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Ma déprime en Erasmus, et comment je m’en suis sortie

Partir étudier à l’étranger était plus qu’un rêve pour Camille, malheureusement cela ne s’est pas déroulé comme prévu. Elle vous raconte la déception… et comment elle a tout de même réussi à s’adapter à son nouveau quotidien.

— Photo d’illustration : la vieille ville de Tallinn, par Camille.

Il y a quelque temps, j’étais en première année de licence information-communication et ça faisait bien longtemps que je voulais partir étudier à l’étranger. Trop longtemps, j’ai envie de dire.

Par chance, mon université propose un nombre assez incroyable de partenariats, éparpillés dans les quatre coins du monde.

On peut même partir étudier dans une université de la sacro-sainte Ivy League !

Erasmus : un idéal inaccessible

Je me revois encore les yeux remplis d’étoiles et d’espoir. Mais voilà, l’American dream way of life ne vient pas comme ça.

Très vite, je me suis découragée face aux conditions de candidature, assez monstrueuses.

Que ce soit la note demandée en TOEFL, ce test de niveau d’anglais bien sûr payant, ou les dizaines de milliers d’euros que l’on devait avoir sur son compte pour que l’État américain accepte de nous recevoir pendant un an, tout était assez irréalisable.

Je me suis donc dirigée vers l’Australie, mais la vie est très chère là-bas. Trop chère pour moi.

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Bizarrement, je n’avais jamais vraiment envisagé l’Erasmus +, sorte de Brexit personnel. Mais c’était la seule alternative qui me restait.

Je me suis donc renseignée pour les destinations en Angleterre et en Irlande. Seulement voilà, ce sont les pays les plus demandés en Erasmus.

Avec mon petit 11 qui me permettait de tranquillement vivoter à la fac, j’étais bien loin des exigences requises.

De la difficulté de quitter un quotidien français épanouissant

Entre temps, il s’était passé une année avant que je ne me remette à penser Erasmus. Il se passe beaucoup de choses en une année, et celle-ci a été particulièrement fertile.

J’ai trouvé ce que je pense être ma vocation, l’amour, et de vrais bons potes. Une réelle stabilité, quoi.

Pour la première fois de ma vie, j’étais vraiment bien quelque part : en France.

En fait, pour la première fois de ma vie, j’étais vraiment bien quelque part. Et ce quelque part, c’était la France.

Cependant, je gardais toujours mes rêves de mobilité à l’esprit.

J’ai ainsi décidé de ne pas partir seulement pour partir, mais pour aller étudier quelque chose en adéquation avec ce que je pense être ma voie : le journalisme, ou du moins l’écriture. Cela me permettrait de valider ma licence.

Après l’Angleterre et l’Irlande, j’ai donc décidé de vraiment postuler cette fois, mais j’ai orienté mon choix vers la Suède et la Norvège : les pays scandinaves sont réputés pour la liberté de leur presse remarquable ainsi que pour leur enseignement plus qu’intéressant.

Une destination Erasmus très hasardeuse

Je commençais à être emballée et je m’imaginais vraiment dans ces pays-là, si bien que je n’avais pas regardé les autres destinations et leurs cours proposés. Grossière erreur !

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Un mois avant l’annonce de l’attribution des pays, ma coordinatrice Erasmus m’a appelée pour me proposer l’Estonie, en disant que c’était l’idéal pour étudier le journalisme.

Pensant aux cours avant tout j’ai accepté, sans même regarder le site de l’université de Tallinn. Peu de temps après, les résultats sont tombés : mon Erasmus allait se dérouler en Estonie.

Aussitôt acceptée, j’ai cette fois-ci jeté un réel coup d’œil à la liste des « exchange studies » proposées. Pas une seule trace de journalisme !

J’ai très vite réalisé que mon université d’accueil, Tallinn Ulikool, n’était pas dédiée au journalisme mais au cinéma.

Ne perdant pas espoir, j’ai contacté ma coordinatrice Erasmus pour lui demander des explications. L’air confuse, elle m’a répondu que c’était ce que la responsable d’Estonie lui avait certifié.

J’ai donc rendu visite à cette fameuse responsable qui m’a dit de bien regarder à nouveau les cours, qu’il lui semblait avoir vu du journalisme.

Assez rapidement, j’ai réalisé qu’elle ne savait pas de quoi elle parlait, et qu’elle était aussi perdue que moi.

Les premières semaines Erasmus : la fête, la fête, la fête

J’ai emménagé à Tallinn pour y faire ma troisième année de licence en août, et je n’ai pas eu le temps de m’ennuyer. Je ne suis pas la première à le dire, les premières semaines en Erasmus sont très… intenses.

J’allais de fête en fête et je rencontrais toujours plus de gens. L’ambiance était au rendez-vous et tous les clichés Erasmus aussi.

