Live now
Live now
Masquer
chanteuses-groupes-pop-legende
Culture

Ces chanteuses sans qui les groupes de pop ne seraient pas ce qu’ils sont

Les chanteuses de pop, tu en connais des dizaines. Mais on sous-estime souvent leur charisme et l’histoire qu’elles ont derrière elles. En voici quatre à découvrir ou redécouvrir !

Cet article a été écrit dans le cadre d’un partenariat avec Gallimard. Conformément à notre Manifeste, on y raconte ce qu’on veut.

De la personnalité, une voix qui fait vibrer les foules, un style un peu à part et une histoire personnelle romanesque : ce ne sont pas tous les ingrédients pour devenir une chanteuse de pop iconique, mais presque. Elles sont nombreuses, les nanas avec un charisme de dingue qui ont apporté paillettes et amour sur les foules, et qui ont fait décoller la carrière des groupes de pop, rock et autre new-wave auxquelles elles appartenaient.

Sans leur look, leur personnalité et leur histoire qui ont fait la différence à un moment ou à un autre, certains groupes seraient peut-être restés à taper sur des boîtes de conserve dans un garage. Voici donc cinq de ces femmes qui ont fait crépiter l’histoire de la musique pop !

Cass Eliott et The Mamas and The Papas

Cass Eliott est la chanteuse principale du groupe The Mamas and The Papas, qui a déferlé en vagues peace and love dans les années 1960. Le groupe était également composé du guitariste John Phillips, de la chanteuse Holly Michelle Gilliam Phillips, et du chanteur Denny Doherty. Cass Eliott est une célébrité un peu fofolle, à qui la non moins célèbre Pénélope Bagieu a consacré sa nouvelle bande-dessinée sensible et musicale, California Dreamin’ ! Pour te la faire brève sans te spoiler tout l’ouvrage, Cass Eliott, de son vrai nom Ellen Naomi Cohen, est née en 1941 à Baltimore. Dès l’enfance, elle avait déjà un sacré caractère.

Après le lycée, elle n’a pas fait d’études, mais s’est lancée dans une carrière entre les planches et la comédie musicale à New York. Elle a ensuite intégré The Trimvirate, un groupe de folk, qui a sorti quelques albums après avoir été rebaptisé The Big 3. Le groupe s’est restructuré une nouvelle fois (décidément) avant de devenir The Mugwumps, avec l’arrivée de Denny Doherty. C’est grâce à lui que Cass Eliott a rencontré les futurs membres de ce qui allait devenir The Mamas and The Papas, en 1965. Et sans la voix de dingue de celle qu’on surnommait « Mama Cass », pas sûr que les trois autres auraient décollé.

Lorsqu’elle s’est lassée du groupe, la chanteuse a repris une carrière solo tout en élevant son bébé, pendant que les plus grandes pointures musicales de l’époque défilaient dans son salon à San Francisco. Elle a aussi animé deux émissions à la télévision. Cass Eliott, qui n’a jamais mâché ses mots, est décédée d’une crise cardiaque en 1974, après une tournée de concerts.

Annie Lennox et Eurythmics

« Sweet dreams are made of this, who am I to disagree ? I travel the world and the seven seas »… tu as peut-être entendu ces paroles chantées par la voix grinçante de Marilyn Manson, mais à la base, il s’agit d’un titre d’Eurythmics, groupe de synth-pop incontournable des années 1980. Eurythmics, c’était Dave Stewart à la guitare et aux claviers, mais surtout Annie Lennox au micro et à la compo.

Annie Lennox a marqué le duo de sa présence, d’abord avec sa voix, à la fois claire et sensuelle, mais aussi grâce à son look, qui ne passait pas inaperçu : coupe à la garçonne courte et peroxydée, costumes masculins-féminins… Bref, elle jouait à fond sur le côté androgyne : dans un des clips du groupe, un Annie-garçon embrasse une Annie-fille. Et Eurythmics n’aurait définitivement pas existé sans elle.

Née en Écosse à Aberdeen, Annie (de son vrai prénom Ann) Lennox a appris le piano et la guitare. Elle a quitté les quais écossais pour rejoindre la Royal Academy of Music à Londres, qu’elle a abandonné à la veille des examens finaux. Ça sent déjà la meuf badass. Mais après ça, elle a enchaîné les petits boulots dans la capitale anglaise tout en jouant avec différents groupes.

