Cet article révèle des éléments-clefs du film Army of the Dead.
Vous savez, les navets méritent assez peu leur mauvaise réputation. Loin de gâcher les plats, ils ont cette capacité (qu’a aussi le tofu par exemple) d’absorber les saveurs pour les concentrer tels de jolis berlingots tuberculeux, et sauront sublimer vos soupes, bouillons, gratins !
Il est par contre tout à fait permis de cracher sur les navets cinématographiques. À ne pas confondre avec les nanars, tellement mauvais qu’ils en deviennent savoureux, les navets ne sont que des films bâclés, gâchés par une mauvaise direction d’acteurs, une photographie dégueulasse, un scénario griffonné sur un bout de nappe, une production qui refuse de laisser bosser les artistes, ou parfois tout ça à la fois (la liste est évidemment non exhaustive).
C’est à grands regrets qu’il faut l’admettre : Army of the Dead avait beau être tentant sur le papier (un film de zombies ET de braquage, réalisé par Zack Snyder auquel on doit, même si ça date un peu, le très bon Dawn of the Dead, banco !), il s’avère être un navet. Et un navet qui se paie le luxe de ne pas être limpide.
Si jamais vous débarquez, le film conte l’histoire d’un casse impossible : après une épidémie de zombies contenue à Las Vegas, ville maintenant encerclée d’une enceinte quasi-infranchissable, le gouvernement américain s’apprête à bombarder la zone pour éliminer les derniers infectés. Un propriétaire de casino embauche alors une équipe de joyeux lurons pour récupérer l’argent contenu dans son coffre-fort, qui sera détruit par l’explosion.
Évidemment, tout ne se passe pas comme prévu : des traîtres se cachent parmi la team, les zombies ne sont pas si bêtes qu’on l’imagine, la fille du héros, le costaud Scott Ward, se jette à corps perdu dans le danger pour secourir une mère de famille désespérée… Oh, et aussi, très peu de choses ont un sens dans Army of the Dead.
Alors c’est parti, on va vous aider (autant que possible) à comprendre Army of the Dead, parce que Snyder a visiblement décidé de nous égarer en route.
Pourquoi y a-t-il des zombies-robots dans Army of the Dead ?
La première fois, on se dit qu’on a mal vu ou qu’un minuscule bug d’effets spéciaux a réussi à passer le filtre du montage. La seconde, on commence à penser qu’on a peut-être trop picolé (en même temps, faut le subir, Army of the Dead). La troisième, plus de doute : il y a bien des… zombies-robots parmi les morts-vivants. Et ça ne dérange personne.
Puis-je vous éclairer sur l’origine de ces zombies mécaniques ? Non, car je ne suis pas Zack Snyder et qu’il a décidé de jouer la carte du mystère. Puis-je vous en dire cependant un peu plus que ce qu’il raconte dans SON PROPRE FILM ? Oui. Voici ce qu’il déclare dans une interview envoyée à la presse par Netflix :
« Dès le début, j’avais cette idée de zombies qui incarnent une évolution, qui sont sur le point de devenir autre chose au lieu d’être des zombies classiques auxquels nous sommes habitués. C’était un moyen de les rendre novateurs tout en respectant les codes du zombie.
Je voulais vraiment qu’il y ait une étrange ambiguïté autour de leurs origines — que nous explorerons bien sûr dans la série animée “Army of the Dead: Lost Vegas”. »
Aaaaaah mais quelle surprise ! C’est pour nous renvoyer vers un autre contenu ! Army of the Dead n’est en effet que le premier opus d’une trilogie d’œuvres à paraître sur Netflix, formée de la série d’animation Army of the Dead: Lost Vegas ainsi que d’un préquel dédié au maestro des coffre-forts Dieter, intitulé Army of Thieves.
« Il y a des zombies normaux et des zombies-robots. Ont-il été placés là par le gouvernement pour surveiller les zombies ? Sont-ils une technologie venue d’un autre monde ? Qu’est-ce qu’il se passe ? »
(Ah oui parce qu’il y a aussi des évocations d’OVNI dans Army of the Dead, mais on ne va pas s’attarder dessus puisque c’est le même délire : « La réponse bientôt, peut-être, dans un autre contenu, qui sait, bisous ».)
Pourquoi Army of the Dead est-il si flou ?
Pas la peine d’essayer de régler votre télé ou d’envoyer des messages rageurs au service technique de Netflix : le problème ne vient ni de votre écran, ni de la plateforme.
Army of the Dead est bel et bien très flou, et c’est un choix conscient qui remonte au tournage même du film.
Chose peu courante au cinéma, Zack Snyder est à la fois coscénariste, réalisateur et directeur de la photographie d’Army of the Dead ; cette dernière fonction, pas toujours bien connue du grand public, est un rôle-clef puisque c’est la personne qui va gérer l’éclairage des scènes et déterminer leur esthétique, en collaboration bien sûr avec le reste de l’équipe.
Ici, Snyder est au four, au moulin et peut-être même sur le cul de la crémière puisqu’il multiplie les casquettes. Fort de son succès (incompréhensible à mon sens, avez-vous seulement tenu jusqu’à la fin de Batman v. Superman ?!), il gère son tournage comme il le souhaite, ce qui passe aussi par… utiliser les caméras et objectifs qu’il veut.
