Cette histoire a commencé il y a un peu plus d’un an. En avril 2014, ma vie a basculé quand mes parents se sont séparés après trente ans de vie commune… Ça a été pour moi le genre d’électrochoc qui te met une bonne grosse claque dans ta face et qui te fait reconsidérer pas mal de choses.
Avant cela, j’étais convaincue que l’Amoûûûûûûûr avec un grand A, unique et inconditionnel, existait, et j’aspirais à trouver ma « moitié ». Seulement voilà, quand tes repères s’effondrent, tu restes un peu seul•e avec de plus en plus de questions… sans réponses.
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Une rencontre cliché
Après un été assez mouvementé, passé à enchaîner les conquêtes pour essayer de combler un vide qui se faisait de plus en plus présent, j’ai réussi à remonter la pente quand je suis enfin partie en Angleterre en tant qu’assistante de français.
Au début de mon aventure anglaise, j’étais dans un état d’esprit totalement différent : je voulais m’amuser, profiter au maximum de cette expérience exceptionnelle.
Tant et si bien que la veille de mon retour en France pour Noël, j’ai décidé de m’enjailler à l’anglaise avec mes collègues. Après une certaine consommation du fameux cidre britannique (découverte de la culture locale oblige !), nous avons décidé d’aller en boite de nuit (H-3 avant mon départ). C’est là qu’effectuant un majestueux head-banging sur du Blink 182, j’ai glissé et me suis majestueusement tordu le genou… Sauf que je n’avais pas le temps d’aller à l’hôpital : je suis rentrée chez moi en taxi avec une amie censée veiller à ce que je ne manque pas mon taxi ni mon bus.
Après avoir pris des anti-douleurs (stupide idée vue la quantité d’alcool consommée), je me suis endormie comme une masse et mon amie m’a réveillée en retard. C’est ainsi que j’ai loupé mon taxi et mon bus pour Londres… Pleurant toutes les larmes de mon corps, encore dans un état second, j’ai finalement réussi à attraper un train, en traînant ma grosse valise, le genou de la taille d’un pamplemousse, serrant les dents et me parlant à moi-même pour me donner du courage.
Une fois dans le train, à 5h du matin, j’ai appelé mon père en pleurs pour lui raconter mes mésaventures. Là, une petite description s’impose : je portais un Christmas jumper (tradition anglaise particulièrement dégueulasse, en témoigne Bridget Jones, du pull de Noël moche), mon mascara était étalé sur mes joues, je puais la liche ET mon genou ressemblait étrangement à La Boule de Fort Boyard… Le rêve ABSOLU en somme !
Tout à coup, après avoir raccroché, j’entendis une voix en français derrière moi :
« C’était pas une super soirée on dirait… »
Surprise d’entendre parler français, je me suis retournée pour répondre à cette voix, qui s’avérait appartenir à un charmant garçon :
— T’es français ?! — Oui, et moi aussi j’ai passé une sacrée soirée de merde ! — Viens t’assoir à côté de moi, compatriote !
Là, on peut commencer à compter les points clichés, qui m’ont semblés trop nombreux pour être vrais. Ce garçon venait de se faire larguer par sa copine qui devait venir le chercher à l’aéroport et qui du coup… ne venait plus ! Il était parti en soirée pour festoyer afin d’oublier, et il avait fini par se rendre compte que sa montre ne marchait plus et qu’il venait de louper son bus (le même que moi), et devait maintenant aller à la station de bus (la même que moi).
Il était étudiant dans la même ville que moi, habitait à quelques rues de chez moi et rentrait chez lui pour les vacances également. Je tiens à préciser qu’à cet instant, j’étais bien évidemment heureuse de me dire que je n’étais pas la seule galérienne du monde, mais je n’étais absolument pas dans un état d’esprit (et un état tout court d’ailleurs) de séduction.
Quand ce garçon a commencé à me confier son histoire avec cette fille, j’ai donc vraiment essayé de le consoler comme j’aurais consolé un ami… Les larmes lui montant aux yeux, je lui ai même fait un câlin car il avait vraiment l’air touché par cette histoire. Au fil de la conversation, j’en suis venue à lui expliquer que la dernière fois que je m’étais tordu le genou comme une imbécile, c’était avec mes scouts — à quoi il répondit :
« T’es scoute ? Moi aussi ! »
Et hop, un nouveau point dans la boîte à clichés !
Une fois notre train arrivé, il m’a aidé à porter ma valise aussi loin qu’il a pu ; j’étais tellement lente qu’il allait manquer son bus. Avant de partir, il m’a donné son numéro histoire qu’on aille se boire un verre à notre retour. Sauf que dans la précipitation, je l’ai mal noté !
Après cela, j’ai loupé deux ferrys et suis finalement arrivée chez moi à 4h du matin au lieu de 19h… Mais avant de me coucher, je me suis connectée à Facebook, et j’ai vu que mon compagnon de galère m’avait retrouvée et m’avait envoyé un message très gentil.
