y avait vraiment pas matière à râler !
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