Le silence crée plus de confusion que de sécurité
Il est tentant de croire qu’en n’évoquant pas le racisme, on évite de l’implanter dans l’esprit des enfants. Or, les études montrent qu’ils observent très tôt les différences physiques, entendent des remarques dans leur entourage et cherchent à comprendre. Ne rien dire peut les laisser vulnérables aux stéréotypes qu’ils entendent ailleurs. Leur répondre avec simplicité, sans honte ni malaise, leur permet au contraire de développer un regard curieux et bienveillant sur le monde.
« Ne pas voir les couleurs » n’aide pas les enfants
L’idée que « nous sommes tous pareils » peut sembler positive. Pourtant, ignorer les différences revient à nier l’expérience de celles et ceux qui subissent le racisme. Si un enfant demande pourquoi la peau d’une personne est noire, il est plus constructif de répondre naturellement : « Oui, c’est sa couleur de peau, et toi, comment décrirais-tu la tienne ? » Ces mots donnent à l’enfant un vocabulaire pour parler des différences, sans en faire un sujet tabou.
Le racisme n’est pas inné
Remarquer une différence ne signifie pas être raciste. Ce qui nourrit les discriminations, ce sont les systèmes qui hiérarchisent ces différences. Les enfants ne « désapprendront » pas seuls : ils ont besoin d’adultes pour leur expliquer que certaines attitudes ou propos sont injustes. Une définition simple peut suffire : « Le racisme, c’est quand des personnes sont traitées mal à cause de la couleur de leur peau ou de leur origine. Ce n’est pas juste et on peut dire que ce n’est pas correct. »
Les parents doivent aussi se questionner
Accompagner son enfant dans ces conversations suppose de s’interroger sur sa propre histoire. Beaucoup d’adultes ont grandi avec l’idée qu’il ne fallait pas parler de race, ou que « tout le monde est pareil ». Pour pouvoir guider, il faut parfois déconstruire ses réflexes et s’informer. Cette démarche, même imparfaite, montre à l’enfant qu’on peut évoluer et continuer à apprendre toute sa vie.
Quand une phrase choque : transformer le malaise en apprentissage
Il arrive qu’un enfant répète une remarque entendue ailleurs, parfois blessante. Plutôt que de le réprimander sèchement, on peut lui demander d’où vient cette idée : « Où as-tu entendu ça ? », « Qu’est-ce que tu voulais dire ? » Ces questions ouvrent un dialogue. C’est aussi l’occasion d’expliquer que certaines croyances, qu’on appelle « stéréotypes », sont fausses et peuvent faire du mal.
Représenter la diversité au quotidien
Les enfants se construisent aussi à travers ce qu’ils voient dans les livres, les films ou les jouets. Leur proposer des histoires avec des héros et héroïnes de toutes origines contribue à normaliser la diversité. Mais plus que tout, c’est l’attitude des parents qui compte : un enfant apprend surtout en observant les mots et les comportements de sa famille.
Mieux vaut essayer que se taire
Parler du racisme n’est jamais parfait : on peut se tromper, chercher ses mots, ou réaliser après coup qu’on aurait pu répondre autrement. L’important, rappelle la psychologue, est d’oser la conversation. Dire à son enfant « Je ne sais pas, mais on peut chercher ensemble » est déjà une façon de lui montrer qu’on avance avec lui.
Un dialogue qui dure
Aborder ces sujets n’est pas une discussion unique, mais un fil qui se tisse au fil du temps. Ces échanges montrent aux enfants qu’ils ont un rôle à jouer, que le racisme n’est pas une fatalité et que chacun peut contribuer à un monde plus juste.
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.



































Les Commentaires