Le 15 mars au soir, je célébrais en compagnie d’une amie l’ouverture du premier flagship Brownie. Une marque espagnole (que je ne connaissais pas) destinée aux 13-22 ans d’après le dossier de presse, inspirée par la Méditerranée, et déjà distribuée au Printemps et dans de nombreuses villes françaises.
Pour fêter un tel lancement, la marque, super visuelle (c’est-à-dire très instagrammable) nous a gentiment offert une carte cadeau pour découvrir un peu plus ses créations. Joie ! Je vais pas mentir, j’adore le shopping, et cela faisait longtemps que je n’avais pas eu l’occasion de m’acheter des sapes neuves, puisque je suis devenue addict à Vinted depuis le confinement.
« Dis, tu as vu du L chez Brownie ? »
Brownie, c’est de belles matières, un joli travail (notamment au niveau de la maille), des prix un peu élevés certes mais des tissus de qualité (certains venant de filières bio ou recyclées), et une gamme de couleurs douces — qui n’est pas ma came, mais ce sont des choses qui arrivent : ce n’est de la faute de personne si je suis fâchée avec le beige.
Je regarde les pantalons, les vestes aux motifs pops, grosses fleurs et typographie vintage, et je me tourne vers mon amie, ancienne journaliste mode, pour partager avec elle un premier constat :
« Dis, tu as vu du L, toi ? »
Elle fait défiler les chemises en coton immaculées installées juste devant elle. Rien. Pareil dans la suite des hauts aux découpes asymétriques. Que dalle — bien que, pour être complètement honnête, de nombreux hauts sont élastiques.
On a du S-M, du XS, du S. Pas de trace de L.
Et les matières ont beau avoir l’air souples, elles ne peuvent pas faire de miracles sur mon corps version 46, quand je me retrouve avec le bas du t-shirt au niveau des aisselles et que mes seins ont l’air de subir une tentative d’asphyxie par étouffement !
J’observe toute la collection : le L manque clairement à l’alphabet Brownie. Bonne pâte, je me dis que le magasin a dû se faire dévaliser — après tout, un tiers des Françaises fait du 40-42, et on le sait, pour de nombreuses marques, ce sont les équivalents du prétendu « large ».
Mon amie, elle, a une autre théorie : elle pense que pour l’inauguration, Brownie a planqué les grandes tailles. Je la regarde, interloquée. Elle me dit que « ça peut arriver ». Je ne cherche pas la logique mais franchement, je commence à sentir la moutarde me monter au nez.
Ça veut dire quoi « planquer les grandes tailles » ? C’est pour que les meufs, qui subissent déjà l’humiliation de pas trouver ce qui pourrait leur aller en boutique, soient obligées de demander aux vendeuses d’aller chercher en réserve des modèles convenables ?
Comme j’ai un tempérament optimiste, je suis rentrée et me suis promenée sur leur site. Même constat. Il n’y a que deux pantalons (deux !) dispos en L.
Je ne comprends pas. Je revis mes 13 ans dans les magasins préférés de mes copines qui s’arrêtaient au 40. Gros sentiment de flemme, j’ai envie de partir.
« Pour les hauts, on s’arrête au M »
Ma pote — qui fait, elle une taille considérée comme « normale » par les grandes marques — a encore de l’énergie, et me dit :
« Tu sais quoi ? On demande. »
Perso, je boude déjà à moitié, mais je me laisse porter par son optimisme. OK, certaines sapes sont cool, ça serait bien que je puisse en essayer une, juste pour savoir… On arrive à parler à une vendeuse, charmante au demeurant (gros respect pour les vendeuses, c’est un métier difficile et elles ne sont évidemment pas responsables des décisions des groupes pour lesquelles elles travaillent), qui nous répond :
« Pour les bas, nous faisons un L, un équivalent au 42, mais en effet pour les hauts, on s’arrête au M. »
Pardon ?
Qu’est-ce que je viens d’entendre ?
En 2022, nous avons donc encore des marques qui se lancent sur de nouveaux territoires sans proposer à certaines clientes des vêtements à leur taille ? Est-ce que j’ai traversé une porte qui m’a projetée en 1997, quand on considérait que le 42 était pour les grosses ? C’est une insulte, le L, maintenant ?
Une autre vendeuse tente de nous rassurer : la marque « taille grand », paraît-il. Écoutez, le t-shirt à col roulé que j’ai essayé m’a dit le contraire — je ressemblais à une banane coincée dans un préservatif.
La grossophobie dans la mode, c’est tellement XXè siècle
Qu’on me balance qu’on ne fait pas tout l’éventail du XXS au 4XL pour une question de coût de production, quand on est une petite marque qui galère, je peux l’entendre — même si je suis pas d’accord.
Mais quand on se développe à grande échelle (Brownie est présente en Espagne, au Portugal, en Belgique et en France, et 56 points de vente selon Fashion Network), quel est le message qu’on envoie à ses clientes quand on « s’arrête au M pour les hauts » ?
