—Article initialement publié le 30 décembre 2014
Écoutez, je… J’ai un problème. Ma vie va comme sur des roulettes (parce qu’on lui aurait offert une paire neuve de rollers) depuis plusieurs semaines et j’ai globalement tout pour être heureuse, mais je traverse un pic de stress depuis quelques jours et pour encore quelques heures.
Tu t’en fous peut-être, ce que je comprendrais si je me sentais mal parce que j’avais, par exemple, je sais pas, changé de gel douche ou parce que j’ai un bouton dans l’oreille (j’ai un bouton dans l’oreille) (j’ai mal) (par contre j’ai pas changé de gel douche), mais il se trouve que la raison va peut-être te parler : demain, c’est le nouvel an. Et moi, le nouvel an, bah j’aime pas ça.
Autour de moi, je compte plusieurs groupes de personnes :
- Ceux et celles qui sont ravi•es que le nouvel an arrive, parce qu’ils/elles ont trouvé un truc vachement cool à faire, seront en compagnie de toutes les personnes qu’ils/elle aiment, que personne n’a de quelconque problème de logement, que leur bourse et le versement de la CAF sont déjà tombés… Pépouzes et heureux, quoi. Ils sont deux. Dans le monde entier.
- Ceux et celles qui sont, comme chaque année, super content•es à l’idée de fêter le nouvel an mais n’ont pas encore perdu espoir en voyant les précédents.
- Ceux et celles qui ont choisi une soirée parmi les invitations du nouvel an qu’ils ont reçues, un peu par défaut, sans grande joie.
- Ceux et celles qui sont toujours contents, quoiqu’il arrive.
- Ceux et celles qui ont décidé qu’ils ne fêteraient pas le nouvel an cette année (j’ai failli en être).
- Ceux et celles qui vont passer un bon nouvel an, mais qui stressent (j’en suis), parce que cette soirée est PROFONDÉMENT STRESSANTE.
Gérer le réveillon du nouvel an, un supplice d’organisation
Avant, j’attendais le nouvel an avec impatience. Je me souviens de mon tout dernier avec mes parents : j’avais dix-sept ans et aucun moyen d’aller à la soirée à laquelle j’avais été invitée. Alors j’avais passé la soirée avec mon père, ma mère, et des amis à eux, me sentant largement de trop tout en abaissant la moyenne d’âge des convives de plusieurs dizaines d’années par ma simple présence.
Ce jour-là, je me suis promis que tous mes 31 décembre seraient complètement dingues. Que chaque année, ce serait un peu plus fou, qu’un jour même, j’organiserai tout moi-même, et que ce serait la meilleure de toutes les soirées de la Terre.
En plus, parfois, on te force à porter des chapeaux nuls.
Bon, ils n’ont pas été chaque année un peu plus fou,
parce que le Nouvel An, c’est toujours la croix et la bannière, la barrière aux retrouvailles entre tous tes potes.
Chaque année, c’est pareil : le premier janvier, on se promet par message que l’année prochaine, on le fera tous ensemble. Résolution qu’on semble tous incapable de mettre en oeuvre l’automne venu, à l’heure où les fameux « EH ? On fait quoi pour le nouvel an ? » commencent à fleurir dans tes SMS, messages privés et autres Whatsapp.
Pleine d’espoir, tu te dis que c’est gagné d’avance : il suffit de faire un message groupé avec toutes ces personnes pour t’assurer un plan de folie !
Sauf qu’il est possible que toutes ces personnes, et toi compris, n’aient pas la possibilité de l’organiser chez elles, ce réveillon, parce qu’inviter tous tes amis proches, ainsi que leurs amis proches, qui n’ont pas non plus envie de se séparer de leurs amis proches et ainsi de suite, c’est pas simple.
Tu te retrouves fissa avec 65 personnes dans ton 25m². Ton potentiel projet de repas avec entrée, plat, dessert et fromage (supplément trou normand) tombe à l’eau de vie.
J’ai une pensée émue pour les rôtis et leur sauce roquefort que j’avais cuisinés pour 25 personnes il y a deux ans : ils se sont retrouvés imbibés du rhum-orange d’un pote, qui avait oublié qu’il avait un verre plein dans la main au moment du décompte.
En gros, si personne dans le groupe ne peut organiser la soirée de nouvel an chez soi, t’es dans la fange : plus tu es éloignée du noyau amical d’un•e potentie•lle organisateur•trice, moins tu auras de chance de pouvoir être avec tous tes vieux potes.
Existe-t-il une solution aux galères du nouvel an ?
Je n’en vois aucune, si ce n’est « se satisfaire de ce qu’on a, et des quelques personnes aimées qu’on a réussi à rassembler autour de soi ». Qu’elles soient douze ou qu’elle soit une.
