SéduQ, c’est un jeu de cartes collaboratif, inclusif et ludique qui s’adresse aux ados et aux professionnels. C’est un merveilleux outil pour parler de sexe, consentement, relation amoureuse, genre… Et plein d’autres sujets !
Pour l’instant, ce n’est qu’un prototype, et pour qu’il voit le jour, ses super créatrices ont besoin de ton aide !
Tu peux suivre SéduQ sur son site Internet, ou son compte Instagram, Twitter, ou Facebook, et surtout, donner quelques euros à la cagnotte Ulule !
Et pour plus d’informations sur le jeu, je te laisse lire l’article !
Alixe et Zoé Moujeard sont sœurs, et elle ont créé un jeu collaboratif avec l’aide d’adolescents pour répondre à leurs questions de santé sexuelle, et lutter contre les violences sexuelles !
J’ai eu la chance de tester le prototype du jeu et de rencontrer Alixe, qui m’a raconté d’où est née cette idée, et pourquoi il est essentiel de trouver de nouveaux outils pour parler de santé sexuelle aux jeunes.
Les lacunes de l’éducation sexuelle en France
Alixe a 25 ans, elle est éducatrice spécialisée de formation, et elle est actuellement en deuxième année de Master en genre, politique et sexualité à l’EHESS.
Elle écrit un mémoire de recherche sur les auteurs de violences sexuelles et leur prise en charge, et pour cause, elle a beaucoup travaillé avec des adolescents atteints de troubles du comportement et retirés des milieux scolaires ordinaires, et souvent auteurs et/ou victimes de violences sexuelles.
Pendant ses expériences professionnelles avec ces jeunes retirés du parcours scolaire ordinaire et placé dans des structures, elle s’est posée la question : comment parler de santé et de violences sexuelles à ces jeunes directement touchés par ces thématiques ?
Et plus largement, comment faire de l’éducation sexuelle complète et sans injonction auprès de tous les jeunes ?
Après avoir elle-même créé des groupes de paroles, testé des méthodes, lu plein de bouquins et cherché des outils adaptés, elle s’est résigné : rien ne convenait, il fallait créer un nouvel outil.
« Souvent quand il y a des interventions, c’est toujours le même schéma : une personne adulte, en position d’autorité en face du groupe de jeunes, qui vient leur expliquer la vie.
Ça ne me plait pas du tout, je trouve que ça ne fonctionne pas, et que dans cette dynamique il y a plein d’injonctions qui passent. C’est en montant des groupes moi-même, et en discutant avec des adolescents et adolescentes qu’est né le concept du jeu.
Un jeu de carte collaboratif, où tous les ados joueraient ensemble avec un objectif commun : commencer et/ou construire une relation amoureuse, avoir une relation intime et en retirer le plus de plaisir, le tout de façon saine, consentie et protégée.
Comme il était pour moi absurde de construire un outil pour les adolescents sans les consulter, je me suis alliée à ma petite sœur, et on a commencé à regrouper son réseau pour faire des groupes avec des jeunes et faire émerger leurs questionnements et leurs attentes.
Ce qui est ressorti c’est que pour beaucoup ils n’avaient jamais eu d’éducation sexuelle, ou seulement lors d’interventions sur les MST et la contraception dans le cadre scolaire, cadre dans lequel ils ne se sentaient pas en confiance.
Un jour en parlant avec une jeune femme de 17 ans et demi, elle m’a dit que son copain l’obligeait à s’épiler. En discutant avec moi ça a été une révélation pour elle qu’il n’avait pas le droit de faire ça.
Le souci c’est que dans l’éducation sexuelle comme elle est dispensée aujourd’hui, très théorique avec des thématiques très ciblées (contraception, MST…), les ados ne peuvent pas avoir de réponses aux questions pratiques qu’ils se posent dans leur quotidien, puisqu’ils n’ont pas l’occasion ni l’espace de les poser. »
C’est donc avec des ados qu’Alixe et Zoé ont construit les différents phases du jeu SéduQ, en leur donnant des questionnaires et en se mettant à jour sur les codes de drague et de relations amoureuses au collège et au lycée.
Puis quand le premier prototype a été créé, elles l’ont fait tester à plusieurs groupes de jeunes, pour remonter leurs questions, et adapter le jeu au fur et à mesure de la pratique.
Pour Zoé, qui a tout juste 18 ans et qui est donc directement concernée par toutes ces problématiques, l’éducation sexuelle comme elle est dispensée dans les établissements scolaires étant loin d’être suffisante :
« J’ai beaucoup de fois été confrontée à des situations où je me suis rendu compte d’un vrai manque d’informations au niveau de la santé sexuelle pour nous les jeunes, tout au long de ma scolarité.
