Inutile de cacher à quel point j’aime les livres de DOA (trois chroniques de ses romans : La Ligne de Sang, Citoyens Clandestins et le Serpent aux Mille Coupures, et puis quelques questions que j’ai pu lui poser). C’est donc avec beaucoup d’impatience que j’attendais la sortie de l’Honorable Société, un roman noir écrit à quatre mains avec Dominique Manotti. D’abord parce que je vais désormais attendre telle une gamine qui compte les jours jusqu’à Noël toutes les sorties de DOA (parce que ses livres sont les meilleurs du monde, voilà c’est dit), que je n’avais rien lu de Dominique Manotti mais que j’en étais très curieuse. Et puis aussi parce que l’exercice d’un roman écrit à deux m’intriguait beaucoup.
L’histoire se déroule en pleine campagne présidentielle. Un homme est retrouvé mort, chez lui, et l’on découvre très vite qu’il est flic. La seule chose qui semble manquer à l’appel, c’est son ordinateur. Pétrus Pâris, ancien de la financière, muté à la crim’ parce qu’il fourrait un peu trop son nez là où il ne fallait pas, est en charge de l’affaire. Assez vite, les soupçons s’orientent vers un groupuscule écolo aux actions violentes, mais Pâris trouve ça un peu trop facile. Son équipe creuse, et trouve plusieurs éléments qui semblent indiquer que les enjeux sont ailleurs.
Parce que Soubise (le mort) n’était pas un policier tout à fait ordinaire. Il bossait avec le CEA (le Comissariat à l’Énergie Atomique), et dans le même temps, fréquentait depuis quelques mois une certaine Elisabeth Borzeix, qui dirige le service juridique d’un important groupe de BTP. Leur idylle tenait-elle du hasard ou y avait-il autre chose derrière tout ça ? Quelque chose qui pourrait se trouver sur son ordinateur ?
Plus Pâris avance dans son enquête, plus il se rapproche du pouvoir, des gens ‘importants’. Et le hasard fait que ces personnes sont déjà ceux qui lui ont valu sa ‘promotion’…Encore une fois, sa manie d’aller voir un peu plus loin que les apparences semble déranger, et sa hiérarchie insiste grandement pour qu’il se concentre sur la piste des écolos…
L’Honorable Société est vraiment un excellent polar, passionnant et des plus agréable à lire. Les personnages sont très bons. C’est une des choses qui m’a toujours séduite dans les romans de DOA, et que l’on retrouve ici. Des personnages forts, ni complètement bons ni complètement mauvais, peu de descriptions physiques mais plutôt, au fil de la lecture, des éléments sur leur caractère, leur passé, qui leur apportent énormément de densité et font qu’on s’y attache vraiment (j’ai comme d’habitude mes petits préférés, et d’autre que je déteste profondément).
L’histoire est très prenante, une fois commencé j’ai eu du mal à lâcher le livre, et l’ai trainé partout avec moi. Elle rappelle, de nombreuses manières, une actualité encore très récente, et le contexte de la dernière élection présidentielle notamment. Pour ne pas gâcher le plaisir je n’en dit rien ici, mais pour les plus curieuses quelques indices sur la page facebook de la collection Série Noire. Mais l’Honorable Société n’est pas un livre sur les coulisses de la-dite élection. Bien plus que ça, c’est un regard critique sur notre société, ses dérives. La manière dont les plus puissants s’arrangent entre eux, pour devenir encore plus puissants. Et en oublient leur humanité, et leurs bonnes manières. Il n’y a pas que les truands qui s’enrichissent, l’inverse existe aussi. Ou quand les plus riches se transforment en gangster (mais sans se salir les mains, bien entendu, quand on est déjà en haut de la hiérarchie, on ne s’ennuie pas avec les basses besognes).
Si cette idée de roman écrit par deux auteurs m’intriguait avant d’ouvrir le livre, je suis maintenant bluffée. Les deux auteurs ont vraiment réussi à écrire dans un style où l’on serait bien incapable de dire qui des deux a écrit telle ou telle phrase. Ce n’est pas un jeu de cadavre exquis, la lecture est fluide est l’on n’est pas bloqué par un changement brutal de narration. C’est comme si l’on ne lisait qu’un seul auteur, pourvu d’ailleurs d’une écriture géniale. On en oublie très vite qu’il y a deux noms sur la couverture et le rendu en est d’autant plus impressionnant.
Vous aurez compris que je suis complètement sous le charme de ce roman, et que je ne peux que vous le conseiller.
> Référence : L’honorable société
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