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Actualités mondiales

John Oliver analyse l’éducation sexuelle aux États-Unis (avec des guest-stars)

John Oliver s’est penché sur l’éducation sexuelle, dont la qualité varie d’un État à l’autre et même d’une école à l’autre. Il donne ensuite son propre petit cours, avec des stars de qualité !

— Publié le 10 août 2015

John Oliver a consacré ce nouvel épisode de son Last Week Tonight à l’éducation sexuelle, sujet sensible s’il en est aux États-Unis où une partie des élèves reprendra d’ici quelques jours le chemin de l’école, du collège ou du lycée. Cette édifiante vidéo est suivie d’un vrai bon cours de prévention, avec des stars aussi cool que Laverne Cox, Nick Offerman ou Kristen Schaal !

Vous commencez à connaître le topo : je vous ai tout traduit ci-dessous. Ça me fait plaisir.

L’éducation sexuelle vue par John Oliver (en français)

Ah, l’éducation sexuelle… ce sujet que les animaux du zoo vous interdisent d’éviter. Puisque certain•e•s élèves retournent à l’école la semaine prochaine, je peux vous assurer que vous entendrez dans les jours à venir des histoires comme celle-ci :

« Des parents ont été outrés par des images montrées à leurs enfants en cours d’éducation sexuelle. »

« Certains parents estiment que les cours, qui incluaient des descriptions d’actes sexuels et d’infections, sont trop osés pour des collégien•ne•s. »

« Un père est en colère : son enfant de treize ans lui a montré un poster accroché à la porte d’une salle de classe… un poster qui liste des actes sexuels. »

Les parents outrés face à l’éducation sexuelle, c’est un passage obligé de la vie scolaire, comme la pizza carrée et ce gosse qui revient de ses vacances estivales avec une moustache dont il est BIEN TROP fier. C’est une moustache fantôme, ça, Louis ! On dirait une vraie moustache qui serait décédée sur ton visage !

L’éducation sexuelle, d’hier à aujourd’hui

On a donc essayé, cette semaine, de découvrir à quoi ressemble vraiment l’éducation sexuelle de nos jours aux États-Unis. Et cette énigme s’est révélée être plus difficile à résoudre qu’on ne le pensait. Auparavant (ça dépend de votre âge), l’éducation sexuelle pouvait se résumer à regarder ce genre de films…

— Parfois j’ai des besoins sexuels et la seule façon dont je peux m’en débarrasser c’est en me masturbant. — Je suis content que tu m’en parles, c’est peut-être parce qu’on se connaît depuis longtemps que tu y parviens.

— Mon nom est Johnny Staint. Pour moi, tout a commencé quand j’ai été au bowling avec Judy aujourd’hui. J’aurais dû voir que quelque chose avait changé quand elle a marqué un strike… D’habitude, elle est nulle. Qu’est-ce qui a changé, Judy ? — J’ai eu mes premières règles aujourd’hui ! — Oh, c’est important ça. — Du sang coule de mon utérus !

Quoi ? Quoi ? Ok. Bon. Déjà, bravo la désinformation. Le sang menstruel n’est pas un genre de drogue magique qui rend plus doué•e au bowling ! Ensuite, je vous jure, le jeune homme dans cette vidéo est Jonathan Banks, alias Mike dans Breaking Bad ! Et si cette vidéo n’est pas la base pour la préquelle de Better Call Saul, je vais être extrêmement déçu.

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L’éducation sexuelle à l’école, c’est très important, de toute évidence. Aucun parent ne veut parler de sexe à son enfant, et aucun•e enfant ne veut parler de sexe avec ses parents. C’est pour ça que quand vous regardez un film en famille et qu’il y a une scène de cul, tout le monde est soudain immobile et prie en silence pour le doux salut que la mort apporte.

De plus, les enfants posent de bonnes questions, qui nécessitent de bonnes réponses ! Le New York Times a récemment publié un article avec des questions au sujet de la sexualité que des élèves ont écrit sur des cartes lors d’un cours d’éducation sexuelle. On trouvait par exemple : « Pourquoi est-ce que le pénis a la forme d’une flèche ? », « Est-ce que c’est ok d’être gay ? », ou encore « Combien de temps est-ce que je dois attendre avant de coucher ? J’ai hâte ». Les réponses étaient respectivement : « Il se gorge de sang », « Oui » et « Peux-tu AU MOINS attendre la fin des cours ? ».

