Tu te demandes peut-être quel est le rapport entre la K-pop (« pop coréenne » et genre musical à part entière) et le mouvement #BlackLivesMatter qui lutte contre les violences policières aux États-Unis suite à la mort de George Floyd ?
Ces deux sujets qui semblent au premier abord si éloignés sont pourtant bien liés : je t’explique tout !
La mort tragique de George Floyd et #BlackLivesMatter
Tu n’as probablement pas pu passer à côté de la mort tragique de George Floyd, un homme afro-américain âgé de 46 ans qui a été interpellé par la police le 25 mai 2020 à Minneapolis.
Ce jour-là, un officier blanc nommé Derek Chauvin a placé son genou sur son cou et n’a pas relâché la pression, pendant de longues minutes, jusqu’à ce que George Floyd perde connaissance puis perde la vie dans l’ambulance l’emmenant à l’hôpital.
La scène a été filmée et massivement diffusée, déclenchant des manifestations dans toute l’Amérique ainsi qu’un ralliement mondial, notamment sur les réseaux sociaux.
Et aussi étonnant que ça puisse paraître, les fans de K-pop (ou plutôt les « stans », des fans très très impliqués voire obsessionnels, comme dans le titre Stan d’Eminem) jouent un rôle important dans ce combat anti-raciste sur Internet.
Comment les fans de K-pop soutiennent #BlackLivesMatter
La technique de la communauté K-pop pour lutter soutenir le mouvement #BlackLivesMatter ?
Des tactiques de spamming et de hacking consistant à bombarder les réseaux sociaux et certaines plateformes d’images et de vidéos de leurs idoles, aussi appelées « fancams ».
J’arrive pas à y croire : l’Histoire se souviendra que les stans de K-pop ont fait tomber des hashtags racistes, franchement j’ai hâte de raconter ça à mes enfants et à mes petits-enfants
Les fans de K-pop spamment ainsi des hashtags racistes sur Twitter, en les inondant de vidéos, de memes et d’images de leurs idoles !
Plusieurs hashtags racistes se sont en effet retrouvés dans le top 10 de Twitter en réaction au mouvement #BlackLivesMatter.
Parmi eux, on retrouve #WhiteLivesMatter, #BlueLivesMatter en référence aux uniformes bleus des policiers américains, ou encore#WhiteOutWednesday en réaction au #BlackOutTuesday, un hashtag de protestation qui consistait à poster une photo noire sur les réseaux sociaux.
Ces hashtags ont été inondés de fancams de K-pop pour faire taire les suprémacistes blancs, comme tu peux le lire dans ce tweet explicatif :
Pour tous ceux qui ne comprennent pas : ce hashtag était rempli de posts de suprémacistes blancs et anti-BlackLivesMatter.
La communauté K-pop est alors arrivée et a inondé le feed avec des vidéos de K-pop afin de les dégager, et a transformé tout ça en blague !
Merci. ♥ #WhiteLivesMatter
Voici quelques fancams que tu peux trouver sur le feed du hashtag :
https://twitter.com/joongfr/status/1268209441972850690
https://twitter.com/jenniesliftboob/status/1268670397182029826
L’attaque d’une appli de police par la communauté K-pop
Les K-pop stans ne se sont pas contentés de cette technique pour lutter contre le racisme.
Selon MEL magazine, la communauté est également parvenue à faire crasher l’appli de la police de Dallas, qui appelait les citoyens à dénoncer des manifestations illégales en postant des vidéos sur leur plateforme.
https://twitter.com/YGSHlT/status/1267205296197419012?ref_src=twsrc%5Etfw%7Ctwcamp%5Etweetembed%7Ctwterm%5E1267205296197419012&ref_url=https%3A%2F%2Fmelmagazine.com%2Fen-us%2Fstory%2Fwhat-we-can-learn-from-k-pop-stans-about-fighting-fascism
« Les gars téléchargez cette appli et INONDEZ cette merde avec des fancams, pour que ça devienne IMPOSSIBLE pour eux de trouver autre chose que nos danses préférées. »
Au bout de quelques heures de cette attaque, l’appli ne fonctionnait plus !
Une fois qu’elle a été remise sur pied, la communauté K-pop a imaginé un nouveau subterfuge : camoufler leurs vidéos avec 20 secondes d’images de manifestations prises au hasard, afin de tromper la technologie.
Enfin, les fans de K-pop ont submergé les avis de l’appli de commentaires négatifs.
Comment cette lutte de la communauté K-pop a-t-elle vu le jour ?
Maintenant que tu as découvert cette facette inattendue de la lutte anti-raciste qui agite les Etats-Unis, tu te demandes peut-être comment un tel mouvement a pu prendre cette ampleur.
MEL apporte à ce sujet des explications intéressantes.
Selon le magazine, ce type d’activisme sur Internet n’a rien de nouveau et fait partie d’une culture bien ancrée aux États-Unis, présente depuis les années 80.
Le journaliste de MEL explique :
« Alors que les manifestations dans la vraie vie se déploient avec de la violence et des emprisonnements, ceux qui restent à la maison agissent de plus en plus en semant le désordre en ligne, dans une forme de désobéissance civile. »
Il rappelle également que les tactiques utilisées par la communauté K-pop ne sont pas l’apanage des seuls activistes : de nombreux trolls et suprémacistes blancs ont ainsi lancé des attaques en utilisant le logiciel de visioconférence Zoom depuis le début de la crise du coronavirus.
Selon lui :
« La moralité d’un outil dépend de qui le détient, et les militants à travers le pays sont en train d’essayer et de réussir à occuper les espaces virtuels autant que les espaces réels. […]
Ça vaut le coup de penser sur le long-terme à comment utiliser ce combat en ligne pour le bien.
Mais il y a des risques aussi : des données et des comptes sur les réseaux sociaux ont ainsi été utilisés pour persécuter des opposants en Chine, en Moyen-Orient et en Europe. »
C’est un revirement de situation aussi délicieux qu’inattendu : les fans hardcore de K-pop n’ont pas toujours bonne réputation sur le Web, mais avec ces actions, ils et elles ont mis leur force de frappe au service d’une cause noble !
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Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
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