C’est en travaillant comme serveuse qu’elle a rencontré Dave Stewart, qui de son côté avait écumé les groupes. Ils ont d’abord formé un couple, puis fondé un groupe baptisé The Tourists, avec un bassiste et un batteur. Ce groupe a sorti trois albums, puis s’est séparé en 1979, et le couple Stewart-Lennox en a fait autant peu de temps après. Ça ne les a pas empêchés de former un duo sous le nom d’Eurythmics, un blaze qui désigne un système de fabrication de la musique développé dans les années 1890. Après avoir accumulé les tubes et soutenu des causes humanitaires, notamment en faisant un concert pour la libération de Nelson Mandela, le groupe s’est séparé en 1990.

Annie Lennox a alors poursuivi sa carrière en solo, mais aussi oeuvré dans un organisme de bienfaisance pour les sans-abri et eu deux enfants. Eurythmics s’est brièvement reformé pour un album et une tournée caritative en 1999, avant de re-disparaître dans les méandres des légendes de la musique. La voix d’Annie Lennox, elle, est toujours aussi cool et aussi classe, et n’a quasi pas bougé, ou alors pour devenir encore plus profonde.

La chanteuse continue à militer contre la propagation du VIH en Afrique du Sud. Le Victoria&Albert Museum a aussi consacré une exposition à son style vestimentaire !

Chrissie Hynde et The Pretenders

Si tu as déjà fait des boums ou regardé un film romantique dans ta vie, tu n’as probablement pas échappé à I’ll Stand By You. Ce titre est l’une des chansons-phares de The Pretenders, un groupe de new wave qui a lui aussi percé dans les années 1980. Pourtant, il n’est pas forcément représentatif de la musique posée mais franchement rock’n’roll du groupe, composé à l’origine du bassiste Pete Farndon, du guitariste James Honeyman Scott et du batteur Martin Chambers, tous réunis autour de la chanteuse, Chrissie Hynde, qui était aussi à la guitare rythmique.

S’il devait y avoir un panthéon des stars les plus iconiques du genre drogue, sexe et rock’n’roll, Chrissie Hynde serait probablement en cure de désintox dedans. Née aux États-Unis, la future chanteuse était déjà du genre électron libre, puisqu’elle a commencé des études d’art à l’université du Kent et a travaillé comme serveuse, avant de partir s’installer à Londres en 1974. Là-bas, elle s’est lancée dans la critique musicale pour le News Musical Express (NME).

Le reste est une suite d’allers-retours : elle a bougé à Paris pour fonder un groupe, mais ça n’a pas marché, alors elle est revenue à Londres où elle a essayé de débaucher le gars qui allait devenir le futur guitariste de The Clash. Avant cela, elle avait travaillé dans le magasin de fringues de Malcom McLaren, le manager du célèbre groupe de punk Sex Pistols, qui l’a intégrée à un premier groupe, Masters Of The Backside. Après avoir traîné dans deux autres groupes, elle a été repérée par Dave Hill, qui est devenu son manager et a créé une formation autour d’elle : The Pretenders, en 1978. Le groupe a aligné les succès en deux albums, mais à vite battu de l’aile à cause de la drogue.

Deux des membres originels du groupe sont décédés d’overdose à moins d’un an d’intervalle et ont été remplacés. La vie de Chrissie Hynde, elle, a parfois été aussi sombre que son personnage scénique. Alors qu’elle était à la fac, elle a été témoin de la fusillade de Kent University, visant les étudiants qui manifestaient contre l’intervention américaine au Cambodge. Dans Reckless, son autobiographie publiée en 2015, elle évoque son rapport à la drogue, et le viol collectif dont elle a été victime à 21 ans par un gang de motards. Elle a d’ailleurs fait scandale en déclarant qu’elle considérait que celui-ci était « entièrement de sa faute » parce qu’elle avait provoqué ses agresseurs...

À lire aussi : Culture du viol, consentement et « zone grise » : des concepts imaginaires ?

Blouson de cuir sur le dos et coupe de cheveux effilée, Chrissie Hynde ressemble encore à la chanteuse énervée de sa vingtaine, peut-être plus posée, mais toujours un peu torturée. The Pretenders ne se sont pas séparés officiellement, mais la chanteuse poursuit sa route. Elle a sorti un premier album avec le chanteur et compositeur J.P.Jones, avec qui elle a été en couple, puis un autre album en 2014, cette fois en solo.