Qu’on n’a pas envie de les voir porter leurs fringues ? Que leur taille ne mérite pas d’exister ? Qu’elles peuvent aller voir ailleurs ?
À 35 ans, personnellement, je passe outre et je n’en ai plus rien à foutre. Cela n’atteindra pas ma confiance en moi — je donnerai juste mes sous à d’autres. Mais on sait le mal que ce genre de décision peut faire à certaines adolescentes et jeunes adultes qui ne se sentent pas incluses, pas dignes de porter de jolis vêtements…
La question ne concerne pas que Brownie, mais toutes ces marques qui ne veulent pas voir leurs vêtements dans des tailles supérieures au 40. Cette question, je vous la donne en quelques mots comme en mille : c’est quoi votre problème ?
« Brownie n’a pas identifié le besoin de produire des plus grandes tailles »
Bilan des courses, je suis repartie de la soirée Brownie avec :
- Une chouette paire de lunettes de soleil. Rien à dire, belle qualité. Et puis je rentrais dedans.
- Un chouchou. Comme pendant mes séances shopping en quatrième.
- Un énorme sentiment d’incompréhension face à un monde de la mode qui n’a pas compris à quoi ressemblait le reste du monde d’aujourd’hui.
J’ajoute une pensée pour mon amie Caro qui a subi mon monologue au sujet de l’inclusivité des marques de mode pendant le trajet retour.
Et une pensée pour toutes les meufs qui font du 40, du 42, du 44, du 46, et plus : ne vous laissez pas abattre. C’est le capitalisme qui n’a rien compris. Pas vous.
J’ai demandé à la marque des explications, les voici :
« Les pièces Brownie taillant grand, les doubles tailles s’adaptent à des morphologies très variées, expliquant pourquoi tous les modèles ne vont pas jusqu’au L. Aussi, pour le moment, dans les pays où la marque est présente, Brownie n’a pas identifié de besoin de proposer des tailles plus grandes pour les clientes.
En revanche, la marque reste à l’écoute des besoins des nouveaux clients pour adapter l’offre de produits dans le futur si cela est nécessaire. »
Soyez à l’écoute, ouais. Il serait temps.
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Les Commentaires
Sinon, le pain de mie, c'est du pain blanc dans la tradition boulangère. En 1er prix c'est avec de la farine T45. Moins nourrissant qu'un pain de méteil (mi blé/mi seigle) ou un pain à la farine de blé complet/intégral ou même juste bis, moins cher aussi...
Et c'est gras puisque le moule est huilé alors qu'un pain est généralement, comme la baguette, moulé (édit : à la main, pour être plus exacte) puis enfourné sans ajout de matière grasse.
Pardon si je t'ai offensée, sincèrement. Mais c'était bien une histoire, la tienne, que tu racontais, non ? Il n'y avait pas de prise hauteur ni allusion de ma part, enfin rien de volontaire en tout cas !
On ne parle pas forcément de pizza, et tu parlais toi de légumes encore une fois. J'ajoute que le poisson est assez cher, je n'en achète pas personnellement sauf du thon et uniquement en destockage. Et les pâtes (aka mon alimentation 99% du temps) c'est de la farine blanche là aussi, les complètes sont chères, et pas équivalent à des légumes. Et c'est du blé transformé. Le blé est moins cher si je suis ton raisonnement, les pauvres devraient pas manger de pâtes non plus... Et ils devraient tout acheter en gros, c'est moins cher...
En fait, où et quand commence l'ingérence dans la vie d'autrui selon toi ? Si tu achètes des oeufs bio plutôt que des oeufs élèves en batterie, tu deviens un mauvais pauvre qui gère mal son budget ?
Là encore, si tu parles de pâtes : ok, c'est pas trop cher comme produit du quotidien. Tu as oublié d'autres produits non transformés (bruts quoi) à cuisiner comme le riz ou les lentilles, moins chers encore, et histoire de diversifier. Ca ne fait pas une alimentation équilibrée pour autant. Se nourrir de pâtes, de riz, de lentilles, de patates, de pain... Même avec un peu de sauce tomate, une boîte d'épinard (ou autres légumes en conserve/surgelés peu coûteux) et une boîte de thon de temps en temps (ou autres viandes en conserve peu coûteuse), ce n'est pas équilibré. Puisque ça manque de diversité. Parce que t'as pas toujours de thunes pour acheter des légumes ET des oeufs par ex.
Ils sont où les 5 fruits et légumes par jour ? L'oméga 3 et 6 ? Le magnésium ? Le calcium ? Le fer ? Les vitamines comme la B12 ?
Je m'en fiche que tu me crois ou non, sache-le, c'est ton droit. Par contre, je suis restée cool jusque là donc j'apprécierai que tu me renvoies la pareille à l'avenir.
Édit : désolée, je voulais mettre mon message sous spoiler avec la mention HS pour éviter le flood mais avec la citation au début, j'y arrive pas ! bref, c'était mon dernier message à ce propos, encore désolée.