Il y a quelques semaines, l’artiste Emma a mis en ligne une BD sur la « charge mentale ».
Ce terme désigne le fait que les femmes, qui accomplissent déjà plus de tâches ménagères que leurs conjoints, ont aussi en tête l’organisation de ces tâches, ce qui fait qu’elles s’en occupent même pendant leurs moments de loisirs.
La BD, intitulée Fallait demander, est devenue virale et beaucoup de femmes se sont reconnues dans ce déséquilibre. Emma mettait l’accent sur les nouveaux parents, et a inspiré Naro Sinarpad, ingénieur, qui a lancé une pétition.
Une pétition pour un meilleur congé paternité en France
En France, le congé paternité est de 11 jours. Le congé maternité, lui, peut monter jusqu’à 26 semaines pour le troisième enfant, 16 semaines pour le premier.
Naro Sinarpad a donc lancé une pétition demandant l’allongement du congé paternité à 4 semaines.
« En moins de deux semaines, le deuxième parent laisse sa femme et repart travailler… […] Ce départ est souvent vécu aussi bien par les deux conjoints comme un traumatisme.
Si le congé paternité était rallongé cela permettrait :
- de permettre aux pères de tisser dès les premiers temps des liens privilégié avec leur enfant
- d’aider les mères dans les premiers temps où la prise en charge d’un enfant est si difficile
- d’atténuer les inégalités liées aux interruptions de carrière en rapprochant les durées des congés paternité et congé maternité
- d’impliquer très fortement les pères dans l’éducation des enfants dès les premiers temps
- de ne pas pousser les femmes vers le rôle de mère au foyer. »
Naro Sinarpad s’appuie également sur une étude selon laquelle il faudrait au moins 21 jours pour changer ses habitudes. Soit 10 de plus que le congé paternité existant. Selon une autre étude, ça mettrait même 66 jours !
Konbini revient sur les origines des congés parentaux et les conséquences de ces durées drastiquement différentes. L’article rappelle également que seulement 7 pères sur 10 prenaient, en 2013, leurs jours légalement disponibles.
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La pétition de Naro Sinarpad se veut comme un complément de celle-ci, et a réuni à l’heure ou j’écris ces lignes près de 10 000 signatures.
La solution existante pour les nouveaux pères voulant s’arrêter de travailler
Une réforme du congé parental datant de 2014 visait à ouvrir de nouveaux droits au second parent (souvent le père, donc).
- « Alors que le congé parental n’est que de 6 mois pour le premier enfant, la prestation d’accueil partagée alloue 6 mois pour le deuxième parent (bien souvent le père) dès le 1er enfant.
- Dès le 2ème enfant, la prestation d’accueil partagée réserve six mois minimum à l’autre parent, sans quoi le congé parental est réduit à 30 mois s’il n’est pris que par un seul parent.
- Le dispositif est souple : les deux parents peuvent continuer à travailler, et bénéficier tous les deux d’un temps partiel. »
Cette réforme faisait partie de la loi sur l’égalité réelle entre les hommes et les femmes, entrée en vigueur le 4 août 2014. C’était l’élargissement d’un dispositif existant, le CLCA (Complément de Libre Choix d’Activité).
Ce dispositif permet d’interrompre son activité professionnelle jusqu’à 6 mois (pour le premier enfant) après la fin du congé parental, qu’on soit la mère ou le père.
Il existe donc déjà une possibilité de prendre du temps pour s’occuper de ses enfants, en-dehors du congé paternité en lui-même.
Par contre, l’aide financière apportée par le CLCA ne remplace pas l’intégralité du salaire.
Si le père gagne davantage que la mère, il est financièrement plus avantageux que la mère interrompe son activité, remplaçant son salaire plus faible par l’aide du CLCA.
Encore un exemple que les inégalités salariales sont un cercle vicieux : la mère s’interrompt car elle gagne moins. Du coup, elle a un trou plus conséquent dans son CV… et relancer sa carrière est plus difficile… donc elle gagne moins.
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De l’importance des contenus viraux pour faire changer les choses
Certaines personnes critiquent ceux et celles qui militent en ligne pour des changements sociétaux. En mode « on ne va rien changer avec un like ».
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Mais la BD d’Emma, partagée plus de 200 000 fois, a motivé une pétition, soit une action concrète pour attirer l’attention du gouvernement.
Faire parler d’un sujet de société, c’est souvent le premier pas vers un changement concret.
Dans ce cas, cependant, le CLCA est déjà une solution. Elle n’est pas toujours financièrement optimale (ça dépend des couples et de leurs revenus), mais permet tout de même jusqu’à 6 mois au foyer après le congé parental !
Espérons que de plus en plus de pères aient recours à cette option, afin de montrer qu’en tant que société, on ne considère plus l’éducation des enfants comme une tâche « maternelle »… et qu’on débouche, peut-être, à un allongement logique du congé paternité.
Vas-tu signer cette pétition ? Penses-tu qu’un allongement du congé paternité serait bénéfique aux deux parents ?
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Les Commentaires
@Nochbert le dragon : sans vouloir absolument généraliser (certes, y a des couples où les tâches sont réellement partagées/l'homme est au foyer), je connais beaucoup de mecs qui se vantent d'être hyper progressistes parce qu'ils "aident" leur copine (déjà, ça en dit long), ou que "chez eux, c'est 50/50".
Et puis en fait 50/50 ou "l'aide" c'est que le gars fait la vaisselle, sort les poubelles, passe le balai et emmène les enfants à l'école un jour sur deux (parfois il monte un meuble en râlant).
Par contre, les courses, la cuisine, tout le reste du ménage, les congés enfant malade, le médecin, les activités extra-scolaires, et la paperasse liée aux enfants (école, assurances etc.), c'est encore Madame.
Toujours sans vouloir absolument généraliser, je soupçonne que l'écrasante majorité de ces facebookiens qui crient au #notallmen appartient à la seconde catégorie.