Pendant quelques jours, j’ai pu arpenter les rues d’Avignon, flânant au rythme des installations de cirque de rue et slalomant entre les comédiens distribuant des tracts, plus nombreux peut-être que les touristes eux-mêmes.
Pour bien comprendre cette effervescence, il faut savoir que le Festival d’Avignon n’est pas seulement à destination du public. Il s’agit également pour les troupes d’attirer des professionnels, susceptibles d’acheter leurs pièces, par exemple pour une mairie, un festival… Les compagnies théâtrales peuvent s’endetter lourdement pour louer un petit coin de scène, un logement, et pour les tracts qui feront, peu- être, leur succès.
Et la concurrence est dure, chaque année les spectacles sont plus nombreux : certains ont les honneurs du « in », sélection officielle subventionnée, la majorité fait cependant partie des spectacles « off », où participe qui veut… s’il parvient à financer son séjour !
Le tout sur fond de crise sociale comme nous vous l’expliquions dans Je veux comprendre — Les intermittents et leurs revendications.
Parmi ces spectacles, j’ai pu en découvrir trois qui m’ont charmée. Petite revue !
Marine Baousson fait crépiter Avignon — À voir entre potes
Marine Baousson fait partie de ces humoristes qu’on aime bien suivre sur madmoiZelle : ses spectacles sont drôles, elle joue bien et le tout avec une petite pointe d’ironie qui fait du bien à l’humour dit « féminin ».
À noter que ce n’est pas la première fois que Marine se retrouve à Avignon et que ses aventures se retrouvent sur sa chaîne YouTube ! C’est une bonne façon de se mettre dans le bain et de faire connaissance avec les traditions du Festival, avec en premier lieu le fameux tractage :
Vous pourrez voir Marine Baousson à Avignon tous les jours à 17h30 au théâtre à l’Arrache, mais également à Nantes à la rentrée de septembre, à la Petite Salle, à 21h.
Marlaguette de la Polycompagnie — À voir avec des enfants
À Avignon, j’ai vu des spectacles pour enfants. Et comment dire… Des princesses qui deviennent belles en devenant gentilles, en 2014, vraiment ?
Heureusement, j’ai aussi vu
Marlaguette, mis en scène au théâtre de la Luna tous les matins à 10h.
Marlaguette, c’est l’histoire d’une petite fille débrouillarde qui n’a pas peur de se balader dans la forêt, et qui met une tannée au loup qui prétendait la manger. Mais Marlaguette a bon coeur et va prendre soin de la bête jusqu’à ce que le loup lui-même se prenne d’amitié pour la fillette. Parviendra-t-elle à lui apprendre les bonnes manières, voire à le rendre… végétarien ?
La mise en scène est inventive, propre à susciter les « oooh » et les « aaah » des enfants, mais surtout, elle ne les prend pas pour des imbéciles et n’hésite pas à leur faire peur quand l’histoire le demande, un peu à la manière d’un dessin animé de Miyazaki. On en savoure d’autant plus un dénouement à la morale subtile.
Ce qui était originellement un conte du Père Castor se transforme donc en comédie musicale intelligente dont vous pouvez découvrir la bande-son ici !
Vous pourrez retrouver ce spectacle à Paris du 18 août au 12 octobre, à 15h ou 15h30 au théâtre du Astral-Parc Floral dans le 12ème.
Largo Desolato de la Compagnie Libre d’Esprit — À voir avec un-e esthète
Pièce à la tonalité beaucoup plus sérieuse, Largo Desolato est de ces moments de théâtre qui laissent un peu sonné-e à la sortie de la salle.
Nikson Pitaqaj, le metteur en scène, propose à 16h40 les jours impairs, à l’Espace Alya, la pièce Largo Desolato de l’auteur tchèque Václav Havel.
Elle raconte l’histoire de Léopold Kopriva, philosophe vivant cloîtré chez lui, dans la peur d’être embarqué de force « là-bas ». Chaque entrée de scène, donc dans son appartement, est l’occasion de renouveler sa terreur ou de lui apporter un court instant de répit : qui toque, ami ou ennemi ? La frontière est de toute façon mince…
https://youtu.be/tPQ0En2YBvE
La peur le paralyse, il n’écrit plus, ne fait plus l’amour. C’est qu’on attend beaucoup de Léopold : il doit finir la révolution (culturelle, politique ? Ce n’est pas ce qui importe) que ses écrits ont amorcée. Parviendra-t-il à ne décevoir personne ?
Vous pourrez retrouver cette pièce à Paris, à l’Espace Culture Tchèque, du 2 au 20 décembre.
Je vous conseille vivement de noter ces dates dans vos agendas si vous ne pouvez pas vous rendre à Avignon ! Les rôles féminins y sont particulièrement intéressants : Lucy, par exemple, femme éperdument amoureuse, n’est pas la simple amante dévouée que l’on croit, et sa passion lorsqu’elle tourne à la révolte nous offre un monologue puissant.
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Pour ma part, je suis allée voir :
- "La tragédie du dossard 512" où Yohann Metay, seul sur scène, raconte comment il s'est retrouvé à participer à une course à pied autour du Mont Blanc, et comment il l'a vécue. C'est vraiment très drôle ! (Par contre, les plus jeunes s’ennuieront, car ils ne comprendront pas forcément toutes les blagues)
- "J'ai oublié un truc...mais ça va revenir" de Benoît Rosemond. Un homme à la mémoire impressionnante, que la mention "calculatrice non autorisée" pour l'épreuve de Math n'aurait pas effrayé ! C'était chouette
- "Quentin, Woody, Steven et moi" interprété par Jean-Baptiste Guinchard et Julie Rattez/ écrit par Nicolas Maury : je ne savais pas trop comment résumer, alors voici un lien: http://www.billetreduc.com/116799/evt.htm
J'ai trouvé ça chouette aussi !
-"Les précieuses ridicules" de Molière : J'ai lu de très bons avis sur Internet, mais je n'ai pas trop accroché
- "Les colocataires" par Coralie Lascoux, Yoann Chabaud, Delphine Grand, Jérémy Charbonnel : Un spectacle d'improvisations ! C'était une première pour moi, et j'ai vraiment adoré
Je ne sais pas si mon roman va servir à quelqu'un, mais sait-on jamais