Une éducation sexuelle à géométrie variable

La question la plus poignante était peut-être : « Est-ce que ça va bien se passer pour moi ? ». Et au vu des programmes d’éducation sexuelle, la réponse varie pas mal selon l’endroit où on vit. Il n’y a pas de cours standardisé dans notre pays, et l’éducation sexuelle n’est obligatoire que dans 22 États, avec seulement 13 États dans lesquels, légalement, elle doit être « correcte d’un point de vue médical ». Ce qui est FOU.

On ne serait pas d’accord si les cours d’histoire n’étaient pas corrects d’un point de vue historique !

« Prince a lancé la révolution américaine en 1984 et sa « Purple Rain » a duré jusqu’à nos jours. Fin du cours. »

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Notre système est un étrange patchwork qui varie énormément, non seulement d’un État à l’autre, mais aussi selon les districts, et même les écoles. Une émission dans l’Ohio a essayé de comprendre ce que les élèves du coin apprenaient, et les reporters se heurtèrent à un mur.

« L’État ne propose absolument aucune ligne directrice officielle pour l’éducation sexuelle, donc chaque académie décide quoi enseigner aux élèves. De nombreux districts n’en parlent pas du tout ! Nous avons interrogé des gens dans de nombreux établissements du Sud-Ouest de l’Ohio et personne n’a voulu nous dire ce qui était enseigné, ou quand ça l’était, alors que c’est censé être une information appartenant au domaine public. »

Ça craint vraiment. Deux ados ne devraient pas avoir un niveau de connaissance totalement différent au sujet de la sexualité juste parce qu’ils sont dans deux académies scolaires différentes ! « Le match de foot de ce soir oppose Lakewood High à Middletown High ; une seule de ces deux équipes rivales sait ce qu’est un diaphragme ! Allez, jouons ! »

De la désinformation… aux grossesses non désirées

S’il est difficile d’apprendre ce qu’on enseigne aux plus jeunes, il est parfois possible de découvrir… ce qu’on ne leur enseigne pas.

Par exemple, au Mississippi, on peut parler de contraception, mais la loi interdit de montrer en classe comment utiliser un préservatif. Donc pas de capote sur une banane, pas de capote sur un concombre, pas de capote sur une courgette. C’est grave ! Déjà parce que c’est marrant de mettre des préservatifs sur des aliments, mais surtout parce que le Mississippi est le deuxième État du pays en termes de grossesses chez les ados.

Heureusement, cette situation a inspiré des alternatives pleines de créativité. Regardez comment cet ex-prof montre comment utiliser un préservatif… sans utiliser de préservatif.

« Je prends la chaussette et j’en pince le bout afin de m’assurer qu’il y ait assez de place pour mes orteils quand je participe à des actes pédestres. Ensuite je pose la chaussette au bout de mon pied et je la déroule jusqu’au bout ; ce n’est qu’à ce moment que je peux le mettre dans ma chaussure. »

C’est malin, c’est très malin ! Bon, mais ce n’est pas parfait : si on galère à sortir une chaussette de son emballage, on ne perd pas son pied et on n’est pas forcé de penser à Rihanna pour qu’il refasse surface.

Ces règles, au Mississippi, ce n’est que le début. Dans huit États, la loi limite grandement ce que les profs peuvent enseigner au sujet de l’homosexualité… ce qui veut dire que la réponse à cette question posée par un•e élève, « Est-ce que c’est ok d’être gay ? », pourrait être un haussement d’épaules ou quelque chose de bien pire encore. En Utah, une loi interdit tout enseignement au sujet des « détails du coït » ; un législateur explique pourquoi.

« Ces choses-là ne doivent pas être enseignées à l’école, mais à la maison. »

Euh… à la maison ? Voici un dialogue qui n’a JAMAIS eu lieu.

— Comment ça se fait que tu es si doué•e au lit ? — On m’a fait l’école à la maison.

Le spectre du « tout-abstinence », un fléau tenace

Dans certains districts, aux États-Unis, la seule éducation sexuelle que reçoivent les élèves se base sur l’abstinence. Vous croyez peut-être que ça appartient au passé, mais non, c’est toujours d’actualité. Le Congrès a récemment augmenté, à hauteur de 50 à 75 millions de dollars par an, la somme allouée aux programmes qui font la promotion de l’abstinence sexuelle jusqu’au mariage.

