À l’heure où j’écris cet article, nous sommes le 19 août. Là comme ça, je pense que tu es bien heureux•se de me voir jouer les calendriers humains, mais que ça te fait une belle gambette. Pourtant, le 19 août, c’est la Journée mondiale de la photographie. Et quelle meilleure date pourrait-il y avoir pour faire connaissance avec de nouveaux artistes qui manient la boîte noire ? Je te le demande bien. À cette belle occasion, donc, je te propose de découvrir cinq jeunes photographes français•es talentueux aux styles hétéroclites. C’est parti, suis la flèche !
Floriane Caux, mariage et onirisme
Tu le sais peut-être, ou peut-être pas, mais les photos de mariage ringardes où les époux se tiennent les mains autour d’un tronc avec l’air d’avoir mangé du ciment, c’est fini. Toute une nouvelle génération dépoussière les clichés de la cérémonie, et Floriane Caux fait partie ceux-là.
Le style de Floriane Caux est du genre onirique, quelque part entre le réalisme ultra-léché et le conte de fée.
Cette jeune photographe de 27 ans vient de l’Ariège, et a étudié la photographie à l’école ETPA à Toulouse. Après ses études, elle a démarré la photo de mariage en 2009, et a fait un petit tour par le Royaume-Uni, où elle a découvert la joie des clichés chimériques et funky fresh, avant de revenir et de s’installer à Toulouse. Elle a d’ailleurs fondé un blog avec une amie wedding-planner, Perrine, consacré aux mariages à l’anglaise.
Le style de Floriane Caux est du genre onirique, quelque part entre le réalisme ultra-léché et le conte de fée, plein de couleurs et d’effets qui font pétiller ses images : fumigènes, lumières naturelles rasantes… Voilà ce que raconte Floriane à propos de son travail :
« Ce que j’aime par-dessus tout dans mon métier, c’est l’échange humain. […] J’appréhende la photographie de mariage, à la fois comme un reportage journalistique et aussi, beaucoup, je dois l’avouer, comme un petit conte où chaque photo raconte sa propre histoire. »
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Sabracane, l’urbain en argentique
La double exposition est une technique photographique qui consiste à superposer deux images, afin d’en fabriquer une nouvelle, et crée souvent des effets fantastiques, un peu hors du temps. C’est aussi une caractéristique du travail de Sabracane, une jeune photographe parisienne de 29 ans.
Elle a commencé par faire des études de sociologie et ethnologie à l’université, et a travaillé comme surveillante dans des lycées professionnels, avant que la photographie ne la rattrape. Posées ou sur le vif, ses images font la part belle aux regards face caméra et ont une spontanéité qui t’interpelle comme de vieux potes dans la rue.
Sabracane bosse l’essentiel du temps à l’argentique ou avec un Polaroïd, ce qui donne à ses clichés cette patte vintage, artisanale et un peu brute de décoffrage. La principale intéressée m’a aussi écrit quelques mots sur ses photos :
« Je ressentais ce besoin urgent de m’exprimer autrement, et de faire perdurer mes explorations dans les rues de ma ville et les rencontres inattendues. […] Je suis une adepte du noir et blanc, car je trouve qu’il retranscrit la magie des moments que je vis : sombres et délicats. »
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Paolo Nardiello, entre architecture et épure
S’il ne fallait qu’un mot pour décrire le travail de Paolo Nardiello, c’en serait un tout simple qui exprime la plus totale simplicité : épuré. Ce jeune artiste photographe est franco-italien, et a fait ses études à l’École de Condé à Lyon, où il a suivi le cycle supérieur de photographie. Il travaille désormais sous statut indépendant, et fait en particulier de la photographie de mode, pour des lookbooks ou pour des magazines.
Je te parlerais sans doute de recherche de l’extrême, de minimalisme, de lumière blanche, de noir et blanc, d’immensité de l’architecture, de corps tendus et simplifiés.
Pour te faire un tirage de son style, en quelques termes, je te parlerais sans doute de recherche de l’extrême, de minimalisme, de lumière blanche, de noir et blanc, d’immensité de l’architecture, de corps tendus et simplifiés. Bref, des clichés à la fois intenses, froids et sobres, qui rendent beau quelque chose qui peut te sembler très extérieur.
Et voilà comment Paolo décrit ses travaux photographiques :
« Que ce soit en travaillant en étroite collaboration avec des designers de mode ou bien pour sa propre expression artistique, sa photographie se veut à chaque fois esthétique, sensible et épurée. »
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Margaux Hug, de la pop à la sauce surréaliste
« WIP ! CLIP ! CRAP ! BANG ! VLOP ! ZIP ! SHEBAM ! POW ! » : voilà à peu près ce qui vient à l’esprit quand on regarde les photographies pop et acidulées de Margaux Hug. Cette jeune photographe française, installée à Londres, a d’abord effectué une formation en graphisme à l’école Olivier de Serres à Paris, puis de photographe professionnelle à la célèbre école des Gobelins. Elle est aussi diplômée d’un master en graphisme à la London College of Communication à Londres.
Margaux Hug bosse essentiellement comme directrice artistique dans une agence de publicité, et s’occupe de grandes marques de luxe. Ses clichés eux, sont à chercher quelque part entre Andy Warhol, Jean-Paul Goude et Magritte : des objets qui prennent des airs de nature morte pop, aux couleurs franches et dans le dépouillement presque total, ou des portraits surréalistes de modèles aux yeux soigneusement soulignés de paillettes.
Quand elle cite ses multiples sources d’inspiration ou commente son boulot, Margaux Hug précise :
« Ce qui me plaît avant tout, c’est de proposer des visuels surréalistes, où la mode est un prétexte pour détourner les codes du réel. »
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Louis Witter, le photoreportage incarné
Louis Witter est le petit jeune de cette sélection, ce qui n’en fait pas moins un professionnel à remarquer dans le domaine du photoreportage. Ce photographe français est âgé de tout juste 20 berges, est né à Verdun et a beaucoup voyagé avec ses parents lorsqu’il était enfant. Après un bac L, il a fait des études de journalisme, qu’il poursuit encore.
Le style de Louis Witter, c’est le photoreportage incarné et vivant.
Il dit avoir commencé la photographie pour passer le temps, avant que le photo-journalisme ne devienne une révélation et le pousse à trimballer son appareil un peu partout. Il fait désormais partie de l’agence Hans Lucas, et publie dans divers médias.
Le style de Louis Witter, donc, c’est le photoreportage incarné et vivant : ses sujets, sur le front ukrainien, dans la Zone à défendre de Sivens, dans un bidonville au Maroc, en noir et blanc ou en couleurs sans concessions, captent le regard et l’emprisonnent. À propos de ses images, qui donnent à voir la société sublimée dans son naturel ou sa cruauté, Louis Witter m’a dit :
« […] je m’y suis mis pas mal en axant mes travaux surtout sur des thématiques sociales. C’est le côté un peu révolté, mais sans savoir comment le dire : faire des photos de ce qui me met hors de moi me permet de mettre hors d’elles quelques personnes. Celle à laquelle je tiens le plus c’est celle de Sivens, « David contre Goliath ». C’est vraiment un peu le point de départ de tout mon engagement photographique, aussi petit soit-il. »
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Chez nous aussi…
Et puisque c’est la Journée mondiale de la photographie, n’oublions pas que chez madmoiZelle aussi, nous avons une photographe de talent, en la personne de Miquette, notre bien-aimée Orchestreuz adepte de l’humour au 3000ème degré ! Tu peux jeter une pupille à son travail sur son site Web, mais aussi sur sa page Facebook. Il est possible que tu y croises quelques têtes connues…
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