Beth Ditto et Gossip

Un son de Gossip, c’est un peu comme une soirée réussie : en général, ça te donne envie de bouger ton corps dans tous les sens et de sauter sur place, comme en témoigne Heavy Cross. Gossip est un groupe de musique indie-disco en activité depuis le début des années 2000. C’est un trio formé par le guitariste Nathan « Brace Paine » Howdeshell, la batteuse Hannah Blilie, et bien sûr l’incontournable et exubérante chanteuse Beth Ditto, dont la voix et le look servent d’étendard à toute la formation.

Beth Ditto a.k.a Mary Beth Patterson de son vrai nom, est née dans l’Arkansas en 1981. Le début de sa vie a ressemblé à un roman de Dickens : sa mère l’a eue très jeune, a trimé comme une dingue ; l’enfant qu’était la future chanteuse ne connaissait pas son père et a été bringuebalée entre diverses maisons, et notamment celle de sa tante. Beth Ditto a ensuite déménagé à Olympia, où elle a partagé un appartement avec ses potes Katie et Nathan Howdeshell, et a démarré la musique en prenant le micro alors que ces deux-là répétaient dans une cave. Ils ne sont pas allés à l’université, mais ont encore bougé à Portland, avec le meilleur ami de Beth, et ont travaillé dans des fast-foods, avant que le groupe ne finisse par décoller sous le nom de The Gossip, avec Kathy Mendonca à la batterie.

À lire aussi : Le mariage pour tous légalisé par la Cour Suprême des États-Unis !

Dès les débuts du groupe, la chanteuse n’a rien lâché de ses convictions. Beth Ditto a toujours ouvertement affirmé son homosexualité. Et le premier titre du groupe, écrit de sa plume, était une protestation contre le gouvernement de Georges Bush qui avait refusé le mariage gay aux États-Unis. Beth Ditto n’a peur de personne en Harley Davidson, ou presque. La chanteuse a toujours été ronde, et essayer de décomplexer ses semblables est devenu un de ses chevaux de bataille, qu’il s’agisse d’écrire une lettre ouverte à une marque qui « veut pas habiller les gens comme moi », de faire campagne ou de poser nue pour des magazines de musique, érotique ou de mode.

À lire aussi : Une femme en surpoids se défend contre des insultes (et ça devient viral)

Le dernier album de Gossip date de 2012. Tandis que Nathan Howdeshel comme fermier en Arkansas, Beth Ditto a poursuivi sa petite bonne femme de chemin. Elle a tenu une chronique dans The Guardiana défilé pour de grands couturiers, Jean-Paul Gaultier en tête, a lancé sa propre ligne de mode pour Evans, de maquillage pour MAC, bref, a totalement investi l’espace médiatique de sa personnalité. Beth Ditto a d’ailleurs été élue personnalité la plus cool du rock en 2007 par le magazine NME !

Militante, douée et charismatique : que demande le peuple, vous dis-je.

Debbie Harry et Blondie

J’ai longtemps fait partie de l’équipe de ceux qui pensaient que Blondie était le nom d’une chanteuse, forcément blonde, qui implorait « Call me ! Call me call me any-anytime » ou disait qu’elle avait un coeur de glace (Heart of Glass, en V.O). Erreur monumentale, puisque Blondie est en fait le blaze d’un célèbre groupe de new wave qui a percé dans les années 1970-80. Il est formé autour du guitariste Chris Stein, et de la chanteuse Debbie Harry, qui dispose effectivement d’une chevelure blonde, autour desquels gravitent encore Clem Burke, Leigh Foxx, Paul Carbonara, Kevin Patrick et Jimmy Destri. Les beats et les synthés du groupe sont bien sûr menés par la voix élégante et rock de Debbie Harry. Le look punk et peroxydé de la chanteuse (Deborah de son prénom complet) a lui aussi participé à la légende.

Cette dernière est née à Miami, a été adoptée alors qu’elle n’avait que trois mois, et a grandi dans le New Jersey. Après le lycée, Debbie Harry a débarqué à Manhattan et a exercé ses talents dans un groupe de folk, The Wind in the Willows, puis au sein de The Stilettoes, un groupe plus rock. Ce dernier groupe est devenu Angel and The Snakes avec l’arrivée de Chris Stein en 1973. Lui et Debbie Harry se sont rencontrés dans un bar, alors qu’il était étudiant en art. Il est devenu son petit ami. Le groupe, lui, s’est transformé en Blondie.

