— Initialement publié le 28 février 2017
Petit moment confession, voyez-vous, j’ai doucement rigolé quand j’ai vu sur les affiches de La La Land le mois dernier que c’était LE MEILLEUR FILM DE L’ANNÉE pour certains… Alors qu’on était à peine fin janvier.
Eh bien, je rigole moins en disant que 20th Century Women est probablement mon film préféré de l’année. Oui, en février.
20th Century Women, le teaser : mise en bouche
C’est un très joli drame sur un pan de vie d’une colocation où la propriétaire est une mère d’une cinquantaine d’années qui élève seule son fils. Celle-ci va demander à ses ami•es d’apprendre la vie à son enfant, car elle peine à trouver un moyen de communication franc.
Les colocataires se prennent vite au jeu malgré leurs réserves initiales, et des expériences riches et complexes vont venir amener une touche de maturité dans l’accomplissement du jeune héros. Au casting, on compte Annette Bening, Greta Gerwig, Elle Fanning, Billy Crudup et la tête fraîche de Lucas Jade Zumann.
20th Century Women ou bien la vie romancée de son réalisateur
Ce portrait de Dorothea, une femme née sous la Grande Dépression, est inspiré de la mère de Mike Mills, le réalisateur. Ce sont ses rêves, son style et plein de petits détails propres à sa personne. Mais bien sûr, Annette Bening ajoute sa patte d’actrice talentueuse à ce rôle.
De même pour le personnage de Greta Gerwig, il est basé sur la sœur de Mills. Immergée dans le mouvement punk à New York, atteinte d’un cancer puis de retour au domicile familial, cette jeune femme libérée traverse des moments de doute et de remise en question.
Quant aux personnages de Crudup et Fanning, ils ont été inspirés par plusieurs personnes que le réalisateur a connues.
En gros, Mike Mills raconte sa propre histoire, avec son point de vue actuel, et ça se ressent dans tout ce qui est écrit. Il connaît ses protagonistes sur le bout des doigts, et ce qui les rend attachants par-dessus tout, c’est leur authenticité.
Et quelle vie toute la famille a connue ! De passage à Paris pour présenter 20th Century Women, Mike Mills s’ouvre sincèrement et n’hésite pas à raconter la genèse de son projet. Passionnant et très posé, je me suis abreuvée de ses paroles.
Déjà, dans sa réalisation précédente, le subtil Beginners, qui traitait de son père, un homme homosexuel, il avait su capter son public avec un message personnel. Dans 20th Century Women, la continuité semble logique : cette fois-ci, c’est une ode à sa mère et aux femmes qu’il transmet.
20th Century Women éveille un jeune garçon au féminisme
En fait, si Mike Mills raconte souvent des histoires où le sujet central n’est pas un homme blanc, c’est qu’il trouve personnellement « qu’il n’y a plus rien à dire sur les hommes blancs cis hétéro ».
Le film s’ouvre sur une voiture brûlée. C’est la fin de la puissance industrielle américaine dans les années 70 mais aussi, symboliquement, la fin du patriarcat pour son réalisateur.
L’éveil au féminisme s’est effectué très tôt chez son auteur, tout comme le jeune Jamie. Selon lui, son interprétation n’est peut-être pas pertinente car en soi, il n’aura jamais eu l’expérience d’une femme dans cette société. Il n’est qu’observateur, témoin attentif, mais uniquement témoin.
Son but en tant que féministe est de manifester son soutien envers les femmes, tout simplement.
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Mike Mills a été élevé dans un environnement féminin et ça se sent qu’il est authentique vis-à-vis de la voix féminine. Dans le film, l’une des scènes les plus marquantes est celle du dîner où les convives autour de la table commencent à parler des règles. Et je peux vous assurer qu’elle est géniale.
Un film générationnel qui parle à tous
J’ai eu l’impression devant ce long-métrage d’apprendre quelque chose.
J’aurais voulu voir ce film il y a cinq ans. Il y a dix ans. Il y a quinze ans. Okay, pas plus tôt, car je pense que je n’aurais rien compris sinon ! Le revoir dans vingt ans aussi. Comprendre ses valeurs, les apprendre à mes descendants, ce genre de choses.
Plus globalement, sa vision de la vie déborde tellement d’enthousiasme — sans pour autant atténuer les moments difficiles — qu’il m’est impossible de ne pas adhérer aux valeurs de 20th Century Women.
Tel un phare lumineux dans notre société des plus sombres (je sais, je suis un peu dramatique, mais j’ai l’impression que le monde entier déprime), le film se hisse comme un héraut de la bienveillance, de la curiosité intellectuelle et de plein d’autres choses.
De plus, le contexte politique du drame qui traverse les années s’apparente à un écho de notre propre contexte politique. La libération des mœurs superposée paradoxalement à cette répression des droits…
Un message hyper positif dans 20th Century Women
Mike Mills lui-même admet que s’il devait s’auto-critiquer, ce serait de dire que ses films sont trop gentils. Son équilibre du négatif et du positif serait à revoir. Personnellement, ça me va très bien, car je trouve que le cinéma devient bien trop sombre pour correspondre à une pseudo réalité.
Et effectivement, peut-être que ses propos suintent de trop de gentillesse parfois, mais heureusement que certains films ne dépeignent pas uniquement la torture et la violence. On a le droit d’apprécier une cure d’optimisme sur grand écran !
Et je pense que c’est l’une des raisons qui a fait que le scénario original a été nommé aux Oscars, même s’il n’a pas été récompensé.
Bref, c’est beau, j’ai pleuré de joie, je suis ressortie de la projection avec un big smile et de l’espoir en l’avenir. Et de quoi a-t-on besoin de plus de nos jours ?
20th Century Women sort le 1er mars au cinéma, et il est vraiment à ne pas rater !
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