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Vie quotidienne

Fille d’alcoolique, voici comment j’ai trouvé de l’aide

Dix ans après avoir coupé les ponts avec lui, le père alcoolique de Marie est réapparu dans sa vie. Elle raconte par quel chemin elle est passée pour renforcer sa confiance en elle et en ses décisions.

Je t’ai déjà raconté sur Rockie pourquoi j’avais coupé les ponts avec mon père alcoolique, et comment un coup de fil avait rebattu les cartes de notre relation.

Les enfants de personnes alcooliques ont souvent du mal à se construire.

Parce que j’avais besoin de comprendre pourquoi je ressentais ce besoin de le sauver et parce qu’un jour, une peur irrationnelle de rater ma vie m’a rattrapée, j’ai commencé à me renseigner.

Fille d’alcoolique, je cherche des réponses

Je me demandais si ce que je ressentais était normal, si d’autres avaient vécu une histoire similaire et surtout… s’ils s’en étaient sortis.

À l’époque, je n’étais pas à la recherche de solutions pour vaincre mon anxiété, je cherchais surtout à me rassurer d’avoir pris la bonne décision de rompre tout contact.

Alors j’ai commencé à lire des choses plus ou moins sérieuses sur l’alcoolisme et ses conséquences. Et au fil de mes lectures, j’ai fini par trouver une forme de réconfort.

J’ai commencé par constater que j’avais de la chance d’avoir eu une mère très équilibrée qui m’a toujours soutenue et m’a permis de ne pas sombrer dans un cycle d’échecs. Grâce à elle, j’ai entretenu une dynamique d’acceptation de mon histoire.

Mais je pense que mon travail d’acceptation a aussi été encouragé par trois autres solutions, que j’aimerais te détailler.

Les réunions Al-Anon et Alateen, pour les proches d’alcooliques

Les histoires familiales douloureuses ne sont pas forcément des sujets qu’on a envie de mettre sur la table pendant les déj de famille.

Quand j’étais petite, ma mère a eu un bon réflexe en nous proposant à mon frère et moi de rejoindre les réunions des Alateen, des groupes de parole spécifiquement créés pour les enfants proches de personnes alcooliques.

De temps en temps, nous montions sur Paris et une fois dans la salle, nous pouvions choisir d’écouter les autres ou de parler.

Même si au début nous y allions à reculons, ce travail de parole nous a permis de ne pas faire de ce sujet un tabou entre nous. Avec le recul, je crois même que ça a renforcé nos liens.

Sache qu’en France, il existe 200 groupes Al-Anon et Alateen que tu peux rejoindre sans te justifier ni dépenser un centime.

Une petite précaution cependant si tu es athée : tu seras peut-être surprise de tomber sur un groupe de parole qui s’appuie sur des prières, mais ce n’est pas le cas de tous. L’organisation Al-Anon n’est affiliée à aucune religion ou institution.

Fille d’alcoolique, la psychothérapie m’a aidée

Culpabilité, anxiété, perfectionnisme, suractivité, parentalisation, manque de confiance en moi… Il y a quelques années, je suis tombée dans le creux de la vague.

Je doutais constamment de moi, de mes compétences et de la voie pro dans laquelle je pourrais m’engager et je me perdais dans des boucles mentales sans issue.

J’étais au chômage à Paris et mes finances ne me permettaient pas d’envisager une psychothérapie sur le long terme.

J’allais abandonner et attendre indéfiniment d’être reçue dans un Centre médico-psychologique quand je suis tombée sur les consultations gratuites de l’Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie (A.N.P.A.A.).

L’asso dispose de plusieurs centres en France qui accueillent à la fois des personnes en situation d’addiction et leurs proches. Pendant plusieurs mois, j’ai pu rencontrer régulièrement une psy qui savait précisément comment m’aider.

Parler à une psy qui ne me culpabilisait pas et comprenait pourquoi j’avais certains comportements a été super libérateur.

Et elle était tellement compétente qu’aujourd’hui encore, je la consulte dans son propre cabinet, plus nécessairement pour comprendre mon passé mais pour construire sereinement mon futur.

Raconter mon histoire de fille d’alcoolique, pour l’apprivoiser

La honte. C’est un sentiment que j’ai longtemps éprouvé quand on me demandait innocemment : « Et toi, ton père, il fait quoi ? ».

Comme si sa maladie avait déteint sur moi, comme si j’étais responsable de lui, j’avais tendance à esquiver la question avec les nouveaux venus.

On ne tire pas de fierté à avoir un parent alcoolique et dès qu’on peut, on le cache.

J’ai eu la chance de grandir avec une mère courageuse et très attentive. À chaque passage compliqué, elle nous a exprimé ses sentiments et a cherché à connaitre les nôtres.

Elle ne nous a jamais rien caché et s’est toujours rendue disponible pour nous écouter, tout en gérant une vie familiale toute seule. Ce réflexe a été salvateur.

Avant de publier cette série d’articles sur Rockie, j’ai longuement hésité à les signer en mon nom. Et puis au moment de l’envoyer, je me suis rendu compte que ça faisait partie du processus.

Faire changer la honte de camp

Qu’en racontant mon histoire en mon nom, aussi intime soit-elle, j’enverrai le message que la honte peut changer de camp et je l’apprivoiserai.

J’ai compris aussi que mon passé, mon enfance et mes parents ne définissaient pas qui j’étais.

Comme tout le monde, j’ai des cicatrices inscrites si profondément dans mon âme qu’elles déterminent parfois mes décisions.

Mais en acceptant mon histoire, en faisant le deuil de l’enfance innocente que je n’ai pas eu, en étant reconnaissante de l’équilibre et de l’amour que ma mère m’a porté, je me libère petit à petit, jour après jour, de mon destin de fille d’alcoolique.

J’ai le droit d’être heureuse. Et surtout, j’ai le droit de choisir qui partage ma vie.

Alors si toi aussi tu es en lutte avec les mêmes démons, j’espère que mon histoire t’aura permis d’être en paix avec tes choix.

Et je t’invite à partager ta propre histoire et tes conseils dans les commentaires.

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