Vous avez déjà été hantée par le souvenir d’un ou d’une conquête qui vous a soudainement ghostée ? Vous vous êtes déjà fait prendre pour une pigeonne par un ou une ex qui vous envoyait des miettes d’attention en pratiquant le breadcrumbing ? Vous avez déjà été victime de cookie jarring lorsqu’un ou une prétendante vous a gardée sous le coude sans s’engager ?
Si tous ces mots en -ing résonnent avec votre vécu, vous êtes peut-être familière des relations toxiques. Ou juste des partenaires nazes. Désolée.
Mais avez-vous déjà eu la chance d’être confrontée à un glaçon après une conversation houleuse, ou peut-être avez-vous vous-même joué au mur de pierres après une dispute ? C’est ce qu’on appelle pompeusement le stonewalling ! Un nouvel anglicisme pour décrire un comportement vieux comme le monde : bouder quand les choses s’enveniment, comme un enfant en bas-âge.
Par contre, ça ne devrait pas être banalisé…
Quand votre partenaire pratique le stonewalling, il ou elle vous ignore quand vous parlez, est froid comme un glaçon, change de sujet pour éviter un sujet inconfortable…
Le stonewalling, c’est quoi ?
En gros, c’est quand votre partenaire fait du boudin et décide de se cloîtrer dans le mutisme tel un moine trappiste après une dispute ou une conversation mouvementée. L’impression de s’adresser à un mur, littéralement.
Si vous insistez pour une explication plus élaborée, le stonewalling, ou silent treatment, désigne le fait que, lors d’une discussion ou d’une dispute, l’une des personnes se retire soudainement de l’interaction, se renferme ou s’éloigne de son interlocuteur.
Concrètement, à quoi ça ressemble ? Quand votre partenaire pratique le stonewalling, il ou elle vous ignore quand vous parlez, est froide comme un glaçon, change de sujet pour éviter un sujet inconfortable, fuit votre regard ou la conversation en sortant de la pièce, vous tourne le dos, s’éloigne ou encore ne répond que par quelques syllabes à peine audibles.
Le même comportement qu’un enfant capricieux auquel on aurait refusé une glace, quoi.
Un comportement de bébé, mais des conséquences de grandes personnes
Mais le stonewalling est un poil moins anodin que les caprices d’un gosse. Ça peut même être une manipulation abusive. Selon John Gottman, chercheur et psychologue clinicien, cette technique d’évitement permet à la personne qui la pratique de ne pas gérer les problèmes et de court-circuiter une potentielle discussion.
Faire du boudin de manière passive-agressive serait même une des quatre principales causes de divorce, « avec la critique, le mépris et la défense ».
Pire, la technique aurait des répercussions sur la santé de celles et ceux qui la pratiquent. Une étude de 2016, qui a suivi 156 couples pendant 15 ans, a conclu que le stonewalling engendrait des troubles musculo–squelettiques tels que des maux de dos, des raideurs du cou et des douleurs musculaires généralisées. Rien que ça.
Et en la matière, les hommes seraient les rois. Selon le Gottman Institure :
« 85 % des personnes qui font du stonewalling étudiées dans le Love Lab [un laboratoire du couple inauguré en 1986 à l’université de Washington, ndlr] étaient des hommes. »
Que faire si le mur, c’est vous ?
Pendant une dispute, ça vous est sûrement déjà arrivé d’atteindre un niveau de frustration ou de colère si élevé que votre cerveau préfère partir en vacances plutôt que d’affronter la charge psychologique et émotionnelle de la situation.
Lorsqu’un conflit pointe son nez dans votre couple, vous refermer sur vous-même peut être une échappatoire compréhensible, mais ça n’en reste pas moins contre-productif, voire toxique.
Si ça fait partie de vos habitudes, Better Help, la plateforme de thérapie en ligne conseille :
« Vous ne vous rendez peut-être pas compte de ce que vous lui faites subir. Voici quelques signes à surveiller :
– Lorsque votre partenaire pose une question ou exprime une préoccupation, vous vous mettez immédiatement sur la défensive.
– Vous évitez à tout prix de vous disputer.
– Il est si important pour vous d’avoir raison que vous êtes prêt à mettre votre relation en péril. »

Le site propose d’essayer de voir la discussion comme une séance de résolution de problèmes plutôt que comme un concours pour savoir qui a raison.
« Si vous vous sentez sur la défensive, dites à votre partenaire que c’est le cas. Rappelez-vous qu’en écoutant votre partenaire, il ou elle se sentira entendue, même si vous n’êtes pas d’accord avec elle ou lui. »
Vous pouvez aussi exprimer simplement le fait que vous avez besoin d’une pause.
Comment briser la glace ?
Si vous êtes de l’autre côté du mur, et que c’est vous qui subissez le stonewalling, ou le boudin-ouin-ouin-ing, il est légitime que vous éprouviez un sentiment d’abandon ou de frustration…
Si la technique est systématiquement utilisée par votre partenaire ou qu’il ou elle se mure dans le silence pour fuir la conversation : c’est toxique. Par contre, ça peut aussi être une façon maladroite ou immature (et irrespectueuse) de montrer qu’il ou elle ne souhaite pas vous parler dans l’immédiat, et a besoin d’un peu de temps.