Les élèves sont donc toujours mis face à des cours valorisant l’abstinence, portant des noms comme « WAIT » (Why Am I Tempted, pourquoi suis-je tenté•e), « Go APE » (Abstinence Protects Everyone, l’abstinence protège tout le monde) ou « No Screwin’ Around », qui j’imagine veut dire No One Should Copulate Regularly Except Wedded Individuals. Now, A Reach-around Occasionally Ultimately Not Disastrous (personne ne devrait copuler sauf les gens mariés, mais une déviation occasionnelle n’est pas forcément une fatalité).

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Voici un échantillon : une vidéo extraite de No Screwin’ Around.

« Si vous avez des relations sexuelles en-dehors d’une relation stable, exclusive, monogame… et monogame ne veut pas dire « une personne à la fois », ça veut dire « une personne qui n’a eu de relations qu’avec vous » ; si vous avez des relations sexuelles en-dehors de cette situation-là, vous le paierez. Les garçons, si une fille se jette sur vous, fait pression sur vous pour des relations sexuelles, si c’est le genre de fille qui s’habille d’une façon qui dit, à vous et au reste du monde, « Prends-moi maintenant », j’ai un conseil pour vous : courez ! Je ne dis pas « éloignez-vous lentement », je dis courez, éloignez-vous d’elle en courant ! »

Vous embêtez pas à courir, les garçons, vous n’avez qu’à vous couper la bite ! Les filles sont des charmeuses de serpents et il est temps de tuer votre serpent. Tuez-le, maintenant !

L’abstinence est une option valable, que bien des ados préfèreront — soit par choix, soit, comme moi, par la force des choses.

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Mais ce n’est pas le propos ! Ça ne devrait pas être la SEULE option enseignée. Et pas seulement parce que de nombreuses études remettent en question son efficacité : selon le Centre de Contrôle des Maladies, la plupart des Américain•e•s ont plus d’un•e partenaire sexuel•le dans leur vie, et commencent à avoir des relations vers 17 ans. Dire uniquement « ne le faites pas », ça ne marche pas.

Une éducation sexuelle biaisée… et pas forcément dans le bon sens

Même quand elles intègrent l’éducation sexuelle, les écoles peuvent y appliquer un biais d’opinion. Nous avons déniché une entreprise qui propose aux établissements scolaires deux version de la même vidéo sur la contraception. La version B est présentée comme « dénuée de tout jugement ». En voici un extrait.

« Personne ne dit que c’est facile d’être ado. Vous aurez beaucoup de décisions importantes à prendre. Mais aucune n’est aussi importante que celle que vous prendrez au moment de devenir acti•f•ve sexuellement. Certain•e•s d’entre vous le sont peut-être déjà, mais la plupart n’ont pas encore eu de relations sexuelles. Peut-être que vous attendez le mariage, la bonne personne, ou que vous n’êtes tout simplement pas prêt•e•s à prendre cette grosse responsabilité. »

Cool. Ces acteurs trentenaire habillés comme des ados des années 90 disent des trucs malins. Cependant, la version A de la vidéo, qui n’est pas « dénuée de tout jugement », prend une direction un poil différente… Voyons si vous le repérez.

« Personne ne dit que c’est facile d’être ado. Vous aurez beaucoup de décisions importantes à prendre. Mais aucune n’est aussi importante que celle que vous prendrez au moment de devenir acti•f•ve sexuellement. En tant qu’ado, vous êtes censé•e attendre jusqu’au mariage avant d’avoir des relations sexuelles. Avant cela, l’abstinence est la seule option acceptable aux yeux de votre famille, votre école, et votre communauté. »

Attendez… pourquoi avoir gardé la première partie, qui en parle comme d’une décision ?! Ils auraient dû dire « aucune décision n’est aussi non-importante que celle que vous ne prendrez pas au sujet de votre sexualité, rappelez-vous aussi que Dieu vous regarde vous masturber et que le liquide s’échappant de vos parties génitales est en fait ses larmes ! Vous Le rendez triste ».

Des intervenant•e•s au message parfois dangereux

Rien que le fait qu’il existe deux vidéos ayant le même titre mais diffusant un message totalement différent montre à quel point il peut être difficile de savoir à quoi ressemblent les cours d’éducation sexuelle là où vous habitez. Sans parler des intervenant•e•s que les établissements peuvent solliciter ! Vous vous rappelez de la femme dans la vidéo No Screwin’ Around ? C’est Pam Stenzel, et son site officiel indique qu’elle s’adresse à un demi-million de gens chaque année, a priori… comme ça.

