6 novembre, 15h35 : c’est la date à laquelle en moyenne, les femmes cesseront d’être payée, en comparaison à leurs congénères masculins en France.
#6Novembre15h35 : un mouvement pour l’égalité salariale
C’est la 3ème année consécutive pour laquelle Les Glorieuses ont choisi une date symbolique pour communiquer sur les inégalités salariales en France.
Après le #7Novembre16h34 et le #3Novembre11h44, elles ont renouvelé le calcul qui leur permet d’estimer en moyenne combien de jours de salaires il manque aux femmes pour être payées comme leurs collègues masculins. Ou pour faire simple, à partir de quand les femmes travaillent « gratuitement ».
https://twitter.com/Les_Glorieuses/status/1056874708543647744
Pour se faire, elles utilisent les données d’Eurostat, qui a actualisé ses chiffres en se basant sur l’année 2016. Selon l’institut, en France, en 2016, l’écart de salaire (en brut horaire) s’élevait à 15,2%.
« Nous avons adapté ce rapport au nombre de jours ouvrés en 2018 (253), ce qui a donné 38,304 jours ouvrés. Cette méthode a ainsi permis d’arriver à la date du 6 novembre 2018 à 15h35 et environ 5 secondes. »
Inégalités salariales : des sources et des calculs divers
Les inégalités salariales ont des sources tellement diverses, qu’il existe une foule de statistiques pour les décrire. Les Glorieuses en relèvent trois.
D’abord, on peut noter que les femmes gagnent en moyenne 23,7% moins que les hommes. Ici, il s’agit du salaire horaire brut lorsqu’on prend en compte tous les salariés, tous les types de contrats – y compris temps partiels donc – sur l’ensemble de la carrière.
C’est important de noter que le temps partiel n’est ici pas ramené à un « équivalent temps plein » : en effet, les femmes sont plus nombreuses que les hommes à occuper des postes à temps partiel pour des raisons variables, et c’est aussi quelque part une forme de discrimination.
Ensuite il y a ce fameux 15,2% qui est à l’origine de leur communication sur le 6 novembre. Celui-ci est une comparaison du salaire horaire brut moyen entre employés et employées, à l’exclusion des temps partiels.
Dans ce calcul, on conserve donc les inégalités qui ont trait aux différents métiers, secteurs, niveaux de responsabilité.
Cela prend en compte le fait que les hommes sont par exemple plus nombreux que les femmes dans certaines professions où les niveaux de rémunération sont en moyenne plus élevés que dans d’autres.
Les femmes travaillent gratuitement à poste et compétences égales
Mais là où on constate que le problème est encore plus sévère, c’est avec le troisième chiffre, celui qui fait la comparaison à poste et compétences égales.
« À travail égal, en prenant en compte les tranches d’âge, le contrat, le temps, le secteur d’activité et la taille de l’entreprise, l’écart de salaire entre les femmes et les hommes est de 9 %. »
Et pour le coup, il n’y a pas d’autres explications que la discrimination pure et simple. Seul le genre de la personne explique cette variation de 9%.
Pourtant, on est loin du temps où l’on considérait que les hommes devaient être mieux payés en leur qualité de « chef de famille », car la responsabilité de mettre les enfants au chaud et de les nourrir leur incombait.
Il est inexplicable qu’on continue d’appliquer des préjugés tels dans une société où les femmes constituent une part de plus en plus importante de la population active.
Les discriminations à l’embauche qui perdurent
Toutes ces inégalités sont donc liées à différents facteurs.
Il y a la discrimination stricte sur la base du genre, mais aussi tous les ressorts sociologiques : ceux qui impliquent que les filles et les garçons ne s’orientent pas vers les mêmes secteurs, n’écopent pas des mêmes types de contrats, ne subissent pas de la même manière l’effet d’une grossesse sur leur carrière…
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Or, il semble que les différences de répartition dans certains corps de métier ne soient pas seulement dû au manque d’intérêt des femmes pour ces secteurs, ou à leur manque de confiance en elles pour les investir, mais bien directement aux préjugés des employeurs.
