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Féminisme

Colère : Nom féminin, un projet anti-harcèlement de rue — Interview

Colère : Nom féminin vend des sacs et des débardeurs contre le harcèlement de rue. Rencontre avec Laura, sa créatrice.

Vous en avez marre du harcèlement de rue ? Laura aussi. Avec quelques copines, cette jeune femme de 26 ans a créé Colère : Nom féminin, une petite boutique en ligne aux visuels qui font du bien.

« Ta main sur mon cul, ma main sur ta gueule » : le message est clair. Il s’affiche pour l’instant sur des débardeurs et des sacs. Depuis sa création en avril le site a déjà reçu une centaine de commandes. Laura nous raconte la genèse de son projet, son présent et son avenir.

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Gif réalisé par Duduf

  • Comment est née l’idée de Colère : Nom féminin ?

L’idée est venue en deux temps… l’année dernière, un mec m’a bousculée dans la rue et m’a gentiment appelée « viande à viol ». J’en ai gerbé et j’ai compris que non, les conneries du style « ça arrive qu’aux autres, dans une ruelle sombre un soir de pleine lune », c’est du flan. J’en ai fait un article qui a été massivement (à mon échelle hein, je suis toute petite) diffusé… j’ai compris que beaucoup de gens ont peur et sont en colère.

Le deuxième déclic fut la seconde agression de Jack Parker et les commentaires qui ont suivi. Dégueulasses. Pas croyables. Je suis pas « douée » dans la théorie, je ne suis pas faite pour faire des meetings et sensibiliser les gens directement, mais je sais mener un projet et atteindre un but. Donc la solution était là : aider les autres assos qui partagent ma lutte, en passant par un système de vente/dons.

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Jack Parker avec le sac que lui a offert Laura

  • Oui, j’ai vu que 50% du prix sert à payer le produit, et les autres 50% vont à une asso. Tu peux nous dire lesquelles ?

On est encore en « négociations » avec la première, on aimerait que ce soit le collectif Stop au harcèlement de rue

. On attend juste leur feu vert.

Pour le moment, on se fixe comme objectif de changer d’asso au bout de 4 mois environ, en fonction des sommes collectées. On a toutes des envies différentes donc on va faire une liste et essayer d’aider le max de personnes. Ça ira autant à des assos de défense des LGBT que pour des refuges pour femmes battues… la violence, ça englobe tellement de choses qu’on a malheureusement le choix.

  • Comment fonctionne Colère : Nom féminin ?

Concrètement, on fait nos propres slogans et on bosse avec un atelier de sérigraphie nantais qui nous les imprime.

J’ai décidé de prendre très vite la forme d’une association pour pouvoir avoir un compte bancaire et ainsi faire des virements et des dons. Je voulais vraiment marquer le fait que je redistribue les bénéfices, je ne garde rien pour moi une fois le matos réglé.

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  • Tu n’es pas toute seule dans cette histoire…

Quand j’ai eu l’idée, j’ai commencé toute seule. Mais je suis vachement impulsive donc ça sentait le crash rapide. Je me suis entourée de neuf nanas, des amies avec un grand A qui ont toutes de près ou de loin eu un rapport très désagréable avec le harcèlement de rue et surtout qui sont toutes autant « en colère » que moi sur le sujet.

Il y a donc Marion (éditrice), Manon (étudiante en art), Cécile (la graphiste du slogan mais aussi chef de projet), Chloé (photographe), Abigaïl (assistante commerciale dans l’édition), Lily (assistante dans l’édition), Olympe (dans l’informatique), Cassie (couturière de génie), et Soraya (chanteuse et musicienne).

Elles sont ma base et mes Jiminy Cricket ! Je leur soumets toutes les questions sur le projet et leurs réponses me permettent de prendre des décisions sensées. Si je suis à la « base » du projet, je n’en serai toutefois pas là sans elles.

  • Comment tu t’es fait connaître ?

Je n’ai pas vraiment compris. J’ai lancé la page Facebook, mes contacts l’ont tous partagées et en deux jours il y avait 1000 personnes dessus. J’ai bossé dans des milieux qui communiquent énormément via les réseaux sociaux donc ça a été un vrai petit bouche-à-oreilles qui s’est mise en place tout seul !

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  • C’est quoi ton expérience ?

J’ai un DUT en édition/librairie, j’ai ouvert une librairie spécialisée en BD et comics. Ensuite je suis partie, j’ai bossée comme manageuse dans une boutique de tatouage pendant deux ans et j’ai repris mes études en septembre : je fais un master en relations humaines.

  • Comment est-ce que l’association va évoluer ?

Je ne pensais pas du tout atteindre ce nombre de commandes en si peu de temps ou encore avoir des demandes d’hommes par exemples. C’est con maintenant que j’y pense, mais bon !  Donc on va déjà trouver un slogan plus adapté aux hommes, même si certains veulent le même. On le mettra sur un format de t-shirt simple et ensuite on verra. Je ne veux pas tomber dans la boutique « goodies », je veux que ça reste sérieux et efficace, pas que ressembler à une échoppe de souvenirs !

De nouveaux slogans devraient arriver d’ici fin juin : il faut laisser à « Ta main sur mon cul, ma main dans ta gueule » le temps de trouver son public.

 Merci Laura ! Colère : Nom féminin c’est par ici, et vous pouvez aussi aimer leur page Facebook.


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

17
Avatar de Ginsberg
4 juin 2014 à 21h06
Ginsberg
Je me décide enfin à poster, ayant tout juste commandé le t-shirt.
J'espère qu'il fera jazzer dans la rue, provoquera, voire même dérangera, dans le bon sens du terme évidemment.
J'espère que cette initiative permettra enfin un relais médiatique plus important encore que celui opéré actuellement (j'espère me faire comprendre)...
C'est dur de se dire qu'on est obligées d'en arriver là pour se faire entendre.

Ps : Je suis ravie de voir que même les hommes commandent ! Ça fait plaisir de voir que certains se rallient à notre cause.

Edit : Ca fait 3 semaines que j'ai commandé, et je n'ai toujours rien reçu... Dois-je m'inquiéter ?
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