Passer mon lundi matin à lire un témoignage de victime de viol en sirotant mon café, à première vue ça paraît déprimant, et pourtant c’était bouleversant.
Et pas forcément en négatif.
Le témoignage d’une victime de viol sur Slate
Slate France a publié ce 25 mai 2020 le long témoignage, en 5 parties, d’une femme ayant été victime de viol.
C’est le 30 mars 2018 que l’autrice de ce récit, une Française trentenaire expatriée à Sydney, a été violée. Je te résume les faits : elle a rencontré Luis, un jeune homme, en boîte, et l’a suivi chez lui, où elle a eu une relation sexuelle consentie.
C’est dans la nuit que le crime a été commis. La femme se réveille, comprend qu’elle est à nouveau pénétrée. Étrange, l’homme ne la regarde pas, n’a pas un corps qui ressemble à celui de Luis. Elle se rend compte que ce n’est pas Luis.
Un inconnu est en train de la violer pendant son sommeil.
Elle se dégage, tombe sur Luis et 2 autres hommes en caleçon, les engueule, se rhabille et se tire de l’appartement en les prévenant qu’elle va prévenir la police, porter plainte pour viol. Luis fait mine de ne pas comprendre et prétend que c’est bien lui qui la pénétrait à son réveil. (Ce qui, déjà, est un viol puisqu’on ne peut pas consentir lorsqu’on dort…)
C’est indiqué dès le début, donc je te révèle l’issue de cette affaire : le procès a eu lieu et le coupable, donc l’homme qui a violé la plaignante, a été condamné à de la prison ferme en Australie.
Ce témoignage d’une victime de viol me bouleverse
Je voudrais te parler un peu de mon ressenti à la lecture de ce témoignage.
Premièrement : c’est extrêmement bien écrit
. La plume de l’autrice est prenante, vraie, sincère. J’ai dévoré les 5 épisodes sans voir le temps passer, happée par ma lecture.
Deuxièmement : ce témoignage ressemble à peu de choses que j’ai lues, c’est bien pour ça qu’il me passionne.
De par mon métier, des histoires de viol, j’en lis beaucoup. Il ne passe pas une semaine sans que madmoiZelle ne reçoive le témoignage d’une femme ayant été victime de violences sexuelles — au point qu’il est impossible de publier tous les récits.
D’habitude, j’évite donc de lire des histoires de ce genre sur d’autres médias, afin de préserver ma santé mentale. Mais je ne regrette pas d’avoir cliqué sur celui-ci.
Comme la femme qui témoigne sur Slate, je me sens bien mieux armée contre le viol que je ne l’étais il y a quelques années.
Je sais ce que veut dire consentir, je connais l’existence de la « zone grise » du consentement, je sais que l’écrasante majorité des violeurs sont « des hommes normaux » et non des inconnus dans des ruelles sombres.
Je sais qu’un policier n’a pas le droit de refuser ma plainte si je suis violée et que je m’adresse aux forces de l’ordre, je sais qu’il vaut mieux ne pas se doucher ni se changer afin de permettre des examens médico-légaux, je sais qu’il faut que j’aille au commissariat avant d’aller à l’hôpital.
Je sais qu’un viol n’est jamais de la faute de la victime, peu importe sa tenue, son comportement, son degré d’alcoolémie.
Tout cela, l’autrice du témoignage le savait aussi, mais bien entendu ça n’a pas empêché le viol d’avoir des conséquences sur sa vie, son état psychique et physique.
Elle livre un récit plein de leçons : une ode à la sororité quand elle parle des amies qui la soutiennent, une férocité féministe dans son obstination à faire condamner son violeur, une histoire de vulnérabilité lorsqu’elle évoque ses séances de psychothérapie, une réflexion sur le fonctionnement de la justice qui varie selon les pays et le respect auquel elle a eu droit de la part des forces de l’ordre.
Bref, je ne peux que te conseiller de lire son long témoignage, qui j’en suis sûre te bouleversera comme il m’a bouleversée. On en discute dans les commentaires ?
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