Lorsque j’étais au collège, j’ai eu l’occasion d’avoir des interventions en santé sexuelle, à chaque fois inutiles ou en tout cas qui ne nous atteignaient absolument pas.
En cours de SVT avec ma classe, le professeur nous parlait essentiellement anatomie pure et surtout des menstruations ou des MST (donc aucune notion de plaisir, de consentement, ou même de rapport avec la pratique en tant que telle).
Des intervenants sont venus nous parler de sexualité, mais nous étions en groupes non-mixtes et on nous a parlé uniquement pour les filles, de l’anatomie masculine, et pour les garçons de l’anatomie féminine.
Avec mes amis et amies j’ai eu de nombreuses discussions autour de la sexualité, et beaucoup étaient perdues, que ce soit en terme de contraception ou de pratique sexuelle.
Le rapport à la sexualité est quelque chose de tabou encore aujourd’hui, même entre jeunes on n’en parle que très rarement voire quasiment jamais avec une personne qui n’est pas du même genre que nous, et on n’ose pas questionner ou dire qu’on ne sait pas, donc l’information passe difficilement.
Évidemment certaines personnes de notre âge essayent d’aider les autres par exemple en conseillant d’aller au planning familial ou de faire des tests de dépistages, mais ce n’est pas la majorité.
La majorité des jeunes que je côtoie passent à côté d’informations importantes et restent dans leurs idées reçues, ce qui pose problème par la suite dans leur rapport à la sexualité. »
SéduQ, le jeu de carte collaboratif pour (bien) pécho
Quand elle est venue à la rédac, Alixe a donc ramené le dernier prototype du jeu, aux cartes joliment illustrées par Goupil, alias Damien Halm.
Je te l’avoue, il va m’être très compliqué de te détailler par écris à quel point le jeu est intelligent et à quel point Alixe, Zoé et Damien ont pensé à tout : j’ai été vraiment surprise de voir à quel point le jeu était complet et inclusif.
Le pitch de départ et les règles sont simples :
« C’est la fin des cours ! Tu rejoins tes amis et amies à la sortie. Parmi eux, il y a celui ou celle dont tu rêves depuis des jours… C’est le moment de tenter ta chance ! Comment vas tu l’aborder pour lui plaire ? Lance toi !
Draguer, conclure, faire l’amour, chercher le plaisir : un vrai défi ! SéduQ en a fait un jeu.
Seul, seule, ou en groupe, choisis un personnage et pars à la conquête de l’élu de ton coeur, ou de ton corps ! Attention ! Une relation est délicate à construire, une phrase ou un geste de travers et tes chances s’envolent ! (Est-ce que tu t’es bien brossé les dents avant de l’embrasser ?).
En une pierre deux coups, tu passes une heure à te marrer entre potes, et tu t’entraines ! Et oui, SéduQ répond à toutes tes questions (même les plus Wooh). »
Le jeu s’articule en plusieurs phases : de la drague de l’être aimé au moment plus intime de la relation sexuelle.
Pour chaque phase, le groupe va devoir faire des choix d’approche, des choix de dialogue, des choix d’actes intimes ou sexuels, et chacun de ces choix va faire naître des discussions et des questionnements passionnants.
Le groupe de jeunes choisi au préalable un personnage qu’il incarne parmi les 5 proposés, et un personnage avec qui il veut avoir une relation intime, et dès ce tout premier choix, des discussions peuvent naître autour de l’orientation sexuelle ou de la transidentité (puisqu’il y a une personne trans dans les personnages).
Les cartes sont numérotées, chaque choix fait avancer le jeu vers de nouvelles cartes, et lorsque les règles de consentement sont outrepassées : le jeu s’arrête, les ados ont perdu.
Aide le jeu SéduQ à voir le jour !
SéduQ est un super outil, ludique et malin, qui permet une approche de la sexualité pratique, sans jugement, et dans le dialogue, pour que les ados réfléchissent aux thématiques du sexe et du consentement et se posent eux-mêmes les bonnes questions.
Il a été créé pour les jeunes, mais aussi pour les professionnels (psychologues, éducateurs, enseignants…) comme un outil pour une éducation sexuelle plus inclusive, plus efficace et plus complète.
Je suis vraiment tombée sous le charme de ce jeu, j’aurais adoré l’avoir en main quand j’étais plus jeune, et pour qu’il voit le jour, Alixe et Zoé ont besoin de ton aide !
Si le projet t’intéresse, tu peux aller faire un tour sur le site Internet de SéduQ, ou suivre son compte Instagram, Twitter, ou Facebook. Et tu peux surtout aller sur la cagnotte Ulule pour précommander le jeu ou donner quelques euros pour mettre ta pierre à l’édifice.
Il ne reste plus que 15 jours avant la fermeture de la cagnotte, je compte sur toi (j’ai personnellement déjà mis ma pièce). J’espère de tout mon cœur que le projet verra le jour !
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