« Voici la ligne à ne pas dépasser. AUCUN CONTACT ENTRE PARTIES GÉNITALES D’AUCUNE SORTE QUE CE SOIT. Main sur des parties génitales, bouche sur des parties génitales, parties génitales sur des parties génitales. Le sexe oral — bouche sur des parties génitales — EST DU SEXE. Si vous avez franchi cette ligne, vous risquez des maladies, vous devez vous faire examiner, et n’ayez pas l’audace, l’AUDACE de dire à quiconque que vous êtes vierge ! »

Pourquoi… pourquoi essayer de chasser l’excitation sexuelle des ados à coups de cris ? Les programmes comme le sien sont tellement opposés à la sexualité qu’on pourrait finir par croire que le monde adulte est un barrage sans fin de bites non désirées ! Ce qui, pour l’anecdote, était le slogan originel de Tinder.

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Les femmes sexuellement actives, en première ligne des critiques

Le problème, c’est que Stenzel n’est pas seule. Shelly Donahue intervient dans des établissements scolaires aux États-Unis. Elle aime montrer les dangers des partenaires sexuels multiples en parlant des femmes comme de « morceaux de scotch » qu’elle colle sur les bras de divers garçons… jusqu’à ce que ceci se produise.

« Combien de partenaires sexuels avant le mariage, en moyenne, aux États-Unis ? Six, berk… Imaginez donc ce qui arrive au scotch ? Il perd son pouvoir collant. »

Ce qu’elle dit, c’est que le scotch a été tant utilisé qu’il en devient abîmé. Ce qui ne prend même pas en compte la possibilité que le scotch pourrait être super content, avoir passé un bon moment, ou que certains mecs aiment le scotch qui ne colle que là où ils veulent.

Cette idée que le sexe dévalorise ceux et celles qui le pratiquent, en particulier les femmes, remonte à la surface régulièrement. Les gens qui ne sont pas vierges ont été comparés à des brosses à dents usagées ou à du chewing-gum déjà mâché. Et puis il y a cette vidéo, dans laquelle une jeune femme qui n’est pas vierge pour sa nuit de noces est comparée à une chaussure sale.

— C’est quoi ça ? — Mes baskets ! — On dirait que toute une équipe de foot les a enfilées. — Je leur ai fait porter des chaussettes ! — Des chaussettes ?! Des chaussettes ne protègent pas mon cœur ! On attrape des champignons même avec des chaussettes ! — Je voudrais pouvoir remonter dans le temps et m’engager à l’abstinence jusqu’au mariage.

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Cette vidéo me brise le cœur. Pas seulement parce qu’il humilie sa femme, mais aussi parce que « des chaussettes ne protègent pas mon cœur » est probablement la phrase la plus drôle de toute cette émission, et on ne l’a même pas écrite !

Ce genre de message peut être très violent pour qui le reçoit, surtout pour les survivant•e•s d’agressions sexuelles, comme Elizabeth Smart. Elle a été kidnappée et agressée à l’âge de 14 ans, et vous reconnaîtrez peut-être la métaphore qu’une de ses profs a utilisée…

« Elle a dit : imaginez que vous êtes un chewing-gum. Avoir une relation sexuelle, c’est comme être mâché•e. Si vous le faites à de nombreuses reprises, vous allez être un vieux chewing-gum. Qui va vouloir de vous, à ce moment-là ? C’est affreux. Personne ne devrait jamais dire ça. Mais moi, je m’étais dit… oh mon Dieu, je suis ce vieux chewing-gum mâchouillé. »

Ne rien apprendre aurait toujours été mieux que d’apprendre ça. Ça ne dit pas grand-chose de bien sur sa prof de réaliser que les gosses malades ce jour-là ont reçu une meilleure éducation qu’Elizabeth.

Une mauvaise éducation sexuelle, la meilleure amie de la culture du viol

Ce qui est tragique, c’est que l’éducation sexuelle, quand elle est bien faite, peut être tellement bénéfique… mais quand elle est ratée, ça peut être vraiment grave.