En association avec Les Glorieuses, la Fondation des Femmes a posé la question suivante :
« Que se passe-t-il lorsqu’une femme postule à une offre d’emploi dans un secteur majoritairement masculin ? »
L’enquête s’est concentrée sur certains secteurs masculinisés, comme expliqué ici :
« Par emploi « masculinisé », il est entendu tout emploi pour lequel la part des femmes est inférieure d’au moins 15 points à la part moyenne des femmes tous métiers confondus. Parmi les secteurs les plus masculinisés, on compte notamment : travaux publics, automobile, livraison et industrie.
La prise en compte d’autres critères tels que les qualifications techniques spécifiques pour l’emploi et le nombre d’offres disponibles ont permis de sélectionner les emplois suivants pour lancer l’opération de testing : chauffeur.se-livreur.se, mécanicien.ne automobile et jardinier.e. »
Les résultats sont publiés aujourd’hui, et le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils ne sont pas jolis à voir.
« Il apparaît qu’une femme candidate à un emploi dit « masculinisé » a 22 % de chance de moins qu’un homme candidat d’être rappelée par un employeur pour un entretien. »
Et attention :
« Ce résultat atteint plus de 30% en moyenne si l’on considère également comme une discrimination le fait que l’employeur n’insiste pas auprès de la femme lorsqu’il n’a pas de réponse à sa proposition d’entretien, à la différence du candidat homme, comme s’il s’agissait d’un choix de dernier recours. »
Les femmes travaillent gratuitement : comment agir ?
Ces chiffres, qu’ils concernent les écarts de salaires ou les discriminations à l’embauche, sont édifiants. Ils dénotent de la nécessité de parler de ces inégalités et de réclamer des moyens pour y mettre fin.
Les Glorieuses ont cette année mis en place trois outils pour parler des inégalités salariales.
D’abord, un outil pour calculer le manque à gagner par an pour les femmes.
C’est simple, tu rentres le montant de ton salaire et on te dit après calcul ce que tu gagnerais si tu étais un homme.
Ensuite, une pétition, pour réclamer diverses mesures de lutte contre les inégalités salariales. La pétition réclame notamment un congé paternité équivalent au congé maternité, une transparence des salaires, un certificat d’égalité obligatoire.
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À ce sujet Les Glorieuses ont d’ailleurs commandé un sondage pour tester l’adhésion des français et françaises à de telles mesures. Il s’avère que 73% des personnes interrogées pensent que le gouvernement n’agit aujourd’hui pas suffisamment pour résoudre les inégalités salariales.
« La mise en place d’un congé paternité d’une durée équivalente au congé maternité et la création d’un certificat d’égalité obligatoire pour les entreprises convainquent une nette majorité de Française.s (63% pour chacune des deux propositions).
La notion d’obligation de transparence des salaires ressort comme la plus efficace aux yeux des personnes interrogées (73%). »
Marlène Schiappa réagit au #6Novembre15h35
Dans une vidéo postée sur son compte Twitter, la Secrétaire d’État à l’Égalité entre les femmes et les hommes Marlène Schiappa a annoncé travailler en collaboration avec Nicole Belloubet, Ministre du travail, pour réduire ces inégalités.
https://twitter.com/Egal_FH/status/1059717018973290496
« Nous avons décidé de prendre cette question à bras le corps. Parmi de nombreuses mesures concrètes, nous travaillons sur la transparence des écarts de salaire entre les femmes et les hommes.
Ces entreprises auront une obligation de publier les écarts de salaire entre les femmes et les hommes et de les résorber en trois ans maximum. Nous passons d’une obligation de moyens à une obligation de résultats.
Dans les prochaines semaines, avec la ministre du travail, nous allons annoncer une méthodologie de calcul commune à toutes ces entreprises. »
Une intention louable donc, mais qui demeure à concrétiser – pour l’instant il ne s’agit que d’une annonce !
Bien sûr, l’idée des Glorieuses est de parler au maximum de ces inégalités, pour démontrer notre impatience de voir des actions se mettre en place et qui sait convaincre le gouvernement d’agir effectivement.
N’hésite donc pas à utiliser le hashtag #6Novembre15h35 pour faire connaître ton mécontentement face à ces inégalités qui ne se réduisent que trop lentement !
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Article mis à jour le 6 novembre 2018
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