Timing au poil pour Nouvel An collégial
Trouver le bon moment pour commencer à parler du Nouvel An n’est pas simple : si tu proposes ton idée trop tôt, avant toutes les autres, elle sera noyée dans la masse et on pourrait potentiellement oublier ton projet pourtant si enthousiasmant.
Si, au contraire, tu l’envoies trop tard, les autres auront déjà accepté, voire même payé pour une autre soirée ailleurs. Ceci dit, ça t’éviterait cette stupide petite boule dans la gorge qui te vient quand des gens ont accepté ton idée et que tu crains qu’ils ne s’ennuient et regrettent de t’avoir suivie. Je dis qu’elle est stupide, cette boule dans la gorge, mais je l’ai tous les ans alors bon. Je juge pas.
Existe-t-il une solution ?
L’année où j’ai vraiment pris à coeur l’organisation du Nouvel An, j’ai tout bonnement harcelé quotidiennement les gens que je souhaitais inviter. Fort heureusement, personne n’a demandé d’injonctions d’éloignement à mon égard. Tout le monde n’est pas aussi patient.
La fête.
La pression du Nouvel An qu’on se met tout seul
Bien sûr, il y a une pression extérieure autour du fait de passer un bon Nouvel An, parce que la télé en parle, parce que l’Internet en parle, et parce que dans les films, c’est toujours LA soirée de l’année.
Tous les ans, je pratique un discours à base de « Oh lala, mais sérieusement toute cette pression, c’est tellement fatigant que j’préfèrerais rester chez moi à manger de la truite fumée en regardant Groland ou même Toute une histoire en replay ».
Mais en vrai, qu’est-ce qui me force à ne pas faire ça ? À ne pas rester chez moi à bouffer de la truite fumée en chaussettes ? Qu’est-ce qui me pousse à vouloir faire un truc pour le Nouvel An… À part moi-même ? Elle a bon dos, la pression extérieure : si j’avais vraiment envie de laisser passer une occasion de sortir, je le ferais.
J’ai tendance à me foutre sur les épaules le stress le plus con du monde, à base de « si c’est pas la soirée de l’année, alors pourquoi sortir, sachant que je sors toutes les semaines ? ».
Bah oui mais non : ce serait comme se dire « oh lala, si le repas de la cantine n’est pas le meilleur de l’année ce midi, pourquoi est-ce que je mangerais ? ». Ou « oh lala, si cette crotte de nez n’est pas la plus grosse de l’année, pourquoi est-ce que je me curerai sles narines ? » Ou « oh lala, si cette fois-ci, j’ai pas le plus gros orgasme de ma vie, pourquoi je forniquerais ? ».
Pourquoi est-ce qu’on demande au Nouvel An d’être LA soirée de l’année ? Pourquoi on a autant d’attentes alors que, parfois, en sortant d’un examen pour aller faire la fête, on repasse même pas chez soi pour changer de t-shirt mais on a quand même l’impression, en se réveillant le lendemain, d’avoir passé une soirée de folie ?
On est plein, dans le monde, à se contenter de quelques amis proches et d’une bonne bouteille de Perrier cuvée 2014 pour passer une bonne soirée alors pourquoi chercher midi aux plus célèbres des douze coups de minuit ?
Existe-t-il une solution ?
N’en demandons pas trop au Nouvel An. Relativisons et passons une bonne soirée, peu importe ce qu’on a choisi de faire, ce qu’on a pu faire, parce que si c’est la soirée qu’on a choisi alors elle sera forcément bien. Vu qu’après tout, le 31 décembre, le seul truc qui change par rapport aux autres bonnes soirées de l’année, c’est qu’on finit tous à chercher du réseau pour répondre à la quantité de messages groupés envoyés par des gens qu’on aime.
Et au pire, si tu passes une soirée nulle, je suis sûre que tu pourras tout mettre en oeuvre pour avoir une année trop bien, histoire de te consoler.
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
Ca n'a jamais été une soirée mémorable pour moi et je me rends compte que la partie que je préfère c'est le lendemain quand tout est fini. J'adhère pas au concept enfaite, devoir bien s'habiller et essayer d'être plus beau que d'habitude, souhaiter une bonne année à tout le monde avec une bise à minuit et devoir être heureux de passer d'une année à l'autre enfaite... je sais pas je comprend pas le délire
Mon copain à un peu de mal à ne pas fêter le nouvel an alors je vais à une soirée avec lui mais c'est uniquement pour lui faire plaisir ... (mon degré de motivation est donc proche du néant) mais je jure que les prochaines années je ne m'imposerai rien du tout et je ferai ce que je veux