Le 25 novembre 2020
Face à des chiffres glaçants, impossible de le nier la réalité.
À l’occasion de la Journée internationale des droits de l’enfant, l’association Face à l’inceste a publié une enquête sur un sujet encore tabou en France ce vendredi 20 novembre. Selon les résultats, un Français sur dix affirme avoir été victime d’inceste… soit 6,7 millions de français.
Un chiffre inquiétant, qui a triplé en dix ans : en 2009, le nombre de victimes s’élevait à 2 millions. Face à cette hausse terrifiante, l’association tente d’alerter le gouvernement contre ce qu’elle considère être un « scandale de santé publique ».
D’après, Isabelle Aubry présidente de l’association,
« L’inceste tue, l’inceste réduit la durée de vie en moyenne de 20 ans. Une victime fait au moins une tentative de suicide au cours de sa vie. »
6,7 millions de victimes de l'inceste. AU MOINS. Ca veut surtout dire 6,7 millions qui osent en parler. Aidez nous à briser la loi du silence. Aidez nous à briser le tabou. Publiez le hashtag #Facealinceste . Signez la pétition sur le site https://t.co/5HktGmDINk pic.twitter.com/FETwp7dtBJ
— Masdoua Julien (@MasdouaJ) November 20, 2020
« Nous ne pouvons plus garder le silence »
Selon Face à l’inceste, la hausse des chiffres est sous-évaluée notamment à cause du silence autour de ce sujet. Pour lutter contre un tabou, il faut commencer par le nommer. Or on entend très rarement le terme « inceste », préférant bien trop souvent la formulation «pédo-criminelle ou pédophile ».
La libération de la parole des victimes reste encore délicate, même si le mouvement #MeToo en a encouragé certaines à se déclarer.
Autre raison qui explique ce chiffre : le silence des hommes.
« Peu d’hommes se déclarent victimes. Selon les sondages, il serait seulement 22% à avoir pris la parole », assure Isabelle Aubry.
[Communiqué de Presse] #facealinceste 6,7 millions de victimes d’inceste en France : un scandale de santé publique !https://t.co/HnAc9p5JRp pic.twitter.com/dQlegcHt3V
— Face à l'inceste (ex AIVI) (@Facealinceste) November 19, 2020
Pourtant, aujourd’hui 32% des Français disent connaître au moins une victime d’inceste dans leur entourage, et 29% d’entre eux déclarent que cette personne victime qu’ils connaissent, c’est eux.
Pourtant, prendre la parole pour dénoncer l’inceste est une étape que beaucoup de victimes ne franchissent pas.
« En moyenne, une victime met seize ans pour parler », assure la présidente de l’association.
Elle poursuit : « Dans 84 % des cas, on demande aux enfants qui parlent de se taire. » Par conséquent, ils sont condamnés à rester dans le foyer dans lequel ils subissent l’inceste.
Changer la loi pour lutter contre l’inceste
Afin de lutter contre ce phénomène, Face à l’inceste exige un changement de la loi.
« Nous devons protéger nos enfants en considérant qu’il ne peuvent pas donner leur consentement à l’inceste, il faut faire évoluer cette loi d’un autre temps », alerte Isabelle Aubry.
Actuellement en France, la loi dispose que :
- Tout acte sexuel entre un majeur et un mineur ou un adolescent de moins de 15 ans est une atteinte sexuelle. Un délit punit de sept ans de réclusion criminelle et 100 000 euros d’amende.
- Si une relation sexuelle sans pénétration est commise sans le consentement de la personne, les faits sont qualifiés d’agression sexuelle. C’est un délit jugé en correctionnelle puni de dix ans de prison et de 150 000 euros d’amende lorsque la victime à moins de 15 ans
- Si l’acte sexuel implique une pénétration et est commis sans le consentement de la victime celui-ci est qualifié de viol. C’est un crime jugé aux assises passible de vingt ans de prison si la victime a moins de 15 ans.
Donc, lors d’un procès le ministère public doit apporter la preuve de l’absence de « consentement » de l’enfant. Il doit démontrer que les faits se sont produits sous la menace, la violence, la contrainte ou la surprise.
Dans le cadre d’un inceste, les enfants ne sont pas toujours capables d’exprimer leur absence de consentement, surtout face à un membre de leur famille en qui ils ont a priori confiance.
Récemment, le 12 novembre 2020, la Cour d’Appel de Versailles a réaffirmé qu’une fille de 13 ans n’avait pas pu apporter la preuve de l’absence de consentement.
Elle a dont requalifié les plaintes pour viol en réunion contre trois pompiers de Paris en « atteinte sexuelle sur mineur ». Résultat : ils seront jugés en correctionnelle et non pas aux assises.
Selon l’enquête Ipsos pour Face à l’inceste, 82% des français sont favorables à un changement de la loi en 2020.
L’association, qui a lancé le vendredi 20 novembre une campagne à la télévision et sur les réseaux sociaux pour inciter le grand public à demander la modification de cette « aberration législative » souhaite également que les crimes sexuels sur mineurs soient imprescriptibles.
?Je remercie pour leur implication toutes les associations et partenaires mobilisés ce matin aux côtés d'une équipe interministérielle.
Le bien-être de l'enfant est une priorité partagée #JourneeMondialedelEnfance @MinSoliSante @Interieur_Gouv @justice_gouv @education_gouv pic.twitter.com/Q2EBsqd8KY— Adrien Taquet (@AdrienTaquet) November 20, 2020
Vendredi 20 novembre, lors de la journée internationale des droits de l’enfant, le secrétaire d’État Adrien Taquet, chargé de l’enfance et de la famille, a rencontré la représentante de l’association Isabelle Aubry pour la première fois.
« Le mot inceste a été prononcé par le secrétaire d’État est c’est déjà une victoire pour nous mais il faut aller plus loin et prendre des mesures »
souligne la présidente de l’association.
Ils ont évoqué les différentes propositions faites par l’association dont la suppression du consentement pour les enfants en cas d’inceste. Une mesure à laquelle Adrien Taquet affirme être favorable à titre personnel.
En attendant que les choses changent, face à la maltraitance, agissez ! Et même dans le doute, appelez le 119.
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