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Sport

J’aime pas le foot, mais la Coupe du Monde 2019 m’a fait changer d’avis

Louise n’est pas une sportive dans l’âme, mais cette Coupe du Monde 2019 lui a remis les idées en place. Elle t’explique pourquoi.

Bon, je vais rentrer dans le lard directement : je n’ai jamais aimé le foot.

Le football, c’est pas ma came

Le peu de fois où je passe des soirées devant un match de football, c’est plutôt pour voir les potes qui regardent ledit match que pour la beauté du jeu.

Pas que ça me dérange, mais je trouve ça quand même très vite ennuyant.

Passées les vingt premières minutes, je suis capable de regarder le chrono toutes les trois minutes. Et passer 70 minutes à vérifier l’heure qu’il est, c’est une perspective PEU passionnante.

Mais là, c’était la Coupe du Monde. Féminine qui plus est. En France, encore mieux !

Tous les ingrédients étaient réunis pour que mon cerveau active sa partie chauvine et féministe, mais que nenni.

Pour le match de lancement, j’étais devant un grand écran, dans un bar et j’ai regardé tout le match… parce que j’étais DJ à un évènement de l’association Meufs, Meufs, Meufs où il était diffusé.

J’ai même accepté qu’on me dessine un drapeau du Schleswig-Holstein (ouais, bleu-blanc-rouge à l’horizontal, c’est plus le drapeau français) avec du maquillage à 1€.

Il y avait trop de monde, il faisait trop chaud, mais l’ambiance était bonne.

J’étais en montée de sucre donc j’ai passé les trois quarts du match à crier « ouh lou lou lou lou » très fort, même quand il n’y avait pas d’action. Bref, j’étais chiante.

Le reste du mois s’est déroulé de la manière suivante : je demandais à mon colocataire, qui est journaliste sportif, si les Bleues étaient encore en lice. Je le questionnais sur ses pronostics pour la suite, mais ai-je regardé un seul autre match ? Non, bien entendu.

Car il semblerait que le fait que ça soit des mecs ou des meufs sur un terrain, ça ne change rien à ma vie. En tout cas, c’est ce que j’ai cru, jusqu’à la finale.

La révélation à la finale de la Coupe du Monde 2019

J’étais à nouveau DJ à la diffusion de la finale entre les États-Unis et les Pays-Bas. J’ai donc regardé le match et devine quoi : J’AI EU PLUSIEURS RÉVÉLATIONS.

D’abord, je ne me suis pas ennuyée une putain de minute. C’était fou.

J’avais souvenir de matchs interminables avec aucune action, où on passe son temps à voir des gars se faire des passes à 12 km des buts. BORING!

Bien sûr, je ne dis pas que c’est toujours comme ça — car qui suis-je pour juger en ayant vu moins de trente matchs de foot dans ma vie ?

Mais là, j’étais scotchée et à fond dans le jeu.

Je suis devenue, pendant 90 minutes, la personne qui hulule des « oui, oui, oui, oui

» dès qu’une joueuse se détache, ou qui râle dans sa barbe quand l’arbitre ne siffle pas une faute (comme si j’avais une notion assez avancée des règles du foot pour savoir ça).

La fierté de voir des meufs sur le terrain

Un jour, j’ai compris l’importance de la représentation et ça a changé plein de choses dans ma vie.

Devant la finale de la Coupe du Monde 2019, j’ai capté une fois de plus à quel point ça change tout.

Megan Rapinoe, capitaine de l’équipe américaine, a marqué le premier but du match. C’était sur penalty, c’était pas la plus belle action du monde, mais quelle joie dans ses yeux quand elle a célébré son but… J’ai eu un petit shot de gagne en la regardant.

Quant à Sari Van Veenendaal, la gardienne de l’équipe néerlandaise, elle a arrêté un bon nombre de tirs. Chaque fois, j’avais une étrange fierté qui se diffusait en moi.

Le même genre de fierté que j’ai eu en enregistrant le podcast Conquérantes avec des lectrices de madmoiZelle : cette satisfaction de savoir que chaque meuf est tellement badass à sa manière.

J’ai beau n’avoir aucune idée de ce que ça fait d’être sur un terrain, de cracher ses poumons pendant 90 minutes et de subir toute cette pression de sportive de haut niveau, une partie de moi est fière.