Prenez le consentement : une étude récente montre que bien des étudiant•e•s avaient du mal à en saisir certains aspects. Par exemple, quand on leur a demandé si une personne se déshabillant, cherchant un préservatif ou acquiesçant exprimait son consentement à une relation sexuelle, 40% des sondé•e•s ont répondu oui, et 40% ont répondu non. Cette ambiguïté est un problème, car le sexe, c’est comme la boxe : si les deux personnes n’ont pas donné leur consentement, l’une d’entre elles commet un crime !

À lire aussi : Culture du viol, consentement et « zone grise » : des concepts imaginaires ?

Les messages prônant l’abstinence ne rendent service à personne. Ils se focalisent tellement sur le « non » qu’ils oublient d’enseigner à quoi ressemble un consentement éclairé et enthousiaste… ou pire, suggérer que ça ne concerne qu’une des deux personnes. Comme dans cette vidéo, issue d’un programme intitulé Sex smart, qui explique comment se défendre face à des avances non désirées.

— On devrait coucher ensemble, pour nous prouver notre amour ! — Tu penses qu’on est prêts ? — [Oui, je suis prêt !]

« Oops… ça n’a pas marché. »

— On devrait coucher ensemble, pour nous prouver notre amour ! — Non. — [Est-ce que ça veut dire non ou oui ?]

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« On recommence ! Cette fois-ci, dis-le de façon affirmée. »

— On devrait coucher ensemble, pour nous prouver notre amour ! — Tu rêves !

« Enfin ! »

— Ok, allons juste au concert.

Attendez, attendez. Ils étaient déjà en retard pour un concert, mais il s’est dit qu’ils avaient le temps de coucher ensemble ? Voilà un ado très lucide sur ses capacités ! Pour revenir à notre propos, c’est bien d’enseigner à cette fille qu’elle peut dire « non »… mais à aucun moment cette vidéo ne pointe du doigt le fait que ce garçon aurait dû mieux l’entendre. C’est étrange de passer outre quelque chose d’aussi affligeant.

C’est comme dans Grease, quand le mec dit « Tell me more, tell me more, did she put up a fight » (« Dis-m’en plus, dis-m’en plus, est-ce qu’elle s’est débattue ») : ils auraient dû interrompre la chanson là et lui dire « Attends, attends, qu’est-ce que tu viens de dire, bordel ?! C’est quoi ton problème ? T’es un monstre ! Et t’as l’air d’avoir quarante ans ! ».

https://youtu.be/HlgDbTpFYJc

Un manque d’éducation qui se répercute sur l’âge adulte

Quand les ados sortent du lycée sans savoir vraiment ce qu’est le consentement, ça nourrit une culture déjà très problématique grâce à laquelle une bande de mecs issus de fraternités peuvent faire le tour de Yale en gueulant ceci, sans avoir le moindre problème :

« Non veut dire oui ! Oui veut dire sodomie ! Non veut dire oui ! Oui veut dire sodomie ! Non veut dire oui ! Oui veut dire sodomie ! »

À lire aussi : Le viol dans les campus ciblé par la Maison Blanche, qui relance « It’s on us »

Pour rappel, le taux d’acceptation à Yale est de 6,3%, alors on se demande à quoi ressemblent les gens qui ne sont pas pris ! Je détesterais entendre leurs slogans à eux… Et ceci n’est pas un incident isolé : l’an dernier, des fraternités de Texas Tech et de LSU ont utilisé le même slogan. C’est devenu quelque chose qu’on entend sur les campus aussi souvent que « Je pense changer de filière » ou « Que fout James Franco ici ? ».

À lire aussi : « Nous aurions pu être des violeurs » – de l’importance de l’éducation sexuelle

L’éducation sexuelle par Laverne Cox, Nick Offerman & co.

Le truc, c’est qu’on ne laisserait aucun programme académique échouer régulièrement à préparer les élèves à la vie après l’école. La sexualité humaine, contrairement à l’algèbre, est quelque chose de réellement utile pour toute une vie. Peut-être que vous et votre famille, vous vivez à un endroit où l’éducation sexuelle est bonne, et si c’est le cas félicitations, mais si ce n’est pas le cas, cette vidéo est pour vous.