Le stonewalling, c’est bien différent du fait de demander de l’espace ou de fixer des limites, par exemple. Oui, car vouloir du temps ou de l’espace, ça implique de la communication.
Bref, pour le savoir, discutez-en avec votre moitié et dites-lui que parler à la muraille de Chine n’est pas la chose la plus agréable et constructive au monde. Demandez-lui pourquoi il ou elle se cache derrière cette non-communication.
Vous devez chercher comment reprogrammer les habitudes de communication de votre couple, en quelque sorte. Et si vous n’y arrivez pas sans aide, commencer une thérapie de couple peut être salvateur !
Si face à vos interrogations ou vos efforts, votre copain ou copine reste de nouveau sans voix, je vous suggère de penser à plier bagage.
Le stonewalling peut être une réaction inconsciente liée à des traumatismes passés ou une habitude à éviter les confrontations, par exemple.
Et si c’était un mécanisme de défense ?
On voit le mal partout, parfois… Car au-delà de la manipulation, ce type de réaction peut être liée à d’autres dynamiques moins malveillantes. Les personnes qui s’enferment dans le silence face au conflit ne sont pas toutes des génies du mal.
Le stonewalling peut être une réaction inconsciente liée à des traumatismes passés ou une habitude à éviter les confrontations, par exemple. Ça peut être aussi lié à une peur d’être abandonné en cas de conflit, ou un désir de réduire la tension. Ça ne veut pas dire que c’est plus excusable, mais ça permet de comprendre.
Le stonewalling peut en fait n’être un temps d’adaptation : mal à l’aise ou dans l’incapacité d’exprimer ses émotions, la personne choisit le mutisme, le temps de traiter ses sentiments.
La plateforme VeryWellMind explique :
« Le stonewalling est souvent une tactique apprise pendant l’enfance. Il peut s’agir d’un comportement utilisé par les parents pour maintenir la paix ou pour dominer la hiérarchie familiale.
Même si le stonewalling semble intentionnel et agressif, rappelez-vous qu’il est souvent utilisé par des personnes qui se sentent impuissantes ou qui ont une faible estime d’elles-mêmes. Dans ce contexte, le stonewalling peut être un mécanisme défensif utilisé pour compenser ces sentiments. »
Mécanisme de défense ou pas, vous n’avez pas à supporter une situation dans laquelle vous ne vous sentez pas respectée. Alors si votre partenaire est adepte du stonewalling, il faut en parler.
À quand un nouvel anglicisme pour désigner le fait de ne pas avoir à analyser et excuser systématiquement les manques de respect évidents au sein du couple ?
À lire aussi : Il paraît qu’on devrait se méfier du « cookie jarring », une nouvelle « tendance amoureuse toxique »
Crédits photos : RODNAE Productions et Alex Green (Pexels)
Les Commentaires
32
J'en sais rien...
Avec mon ex, c'est moi qui boudais. J'ai réalisé que la communication dans ce couple nous était très difficile. Je boudais souvent, beaucoup. Parfois pour l'emmerder. Parfois car je n'avais pas d'autre corde à mon arc, plus pour me protéger. Les fois où j'essayais de parler, de dire ce que j'avais sur le cœur, que ça soit pour un problème important dans notre couple ou bien un petit reproche du quotidien, il retournais la situation et me pourrissait moi à la place (Un truc du genre : - Moi : "Dis, est-ce que tu pourrais arrêter de laisser le dentifrice ouvert ?" - Lui : "Ouais bah avec tout le bordel que tu laisses trainer, tu vas pas me souler pour un tube de dentifrice".) Ben du coup je fermais ma gueule et j'évitais le conflit. Je disais rien. Et le pb n'était pas résolu. Fallait juste que je passe à autre chose.
Maiiiis, mon gros problème, c'est que j'avais ééénormément de mal à me sortir de cet état toute seule. Je ne savais pas comment faire. Mais je sais que ce qu'il me fallait, c'était que lui vienne vers moi. Passe l'éponge pour moi. Voire faire comme si de rien n'était. Un peu comme un gros bébé cadum oui. Qu'il trouve de quoi me faire sourire, comme par exemple une bataille de chatouilles, une blague, une bêtise légère qui me faisait comprendre qu'il ne m'en tenait pas rigueur et que ça pouvait repartir.
Donc ouais. Peut-être étais-je toxique.
Peut-on être toxique sans s'en rendre compte ? ... pensée soudaine... Je crois que oui en fait.
Je suis désolée pour ces moments badants que j'ai pu lui faire passer.
Cette relation (un tiers de ma vie) continuera de me hanter je pense, en bien comme en mal. Partagée entre ses moments et souvenirs merveilleux, et ses dysfonctionnements...
Edit : je me suis faite la promesse suite à notre rupture, de communiquer et dire les choses, de la façon la plus bienveillante possible. Et même si ce n'est pas toujours facile, évident, et que j'ai encore quelques difficultés à le faire à 100 %, je suis vraiment heureuse d'avoir prise voie qui m'est très constructive.