Je te laisse imaginer mon visage à la fin du match.

Les Américaines en rang sur le bord du terrain, en train de se serrer les unes aux autres en attendant le coup de sifflet final, sachant qu’elles remportaient leur seconde Coupe du Monde consécutive.

J’étais à deux doigts de chialer.

Megan Rapinoe, ma star de la Coupe du Monde 2019

Megan Rapinoe est clairement la figure que je retiens de cette finale, comme plein de gens j’imagine. Elle a une aura qui m’a marquée.

Je suis triste qu’il faille une finale de Coupe du Monde (en France) pour que je me découvre des rôles modèles de sportives.

Surtout que Megan Rapinoe a joué à l’Olympique Lyonnais pendant plusieurs mois, gagné une médaille olympique et vient de remporter sa seconde Coupe du Monde.

Mais, en même temps, je suis ravie de l’avoir découverte. Ravie que les projecteurs aient enfin été mis sur les équipes féminines dans les grands médias.

En plus d’être une capitaine qui a de la gueule et une excellente joueuse, c’est une femme qui se bat pour les droits des minorités aux USA.

Elle a refusé de chanter l’hymne national afin de protester contre la politique de Trump, et symboliquement, quand tu représentes ton pays, c’est assez puissant.

Elle se bat aussi pour l’égalité salariale dans le milieu du football.

Quand les footballeurs sont professionnels, milliardaires et font l’objet de transferts qui coûtent des milliards d’euros, les joueuses des équipes nationales continuent souvent d’avoir un travail à côté de leur pratique sportive.

Le 8 mars, avec le reste de l’équipe américaine, elles ont porté plainte contre la Fédération américaine de football pour « discrimination liée au genre ».

Clairement, Megan Rapinoe est l’une de mes nouvelles héroïnes. Alors, je vais continuer à suivre son travail et ses prises de positions !

Puis, je pense à toutes les petites filles qui ont regardé les matchs de la Coupe du Monde cette année et se sont dit « Plus tard, je veux être comme [insérez ici le nom d’une joueuse] ».

Comme l’a si bien dit Estelle Yoka Mossely, championne de boxe, quand je l’ai interviewée :

« S’il y a plus de championnes, il y aura de plus en plus de jeunes filles qui voudront leur ressembler. »

À lire aussi : Les meufs du skatepark prennent la parole (Conquérantes, ép. 6)


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Les Commentaires

5
Avatar de Ronflex-Cornu
10 juillet 2019 à 11h07
Ronflex-Cornu
Je suis aussi persuadée que cette coupe du monde aura eu un impact super positif en fournissant des rôles modèles dans le domaine sportif, personellement ça m'a remplie de joie tout au long de la coupe du monde. J'ai eu la sensation de vivre un événement féministe autant que sportif, et ça a donné lieu à une couverture média que j'ai trouvé super positive . Entre les articles clairement axés égalité (sur l'inégalité salariale dans le sport, mais aussi un très bon article que j'essayerais de retrouver si ça intéresse sur la corrélation sponsoring/physique chez les sportives) ou tout simplement le fait que les commentaires sexistes (coucou JPP) ne soient pas passés comme une lettre à la poste.
Je me retrouve dans ton ressenti @Louise Pétrouchka mais j'ajouterais un truc qui moi m'a vraiment marqué : c'est le coté représentation LGBT de cette coupe du monde . Je prend l'exemple de Rapinoe, elle est en effet engagée pour la défense des minorités mais c'est aussi la 1ère joueuse lesbienne out et une vrai personnalité engagée sur ce terrain. Je trouve dommage de ne pas l'indiquer, même si évidemment elle ne se réduit pas a son orientation, elle le revendique de façon totalement militante. Cette coupe du monde a été la plus friendly de l'histoire avec le plus grand nombre de joueuses out sur le terrain ainsi qu'une entraineuse et une arbitre si j'ai bonne mémoire (contre aucun joueur pour la coupe du monde masculine). Pour les lesbiennes/bi/queer je pense qu'elle a été un vrai moment historique. Personnellement ça m'a fait quelque chose de voir à la télévision autant de rôles modèles, et je pense que je ne suis pas la seule .
Édit : pour aller plus loin, http://www.slate.fr/story/179412/vi...YDiGYiXKQfGUGIwzBLTYmNUwqU#Echobox=1562412705
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