« Personne ne dit que c’est facile d’être ado. Vous aurez beaucoup de décisions importantes à prendre. Mais aucune n’est aussi importante que celle que vous prendrez au moment de devenir acti•f•ve sexuellement. Voici quelques trucs que vous devez savoir. »

« Ceci est un pénis. Ceci est un vagin. Ceci est une bouche. Ceci est une main. Ceci est un cul. Vous pouvez les mixer comme vous le souhaitez, tant que vous êtes à l’aise. Main et bouche, ça serait bizarre mais… vous pouvez. »

« Ceci est le clitoris. Ceci sont des testicules, qui fabriquent le sperme… et c’est à peu près tout. »

« Si vous choisissez l’abstinence, pas de souci. Si ce n’est pas le cas, pas de souci non plus. L’abstinence, c’est comme être végétarien•ne : les gens devraient respecter ce choix. Certain•e•s pourront se moquer de vous : ce sont des trouduc. »

« Contre les MST et IST, protégez-vous. Enfin, si vous en avez déjà une, vous devez prendre des médocs ou un truc du genre. Anecdote ! En Égypte antique, on mettait dans le vagin du caca de crocodile mélangé à du miel pour prévenir les grossesses non désirées. Tous ces gens sont morts maintenant. »

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« Voici comment mettre un préservatif sur une banane. Woh, c’est moins recourbé que ce à quoi je suis habituée ! »

« Ceci est un DIU. Il se place dans le corps de la femme et empêche la grossesse. Vous pouvez le garder pendant dix ans, ce qui est long par rapport aux mecs du lycée qui restent en vous une à deux minutes max. »

« Voici plein d’autres méthodes de contraception. Cherchez des infos sur Google ! »

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« Le consentement c’est plutôt simple : si quelqu’un ne veut pas coucher avec vous, ne couchez pas avec lui/elle. Si vous pensez être capable de persuader l’autre, qui n’a pas envie, abstenez-vous. Si vous n’êtes pas sûr•e que l’autre a envie de coucher avec vous, posez-lui la question ! Même si vous êtes à peu près sûr•e, demandez toujours. Si l’autre est bourré•e, il/elle peut ne pas être en mesure de consentir.

Et rappelez-vous : vous pouvez toujours dire « non ». Même en plein milieu de l’acte, vous pouvez dire « non ». Si quelqu’un veut pratiquer avec vous un acte sexuel que vous ne désirez pas, vous êtes en droit de refuser. Dites « je m’en fous que ce soit bien, je ne veux pas que tu mettes ton doigt dans mes fesses » ! »

« Rapidement, pour conclure.

  • « La plupart des gens auront un papillomavirus » est à la fois une affirmation correcte, et ce que vous entendrez probablement juste avant que quelqu’un ne vous refile un papillomavirus.
  • Si vous appelez ça une « fouffe », vous n’êtes pas prêt•e à passer à l’acte. »
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  • Le lubrifiant est votre ami. Croyez-moi.
  • Si vous avez une opportunité de coucher avec cet homme [Ryan Gosling], foncez.
  • Le meilleur safeword est : « poopnanny ».
  • Une femme qui a eu des relations sexuelles n’est pas une chaussure sale. Une femme qui a eu des relations sexuelles est comme une chaussures avec… des lacets : complètement normale, putain ! »
john-oliver-mike-ehrmantraut-actor

« Pour finir, et c’est important : si quelqu’un vous dit qu’avoir vos règles vous rend plus doué•e au bowling, cette personne est un•e putain d’imbécile. »

L’éducation sexuelle en France

En France, l’abstinence n’est pas enseignée à l’école publique. Cependant, l’éducation sexuelle est loin d’être parfaite pour autant. Il y a quelque temps, nous vous avions demandé vos souvenirs de cours sur le sujet ; nous avions parlé des débuts de la sexualité, on a causé contraception… Vous pouvez retrouver tout ça dans les articles ci-dessous.

À lire aussi : Mes premières expériences sexuelles, du fantasme à la réalité — Témoignages

Plus de John Oliver…

À lire aussi : La situation des trans aux États-Unis pour les nuls, par John Oliver


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

29
Avatar de Letii_x
3 janvier 2016 à 20h01
Letii_x
J'ai juste envie de dire: merci John Oliver! <3
Du coup je m'attendais presque à ce qu'il parle de Laci Green, mais je trouve en tous cas que c'est vraiment bien que les chaînes de télé (au moins une en tout cas) prennent le temps d'expliquer tout ça à leurs téléspectateurs. C'est important que chacun puisse faire un choix éclairé.
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