Avez-vous tendance à avoir des secrets ? Est-ce quelque chose de difficile pour vous ?
En mai dernier, Anouk évoquait les résultats d’une recherche à grande échelle sur nos petits et gros secrets – et leur impact sur notre bien-être.
Via 10 études, trois scientifiques avaient interrogé 1200 volontaires en ligne et 312 personnes en plein pique-nique à Central Park. Je vous propose un focus plus profond sur cette fascinante étude !
Ces secrets que tout le monde tait
Dans un premier temps, les chercheur•es ont proposé à certain•es participant•es de répondre à quelques questions en ligne sur leurs secrets et les objets de ceux-ci.
Pour vérifier la solidité de leurs observations, les trois spécialistes ont décidé de proposer une démarche similaire à des personnes « IRL », en plein Central Park : les résultats rejoignent les précédentes observations.
Nous serions tou•tes des cachottier•es !
Les résultats de la recherche, publiés dans le sérieux Journal of Personality and Social Psychology, suggèrent que chacun-e d’entre nous garderait 13 secrets en moyenne – et 5 d’entre eux n’auraient jamais été révélés à quiconque.
Le mieux ? Nos secrets se ressembleraient !
Les pensées extra-conjugales arrivent en tête du classement des secrets, suivies par des désirs romantiques (lorsque l’on est célibataire), les comportements sexuels (la consommation de pornographie, les fantasmes…) et les mensonges.
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Comment nos secrets nous affectent-ils ?
Pour Michael Slepian et ses acolytes, ces informations enrichissent déjà la recherche scientifique sur la question du secret. Mais l’équipe a décidé de poser plus de questions !
À long terme, les secrets nous affectent-ils ? Comment ? À quel point ?
La plupart des recherches précédentes ont analysé nos comportements lors d’interactions où les participant•es devaient cacher activement un secret. La démarche de Michael Slepian est un peu différente, se recentre sur un individu unique.
Ce qui nous affecterait, ce serait la fréquence à laquelle nous pensons à ces secrets. Nos esprits vagabonderaient souvent de leurs côtés… ce qui affecterait négativement notre bien-être .
Imaginons que vous venez d’avoir une mauvaise note, et que vous n’avez pas vraiment envie de le révéler à vos parents. Vous mettrez environ 5 minutes à cacher cette note « activement » à vos parents… et beaucoup plus de temps, ensuite, à y penser !
C’est ce temps-là, passé à ruminer, qui foutrait un taquet à notre bien-être.
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Dans un article du Scientific American, Michael Slepian explique que, souvent, on pointe la responsabilité de l’aspect « négatif » des secrets dans la diminution du bien-être (penser à des choses négatives ne serait pas plaisant).
Mais on a un nouveau facteur à prendre en compte : le fait de garder un secret, même s’il n’est pas négatif, nous fait nous sentir malhonnêtes, fermé•es aux autres… Ce ne sont pas des émotions positives.
Les secrets, ces fardeaux lourds à porter
Michael Slepian n’en était pas à son coup d’essai : avec E.J. Masicampo et Nalini Ambady, le chercheur avait déjà réalisé une recherche sur le « poids » des secrets.
Des universitaires demandaient à des volontaires de prendre quelques instants pour penser à un secret personnel (à d’autres, intégrant le « groupe contrôle », on ne mentionnait pas l’idée de secret).
Dans un second temps, les participant•es devaient évaluer la raideur d’une colline, la distance entre deux points.
Pour Michael Slepian, lorsque nous sommes « chargé•es » d’un fardeau (physique ou émotionnel), nos perceptions pourraient devenir biaisées. C’est bien ce que suggèrent les résultats de cette expérience…
Les volontaires qui avaient pensé à leurs secrets jugent les collines plus raides et les distances plus longues, comme s’ils étaient physiquement chargé d’un poids supplémentaire !
L’hypothèse de Michael Slepian, c’est que nos secrets agiraient comme des « fardeaux émotionnels ». Est-ce que révéler nos secrets permettrait de faire disparaître ce fardeau ?
Michael Slepian, drôlement résolu à creuser cette histoire de secret, enquête.
Dans un second temps de leur recherche, les scientifiques s’aperçoivent que, lorsque les volontaires ont révélés leurs secrets, l’effet « fardeau émotionnel » disparaît – les distances ne paraissent plus si longues, les collines plus si raides…
Comme si un poids réel avait été ôté !
Les secrets, vecteurs de mal-être émotionnel
Les secrets pourraient donc être des fardeaux et affecter notre bien-être ? Cette idée rejoint les résultats d’expériences antérieures.
Tom Frijns, Catrin Finkenauer, Ad A. Vermulst et Rutger C.M.E. Engels, par exemple, ont interrogé plus de 1000 adolescent•es à propos de leurs secrets (des choses cachées à leurs parents) et ont analysé l’impact des secrets sur le bien-être psychosocial et les potentiels troubles comportementaux.
Selon leurs observations, les secrets pourraient être des « facteurs de risque » pour certains problèmes comportementaux et un moindre bien-être (sentiment de dépression, solitude…).
Selon Tom Frijns, les efforts cognitifs que nous déployons pour cacher nos secrets pourraient nous « épuiser » et déclencher du stress !
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Faut-il avouer nos secrets ?
Certain•es scientifiques nuancent les bénéfices des aveux : si, pour certain•es, révéler un secret peut s’avérer positif et bon pour le moral, ce ne serait pas le cas pour tou•tes.
Dans certains cas, les secrets peuvent avoir une fonction : permettre de créer ou conserver une certaine image (on ne va pas se mentir, tout n’est pas bon à dire à votre boss, par exemple, ou à votre grand-mère), nous protéger…
Rassurons-nous : les scientifiques ne recommandent pas de déballer tous nos secrets, fantasmes et désirs de tromperies à chaque repas, mais proposent de travailler sur nos pensées pour mitiger l’effet négatif des secrets.
En parvenant à moins ruminer, en passant moins de temps à penser à ces secrets, nous pourrions prendre soin de notre bien-être.
Pour cela, Michael Slepian conseille de tenter la méditation « pleine conscience » (pour accueillir nos pensées et les laisser passer) ou d’évoquer nos secrets sur des forums anonymes… Comme celui de madmoiZelle, tiens !
Pour aller plus loin…
- Un article de Discover Magazine
- Un article de Salon
- L’expérience de Tom Frijns et Catrin Finkenauer
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