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Féminisme

Non, Alix Girod de l’Ain, nous ne sommes pas des princesses

Et hop, ça y est, le débat Madame/Mademoiselle a été relancé ! Ça s’est passé sur Elle.fr, via l’édito d’Alix Girod de l’Ain, intitulé « Après vous Mademoiselle ? ». Ah bah non, Madame Girod de l’Ain, pas du tout…

Et finalement, c’est un tout autre débat qui s’est créé. Cet édito se termine sur deux phrases qui ont fait bondir bon nombre de lectrices :

« A la limite, si on doit changer quelque chose sur les formulaires administratifs, il faudrait rajouter une case : « Pcsse ». Mariées ou pas, jeunes ou vieilles, ce qu’il faut revendiquer, c’est notre droit inaliénable à être des princesses. »

… Alors voilà, mesdemoiselles/mesdames, réjouissez-vous : en 2011, on nous demande encore et toujours d’être des princesses.

Nous passerons :

  • Sur les arguments bancals contre la suppression de la case « mademoiselle » dans les formulaires administratifs – j’aimerais répondre à une militante anti-mademoiselle « non mais attends, Mademoiselle Catherine Deneuve quoi ! » et voir ce qu’elle a à répondre à ça.
  • Sur ces paradoxes entre « nous sommes des femmes libres et indépendantes » et « j’suis bien contente qu’on me siffle en m’appelant mademoiselle et en matant mon cul, et qu’on m’offre du basilic gratos pour mes beaux yeux ».
  • Sur l’incompréhension totale du débat, pour le réduire à un vague « madame = femme mariée, donc pour être femme il faut être mariée, et quand on est mariée on est pas libre ».

En revanche, on s’arrêterait bien un peu sur ces deux foutues phrases de fin. « Ce qu’il faut revendiquer ». « Notre droit inaliénable à être des princesses« . Rappelez-moi vite fait dans quel siècle on vit ?

 Qu’une femme encourage d’autre femmes à se revendiquer comme des princesses, à notre époque, dans l’ambiance actuelle, après tous ces combats, ça me dépasse complètement.

Nous ne sommes pas des princesses. Nous ne sommes pas des demoiselles en détresse. Nous ne sommes pas enfermées dans un donjon, à attendre la venue d’un prince charmant pour nous délivrer de notre terrible sort. Nous n’avons pas besoin d’attendre cette rencontre magique pour commencer à vivre. Nous ne passons pas des bras de nos pères à ceux d’un homme. Nous ne nous évanouissons pas au moindre choc, en espérant que des bras forts et musclés soient là pour nous rattraper. Nous n’attendons pas que qui que ce soit mènent nos batailles à notre place.

Nous ne sommes pas (toutes) des petites précieuses fragiles et désinvoltes. Une princesse est soumise à l’autorité de son père, puis de son mari. Une princesse est enfermée toute sa vie, coupée du monde, séquestrée. Une princesse n’a pas son mot à dire, pas d’opinion à exprimer, pas d’arguments à avancer. Une princesse ne se bat pas – elle attend dans la tour du château en poussant des soupirs. Les princesses sont passives, seules, servies, isolées.

Les princesses font des conneries (comme aller toucher un fuseau empoisonné du bout du doigt) et attendent sagement qu’on vienne les réparer. Elles servent des hommes (ou des nains) et attendent qu’on vienne les sortir de là pour qu’elles aillent en servir d’autres (des princes). Les princesses sacrifient tout pour être vues, remarquées, aimées par des hommes. Elles prétendent être quelqu’un d’autre pour éviter que leur prince ne découvre qu’elles ne sont que des souillons. Les princesses n’ont qu’un but : plaire à leur prince, se faire aimer de lui, et vivre heureux et avoir beaucoup d’enfants.

Nous ne sommes pas des princesses. Nous sommes des femmes, toutes plus différentes les unes que les autres, différences que nous n’hésitons plus à revendiquer. Il n’y a pas qu’une façon d’être femme. C’est parce qu’on a voulu nous faire croire aux princesses qu’on en est à flipper quand quelqu’un voit notre « vraie » nature. C’est parce qu’on nous a dit qu’il ne fallait pas faire de vagues, être belles, être souriantes, sinon ton prince ne te remarquera jamais, qu’on a peur de finir seules et moches. C’est parce qu’on attend de nous qu’on adopte un comportement irréprochable, « féminin » et anti-féministe au possible, qu’on est aussi paumées aujourd’hui.

Non, Alix Girod de l’Ain, on vit au XXIème siècle, on n’est pas des princesses et c’est tant mieux.

Edit : Inutile de crier votre indignation dans les commentaires de l’edito, puisqu’entre temps, les nombreuses réactions indignées ont été supprimées… Des problèmes de digestion peut-être ?


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Les Commentaires

99
Avatar de Superbrocolis
25 janvier 2014 à 20h01
Superbrocolis
Je n'ai rien contre le fait qu'on nous appelle "mademoiselle". A condition que l'on appelle les garçons de notre âge "damoiseaux". A condition que l'on puisse, nous aussi, s'adosser aux murs de la ville et leur lancer : "Oh damoiseau, j'kiffe trop ton boule, t'as pas un 06 la?".
Mais personne ne songe à appeler un garçon damoiseau. Pourquoi?
Parce que c'est stupide.
Donc, si nous n'appliquons pas cette absurdité aux hommes, ne l'appliquons pas aux femmes.
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