Avant la gloire, tout n’a pas été simple pour la chanteuse : Debbie Harry a collectionné les petits jobs, d’esthéticienne à pin-up pour le magazine Playboy, en passant par barmaid. Blondie a commencé en douceur, dans un petit label indépendant, avant de multiplier les succès. Le groupe a côtoyé tout plein de personnalités qui pesaient dans le milieu artistique, comme les peintres Andy Warhol et Keith Haring. Les années qui ont suivi ont été un peu hard : le couple-phare s’est séparé, Chris Stein s’est découvert une maladie de peau, Debbie Harry a épongé les dettes de Blondie, et le groupe a éclaté. Il ne se reformera qu’en 1997.

Mais toutes ces années, Debbie Harry a continué à traîner sa silhouette devant les yeux des spectateurs, en particulier au cinéma, dans Hairspray, Vidéodrome ou Ma vie sans moi, entre autres. Elle a aussi entamé une carrière solo, qui a cependant moins marché que n’a pu le faire le groupe qui disait que « d’une manière ou d’une autre, je vais t’attraper ». Bref, si un jour Blondie disparaît, tu n’oublieras certainement pas Debbie Harry.


Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.

Les Commentaires

3
Avatar de Thedreaming
18 septembre 2015 à 00h09
Thedreaming
Les Jefferson Airplane sans Grace Slick, c'est un peu une choucroute sans chou, une tarte aux pommes sans pommes ou un cinnamon roll sans cannelle. Elle a une voix extraordinaire, un charme fou et en plus, elle est juste trop belle et trop stylée, uppyeyes:. Et puis elle était pote avec Janis Joplin (les grandes voix se rencontrent).

Contenu spoiler caché.

Il y a aussi Nico qui a fait une courte mais stellaire apparition aux côtés des Velvet Underground à leurs débuts, et avec lesquels elle a sorti un album (dont la pochette, créée par Andy Warhol, montre une banane) qui est sans doute leur plus connu et le plus apprécié. Bon, c'est pas vraiment une "frontwoman" mais l'album ne serait pas ce qu'il est sans sa voix toute douce et envoûtante (et puis elle aussi était trop belle), <3.
Contenu spoiler caché.
Wow j'allais poster la même chose sur Grace Slick !! (c'est mon avatar sur madmoizelle en plus !! aillettes
Cette femme est un modèle pour moi, une des premières femmes à s'imposer dans un groupe rock ! Elle a carrément volé la vedette à Marty Balin l'autre chanteur du groupe !
Tant de charisme et de caractère !!
La première fois que j'ai entendu White rabbit je suis littéralement tombée de ma chaise !
Bref elle m'a beaucoup inspirée plus jeune et je suis contente d'avoir connu les Jefferson Airplane et Grace Slick au lycée il y a quelques années parce que ma conscience féministe je la dois en partie à Grace Slick.

Et big up pour Nico !!

Ce n'est pas vraiment un groupe mais Kate Bush et PJ Harvey sont deux autres femmes qui m'inspirent beaucoup.
1
Voir les 3 commentaires

Plus de contenus Culture

Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-11-28T150710.132
Beauté

Elle avait dévoilé son crâne pendant le concours Miss Grand, Safiétou Kabengele nous raconte les coulisses de son parcours de miss

Portrait of smiling young woman sitting on bed using E-book reader
Culture

Pour la BD, les romans ou tout-terrain : comment bien choisir sa liseuse ?

[Image de une] Horizontale (26)
Vie quotidienne

Black Friday : le guide ultime pour trouver l’aspirateur laveur fait pour vous et enfin mettre le Swiffer au placard

Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-11-15T163147.788
Livres

Samah Karaki : « C’est la culture sexiste qu’il faut questionner, pas la présence ou l’absence de l’empathie »

[Image de une] Horizontale (24)
Culture

3 raisons de découvrir Agatha, le nouveau thriller psychologique à lire de toute urgence

Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-10-16T173042.478
Culture

Louise Chennevière (Pour Britney) : « La haine de la société pour ces femmes est immense. Cela m’a donné envie de la décortiquer. »

Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-10-17T105447.652
Culture

Pourquoi on a adoré Culte, la série qui revient sur la création de Loft Story ?

4
© Charlotte Krebs
Féminisme

Mona Chollet : “Se sentir coupable ne mène vraiment à rien”

3
Copie de [Image de une] Horizontale – 2024-09-19T102928.481
Santé mentale

« Toutes ces musiques ont été écrites sous antidépresseurs » : Lisa Pariente raconte sa dépression

[Image de une] Horizontale (18)
Vie quotidienne

Ménage de rentrée : la serpillère 2.0 existe et avec elle, vous allez mettre le Swiffer au placard 

La pop culture s'écrit au féminin