Comme l’indique le magazine spécialisé Y.M. Cinema, Zack Snyder a fait construire des caméras spécifiques pour ce tournage, utilisant des lentilles Rangefinder modifiées, ce qui explique l’effet flou tout à fait volontaire — le réalisateur l’avait d’ailleurs déjà expérimenté dans une séquence de Justice League.
Oh, et au cas où vous vous posiez la question : si vous avez eu l’impression de voir des pixels morts sur votre écran pendant Army of the Dead, pas la peine d’appeler le service après-vente, c’est juste le film qui fait ça. Pourquoi ? Personne ne le sait exactement, mais Variety suggère que ça peut être lié au type de caméras utilisé — tout en notant qu’il est quasi-impossible d’imaginer que personne ne l’ait remarqué en post-production. Mais comme Netflix ne dit rien… mystère !
Pourquoi la pilote est-elle « bizarre » dans Army of the Dead ?
Franchement, c’est l’un des moments d’Army of the Dead qui fait plaisir : l’arrivée de la pilote d’hélicoptère Marianne, incarnée par Tig Notaro ! Si vous ne la connaissez pas, découvrez-la vite, car cette comédienne de stand-up américaine a notamment largement parlé du cancer du sein qui l’a touchée, en plus d’offrir une rafraîchissante représentation lesbienne sur les plateaux des comedy clubs.
Je peux vous éclairer sur sa présence atypique dans le film, mais par contre, ne vous attendez pas à des miracles : je ne peux pas vous expliquer comment elle répare son foutu hélico ni pourquoi elle décide de risquer sa peau en échange d’une somme ma foi pas si ÉNORME que ça (« Je déteste ma vie donc on y va » n’est pas selon moi une réponse acceptable mais okay Snyder, comme tu veux). À l’impossible, nulle n’est tenue.
Je peux uniquement décrypter pour vous pourquoi cette pilote est un peu étrange visuellement, et pourquoi elle interagit aussi peu avec le reste du casting. Attention, prête ?
Parce que Tig Notaro n’a jamais tourné avec Dave Bautista, ni avec Ella Purnell, ni avec le moindre acteur, la moindre actrice d’Army of the Dead !
À la base, son rôle a été confié à un homme lui aussi comédien de stand-up, Chris D’Elia (vu dans You), qui a tourné l’intégralité de ses scènes. Sauf qu’après le clap de fin, il a été publiquement accusé par plusieurs femmes de leur avoir réclamé des photos et échanges à caractère sexuel alors qu’elles étaient mineures.
Exit Chris D’Elia donc, qui ne sera pas dans Army of the Dead. Un an plus tard, la décision est annoncée : Tig Notaro a été choisie pour le remplacer. Sauf que le tournage est fini. Et que c’est le Covid-19. Vous le sentez venir ?
Vous avez raison, Tig Notaro a bel et bien été incrustée numériquement dans Army of the Dead. Chris D’Elia a été supprimé de tous les plans, ensuite la comédienne a tourné ses scènes (avec des remplaçants pour lui donner la réplique), puis on vérifie que le tout colle à peu près, et enfin il faut harmoniser le résultat. Si ça vous intéresse et que vous lisez l’anglais, Vulture raconte tout le processus.
Du coup, si vous avez remarqué que Tig Notaro a une apparence un peu éthérée, surtout dans des plans d’ensemble, ou si vous vous êtes demandé pourquoi elle a si peu de dialogues avec d’autres personnages, cela s’explique en partie par ces contraintes techniques. Pour le reste, faites comme moi : blâmez Zack Snyder.
Pourquoi… pourquoi Army of the Dead ?
Maintenant qu’on a fait le tour des réponses, voici les questions qui restent en suspens :
- Pourquoi embaucher un mec spécifiquement pour braquer le coffre alors que ledit coffre est censé appartenir au commanditaire du casse, qui devrait donc en connaître le code ?
- Pourquoi risquer sa vie pour quelques milliers de dollars (puisque l’égalité des salaires, c’est pas le mood dans Army of the Dead) ?
- Pourquoi tuer la « reine des zombies » devant son mec alors qu’on VIENT D’EXPLIQUER que ceux-là sont malins et qu’il vaut mieux ne pas les énerver ?
- Pourquoi le fœtus zombie est-il bleu ?
- Comment ça marche, d’ailleurs, les foetus zombies ? Enfin je veux dire… ça bande, un zombie ? Attendez je m’égare, on va bientôt parler de sperme mort-vivant et personne ne veut ça.
- Pourquoi laisse-t-on Zack Snyder écrire des films ?
À tout ça, je n’ai pas de réponse. Éclairez ma lanterne ou taisez-vous à jamais, je crois que ça m’est égal : ça ne me fera pas plus mal que les 2h30 passées devant cette purge !
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Les Commentaires
En toute franchise, j'ai eu l'impression de plusieurs déjà-vu en le visionnant, des idées ou des scènes que je retrouvais ici et là dans des films ou séries.. En bref, il n'innove pas grand chose.
Sans compter qu'effectivement, si on commence à se pencher sur les motivations de chacun, on réalise vite que ça tient pas la route, autant pour le commanditaire de l'expédition, que pour les membres de la fine équipe.