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Revue Musique – « Timber Timbre »

Timber Timbre, c’est Taylor Kirk, un Canadien de 28 ans qui a déjà sorti deux albums, mais qui ne circulaient que dans les alentours de Toronto, sous le manteau. C’est avec ce troisième disque que Timber Timbre sort de l’ombre, s’étant pour la première fois entouré d’autres musiciens, pour un album nominé pour le Polaris Prize (équivalent du Prix Constantin en France) et gratifié de plusieurs critiques enthousiastes. Ce disque est mon dernier “5 étoiles” de 2009, mon dernier gros coup de coeur de l’année !

J’ai trouvé quelqu’un qui a des sentiments complètement opposés aux miens concernant ce disque. Et ça tombe bien, il écrit chez PopMatters. C’est simple, je ressens exactement l’inverse. Il parle de musique cinématique, ce mot ne m’est pas du tout venu à l’esprit. Il ne s’est attaché émotionnellement à aucune des chansons du disque, je me suis attachée à pratiquement toutes. Je suis d’accord avec lui sur un point, musicalement, les morceaux se ressemblent tous un petit peu, il n’y a pas de gigantesques différences d’arrangements, l’ambiance est toujours quelque peu macabre et Taylor Kirk ne tente pas grand-chose avec sa voix (je ne pense cependant pas qu’il soit limitée avec elle, on verra sur ses prochains disques)

Certes et re-certes. Mais s’il fallait une technique vocale quasi-parfaite pour faire un grand disque, ça se saurait (là je pense à Norah Jones, dont le dernier disque est sans relief et d’un ennui absolu). Vous avez là affaire à du folk bluesy très sombre, entre Robert Johnson et les Fleet Foxes, avec une imagerie très sombre, des textes qui ressemblent à ces histoires qu’on se raconte le soir d’Halloween (enfin j’dis “on”, mais je n’ai vu ça que dans les séries américaines) (dernièrement dans la saison 4 de Dexter, d’ailleurs) (nom de dieu, la fin de la saison 4 de Dexter !!) (bref). Les arrangements sont assez simples, Kirk s’accompagnant toujours à la guitare.

Ce qui m’a frappé quand une amie me l’a fait découvrir, c’est cette voix, incroyable. Très profonde et ombrageuse, pas trop usée, presque éthérée, sans toutefois que je puisse deviner si le chanteur est Noir ou Blanc. C’est souvent le cas quand quelqu’un chante du blues, c’est tout de suite l’image d’un vieux monsieur afro-américain très digne avec sa vieille guitare qui apparaît dans ma tête. Mais non, c’est un petit blanc-bec timide de 28 ans vivant dans le Grand Nord canadien, qui a pendant longtemps joué seulement pour lui, dans sa chambre, avant de se décider à s’ouvrir au monde, pas à pas. Il dit souvent dans ses interviews qu’il a encore un peu peur de jouer devant un public. Collaborer avec un ingénieur du son et d’autres musiciens (pour les cordes, percussions et choeurs féminins) n’a pas été une étape facile à franchir pour lui.

Ses deux précédents albums, très courts, étaient beaucoup plus lo-fi et beaucoup moins bluesy que celui-ci. Certaines chansons ont mis beaucoup, beaucoup de temps à faire leur chemin en moi, si j’ose dire. “Lay Down in the Tall Grass”, par exemple, je n’arrivais tout simplement pas à l’écouter jusqu’au bout. La petite mélodie pianotée me rendait dingue. C’est toujours un peu le cas, mais j’ai réussi à m’approprier le morceau, à me créer ma propre petite histoire, avec un personnage titubant au ralenti dans une rue mal éclairée, hébété et désespéré. Le type de PopMatters disait qu’aucune ligne des textes de Taylor Kirk ne lui était resté en tête. Personnellement je connais par coeur le refrain de chaque morceau. Je fredonnais “Demon Host” et “Until the Night is Over” après la première écoute. Taylor Kirk écrit diablement bien. Chaque mot est pesé et chanté de la manière la plus juste qui soit, sans en faire des tonnes.

“Troubles Comes Knocking” est un blues d’Halloween. Les arrangements de cordes y sont pour beaucoup, ils vous glacent le sang que la voix de Taylor Kirk a du mal à réchauffer. Et petit à petit le morceau vous glisse sous la peau, l’envie de connaître la fin de l’histoire domine, “and then things got real bad, all people got scared”. Ce morceau est d’une classe incroyable. “Demon Host” m’a séduite en 10 secondes. Il m’en faut peu me direz-vous, quelques “ow woho ow”, un accord de guitare et c’est plié. Mais c’est le texte, qui me parle, tout simplement. Il en faudra peu, à vous aussi, pour que vous adoriez ou détestiez cet album.

Sur “Magic Arrow”, je me retrouve dans un décor de vieux western, qui se transforme très vite en thriller flippant et lunaire. “We’ll Find Out” est plus lumineux, et aussi le morceau qui me plaît le moins, sur lequel Taylor Kirk revient à une sorte de country-folk qui ne suit pas très bien avec sa voix. “I Get Low” replonge dans la noirceur, un morceau étrangement dansant, une danse macabre. “No Bold Villain” achève de me convaincre de la splendeur de la voix de crooner de Taylor Kirk, et finit de me convaincre que le mec de PopMatters est à plaindre pour ne pas avoir su apprécier ce disque à sa juste valeur.

Moins lo-fi que les deux précédents, cet album ne perd pas le caractère brut de la musique de Timber Timbre. La production est splendide, mettant en avant la voix splendide de Taylor Kirk. Tout en douceur, tout en simplicité, cet album possède une aura étrange, une ambiance sinistre mais pas déprimante. J’y reviens constamment depuis que je l’ai découvert en août dernier et il a pris une ampleur folle cet automne, le ciel gris et les feuilles mortes cadrant un peu mieux pour l’écoute d’un tel album que la chaleur moite d’une fin de mois d’août.

Grand disque. Le prochain projet de Timber Timbre devrait être plus rock’n’roll, dans la veine de Bo Diddley ou Chuck Berry, ce qui serait un sacré changement. En tout cas je serai à l’écoute !

— Pour écouter Timber Timbre sur Spotify, rendez-vous ici
— Retrouve Melle Eddie sur son blog www.lechoix.fr


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Les Commentaires

1
Avatar de AnonymousUser
29 décembre 2009 à 19h12
AnonymousUser
ça me plait bien ! Mais étant une quiche en Anglais, je ne peux pas profiter pleinement des chansons... De plus, les paroles sont introuvables !
0
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