Après quelques échanges de messages sur Facebook, nous nous sommes retrouvés en Angleterre autour d’un verre. Nous avons discuté assez longtemps, et le lendemain il est venu avec moi à ma réunion scoute. Le soir, je l’ai invité à une soirée, que nous avons passée à parler. Ce qui se passait autour de nous semblait avoir disparu, les personnes quittaient peu à peu la soirée, et moi j’étais aussi intriguée qu’énervée par le personnage.
Nous étions partis sur de grand débats très intéressants (notamment sur le féminisme), mais il me contredisait tout le temps, ce qui m’énervait assez profondément ! Nous avons continué la soirée chez moi autour d’une bière, à débattre jusqu’à 7h du matin. Son côté provocateur m’agaçait car je n’aime pas vraiment qu’on me tienne tête. Même si j’avais très envie de l’embrasser, je me disais donc que cela n’irait pas plus loin.
J’ai fini par le raccompagner à ma porte, mi-figue mi-raisin. Il m’a alors embrassée en me disant qu’il avait passé une très bonne soirée, et que même si on ne partageait pas tout le temps le même point de vue, il avait trouvé nos débats intéressants.
J’étais comme deux ronds de flans ! D’habitude, c’était moi qui prenais ce genre d’initiative ! Ce baiser continua de me troubler un peu plus… J’avais vraiment envie de le revoir.
C’est ce qui arriva, plusieurs fois, jusqu’à un soir où je suis allée regarder West Side Story chez lui — vous avez dit cliché ? Ce soir-là, nous fîmes l’amour (ça claque encore plus au passé simple, wesh !).
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Une relation sans pression
Après coup, c’était un peu le bordel intersidéral dans ma tête. Aussi étonnant que cela puisse paraître après mes années de rêves d’amour inconditionnel, je savais seulement que je ne voulais pas d’une relation sérieuse. Je préférais éviter de courir le risque d’être déçue, je pense.
Nous sommes donc devenus sex friends. Et pour une fois dans ma vie, je ne réfléchissais pas. Pas de « Et si je lui envoie un message, ça veut dire que…? ». Non. La simplicité primait : si j’avais envie de le voir, je lui envoyais un message. Je n’attendais rien de lui, ni lui de moi. Et je revivais.
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Plus le temps passait, plus nous devenions proches, plus nous parlions et plus ce provocateur qui m’avait rebuté se transformait en un garçon d’une incroyable gentillesse…
Un jour, après avoir rêvé qu’il allait voir une autre fille, je ne me sentais pas très bien : j’ai réalisé que sans être amoureuse, je commençais à vraiment m’attacher. Prenant mon courage à deux mains, je lui en ai finalement parlé.
— Tu veux savoir si je t’ai trompée ? Demande-le moi. — Non non… C’est juste qu’avant je m’en serais foutue, mais maintenant… — Maintenant non, c’est ça ? Eh bien non, je n’ai fréquenté personne depuis que je t’ai rencontrée. — Alors ça veut dire… qu’on est ensemble ? — Je suis pas bien doué pour mettre des mots sur les choses mais on dirait bien que oui, si tu es d’accord bien évidemment.
Depuis, nous sommes ensemble.
Et c’est plutôt très cool.
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Accepter de ne pas contrôler
Je ne sais pas comment cela va évoluer étant donné que je repars en France dans deux mois et que lui reste ici, mais je sais par contre que cette histoire m’a redonné confiance. Je ne suis plus persuadée qu’« ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » existe, mais aujourd’hui je sais que de belleS histoireS peuvent nous arriver à n’importe quel moment, même quand on pense que toutes les forces du monde se sont liguées contre nous pour nous rendre la vie impossible…
Je me demande parfois ce qui aurait pu arriver si les choses s’étaient passées différemment, si j’avais passé une soirée normale et sans problèmes, si mes parents étaient restés ensemble, me confortant dans l’idée qu’un couple ne peut pas commencer par une simple aventure sexuelle… Peut-être que rien de tout ça ne serait arrivé : dans les moments les plus difficiles, ce sont parfois les choses les plus insignifiantes qui peuvent changer notre vie.
C’est pourquoi j’ai eu envie de transmettre un message d’optimisme : parfois il ne faut pas se mettre la pression, et regarder autour de soi, rester ouvert•e à toutes les choses les plus insignifiantes… Bien sûr rien ne garantit qu’une belle rencontre déboule à coup sûr, mais cela peut arriver — et savoir qu’il y a ces possibilités est déjà beau !
Si cette histoire se termine, j’en garderai toujours un souvenir extraordinaire. Il n’est peut-être pas l’homme de ma vie, et peut-être que l’homme d’une vie n’existe pas, mais il fera partie des personnes qui auront contribué à marquer la mienne.. Autant de coïncidences entre nos deux vies, c’est un peu fou tout de même !
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