J’ai un aveu à vous faire. Je suis, depuis ma plus tendre jeunesse, ce qu’on pourrait appeler une fan – mais plutôt du côté adepte que du côté groupie obscure de la force – d’Indochine. « L’Aventurier, les années 80, Isabelle a les yeux bleus et la mèche noire »(merci les raccourcis).
Je fais partie de la « fournée Paradize », de la génération-wagon qui a repris le train en marche en 2002. Je n’ai pas la foi du prosélyte. J’ai accroché toute seule, dans mon coin, un peu comme un plaisir solitaire, et c’était bon. Il est sans doute arrivé qu’à un moment x ou y ces textes m’aient parlé plus qu’ils ne l’auraient fait à une autre période de ma vie. Mais le fait est qu’aujourd’hui, presque dix piges plus tard, plus éclectique et plus mature sur mes goûts musicaux, Indochine reste définitivement ma came, et ma came favorite. Question de fidélité, on m’appelle Lassie.
La machine à rattraper le temps
Mercredi dernier, à l’occasion d’une conférence de presse aux Victoires de la Musique, j’ai donc rencontré le fameux groupe Indochine. Point d’impact 5. 4. 3. 2. 1. 0 : que se passe-t-il quand toi, jeune femme – plus que jamais en quête de sens et d’élégance dans ta fraîche vie d’adulte – tu rencontres soudain le fruit béni de tes amours fantasmagoriques d’adolescente primesautière ?
Voici 3 points sur le pourquoi du comment tu as beau être une adulte raisonnée et responsable, tu ne seras jamais digne devant l’idole de tes primes années.
- Le sex symbol
Je ne me considère pas comme une fan hardcore et encore moins comme une groupie hystérique. Savoir à quelle heure Nicola (le chanteur et leader du groupe (et sans S silteplaîtmerci)) – va sur le trône et s’il fait bien son rototo tous les soirs, ne fait pas partie de mes désirs les plus tantriques.
Mais quand bien même, il bouge admirablement bien son petit postérieur sur scène et d’autres raisons qui m’appartiennent en font mon master of sex numéro un sur l’échelle masculine. Ça ne s’explique pas. Voilà pourquoi, malgré toute la grâce et le respect qui m’incombe en tant que chroniqueuse mode, cheveux-au-vent, je n’ai pu m’empêcher de mouiller ma petite culotte comme une collégienne lorsqu’il s’est retrouvé à 5 cm de moi. Donne-toi tous les grands airs que tu veux, devant l’incarnation de notre objet de désir, on fait toutes pipi, épicétout.
- Les souvenirs merdiques
Nan puis bon, tu te ressaisis quand même. Merde, vous êtes d’adultes à adultes, entre personnes tout à fait normales – 30 ans de carrière, une douzaine d’albums, il a rempli un stade de France. Nan, il-n-y-a-aucun-problème.
Te reviennent alors, coup d’élastique dans ta tronche, tous ces p’tits trucs d’ados premier degré dont on se dit toutes, et invariablement toutes : « Bordel, j’étais atteinte quand même… ». Et je ne te parle pas seulement de tes murs recouverts de posters ni de vers paillards dans ton journal intime.
Non, je te parle aussi d’actes qui te suivront ad vitam aeternam – jusqu’à imaginer ta propre signature en fonction d’un des symboles du groupe par exemple (oui ma signature officielle est inspirée de la croix indochinoise, y’avait même tout un processus de réflexion dans son élaboration, vé-ri-dique). Et au final : « Bonsoir Nicola » et BIM, souvenirs merdiques qui te retournent la tête et te mettent mal à l’aise en amorçant le point numéro 3.
- Tout ce que tu aimerais dire/ne pas dire, faire/ne pas faire
Qu’on pourrait résumer par mouvements incontrôlés. Avec la horde de journalistes, caméras à l’appui, micros aux poings, on avait plutôt l’air finaud, mon moleskine et moi dans un coin. Mais l’accomplissement de toute une vie donnerait des ailes à n’importe qui et le rendrait capable des actes les plus désespérés héroïques. Me voici donc, tapie dans l’ombre, attendant mon heure.
Et tu as beau te répéter en ton for intérieur les saintes paroles du chef : « Tu y vas en tant que journaliste Emilie, pas en tant que groupie, reste digne ! » – coucou patron, ferme les yeux – quand il arrive tu envoies tout péter. Au feu la dignité ! Au bûcher le journalisme ! « Un otografsilteupléééé Nicolaaa » *filet de bave au coin de la lèvre*
Fuite urinaire incontrôlée
Grand classique que je ne pensais lire que dans la presse féminine : lui filer le bouchon au lieu du stylo – « Je vais avoir du mal, tu sais » – là, tu penses à 1/ te faire empaler sur un pilori, 2/ plonger dans de l’huile bouillante ou 3/ te faire arracher les ongles des doigts un par un. Mais en général tu te contentes de glousser, de rougir et de faire passer ta connerie avec un grand sourire de débile profonde. « Oups ! »
Avec le recul, j’me dit que j’ai été p’tite joueuse. Même pas de bisou en loussedé, même pas de photo-duo souvenir (avec duckface intégrée). Quitte à être au 36ème dessous de la dignité, pourquoi pas aller visiter le 37ème après tout.
Mais non Edith, je ne regrette rien. Ça m’a même fait chaud au coeur tiens, parce que je me suis rappelée de cette adolescente, de ses grandes passions et de ses beaux fantasmes. Et j’aurais bien voulu lui dire : « Eh, tu vois, on y est arrivé », clin d’oeil à l’appui.
Cadeau Bonux : Y’a Nicola qui a bien voulu faire une p’tite cassdédi à madmoiZelle. Ça se savoure, comme un chocolat sous la langue.
https://www.youtube.com/watch?v=eJsz69X-wfs
Alors, et toi, y a-t-il une personne qui te fait le même effet ? Et si tu la voyais, tu réagirais comment ? Bon, désolé pour celles dont feu les idoles sont mortes, votre dernier trip, ça peut être quoi ? Pèlerinage sur sa tombe ?
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