Ce n’est pas pour rien si un des surnoms d’Erasmus est Orgasmus.

Cette dernière partie ne m’intéressait pas du tout, étant donné que j’étais en couple. Mais si on enlève cette partie-là, j’étais au top de ma vie.

Ma douce période de lune de miel a mal tourné à l’arrivée de la rentrée.

J’avais vraiment le sentiment de vivre cette vida loca à l’étranger, dont j’avais tant rêvé !

Malheureusement ma douce période de lune de miel a mal tourné à l’arrivée de la rentrée. Erasmus c’est cool, c’est sympa, tu t’éclates, mais pour les cours c’était la galère totale.

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Le mal du pays en Erasmus

La plupart des matières que j’avais choisies se déroulaient en même temps, et les autres n’acceptaient pas d’étudiants étrangers…

Si au début j’aimais bien sortir à outrance, je me suis très vite calmée parce que, d’une part, mon budget ne suivait pas et, d’autre part, j’ai réalisé que je n’aimais pas vraiment ça.

J’ai commencé à vraiment ne pas me sentir à ma place et à ne pas comprendre ce que je faisais en Estonie, tout simplement. Le pire dans tout ça, c’est que j’avais l’impression d’être la seule dans ce cas.

Les autres, eux, avaient l’air de s’être parfaitement intégrés à leur nouvelle vie so estonienne.

En ce qui concerne les gens que j’avais rencontrés, j’ai très vite réalisé que pour la plupart, je ne me voyais pas développer une vraie relation avec eux et ça m’a fait mal.

J’avais perdu tous mes repères. Ma famille et mon copain me manquaient. La France me manquait. Je comprenais enfin Polnareff avec sa Lettre à France.

Mettre à profit son année Erasmus malgré tout

Il y a cependant quelque chose d’assez exceptionnel chez l’être humain, c’est qu’il s’adapte à tout. Et même dans les situations les plus merdiques, on peut bien s’en sortir si on s’en donne les moyens.

C’est ce qui m’est arrivé. Le premier déclic, ça a été de faire un blog sur mon expérience de mobilité à Tallinn.

Écrire sur cette ville m’a permis de l’apprécier, de l’explorer, d’apprendre à bien la connaître.

Écrire sur cette ville m’a permis de l’apprécier, de l’explorer, d’apprendre à bien la connaître.

Ça m’a également donné le sentiment de me sentir chez moi, tout en comblant ma soif d’écriture.

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La plage de Pirita, un endroit pas trop dégueu.

En plus de ce blog personnel, j’ai décidé d’écrire pour le Journal International, histoire de me faire plus d’expérience et tirer quelque chose de cette année de mobilité, professionnellement parlant.

Pour ce qui est de l’apprentissage, je me suis résignée au fait que je n’aurais jamais de vrais cours de journalisme à Tallinn University.

J’ai donc choisi de prendre tous les cours possibles centrés sur l’écriture, comme « Writing for Transmedia » (« l’écriture du transmédia »), « Storytelling » (l’analyse de supports médiatiques comme des films), et des modules autour du « Crossmedia » pour apprendre à bien promouvoir des articles.

Cela permet de retirer quelque chose, scolairement parlant, de cette expérience. Et finalement je ne regrette pas du tout, je pense vraiment que ces cours ont amélioré ma rédaction et mon style d’écriture en anglais.

Une nouvelle vie sociale ?

Quant à la vie sociale, j’ai finalement rencontré des gens par le biais de l’université : grâce à des cours qu’on avait en commun, j’ai commencé à m’intégrer à un groupe de Français déjà existant.

Cela peut d’ailleurs paraître assez triste vu qu’à l’origine, le but était quand même de nouer de vraies relations avec des étrangers. Mais cela s’est fait comme ça !

En ce qui concerne le manque de mes proches, après un début plutôt critique, j’arrive à bien le gérer. J’appelle ma famille assez régulièrement par WhatsApp.

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Le château de Kadriorg.

Et pour ce qui est de mes amitiés, il n’y a pas de problèmes,

je me suis même rapprochée d’une amie restée en France ! Et avec mon copain, tout se passe très bien.

Nous avons convenu de faire minimum deux Skypes par semaine et on se parle continuellement par message. Au final, je pense même que cette distance va renforcer notre couple.

Une expérience concluante

Je ne dis pas que ça a été facile, mais je me suis finalement bien intégrée en Estonie. J’ai ma petite bande d’amis, mes petites habitudes.

Après, je ne vous cache pas que j’avais quand même hâte de rentrer en France pour les vacances de fin d’année afin de retrouver mes proches.

Mais au moment de repartir à Tallinn, j’étais sereine. Ce n’était plus l’angoisse qui m’envahissait, mais la curiosité de voir plein de nouvelles têtes et de leur montrer ce que j’apprécie dans ma ville d’accueil.

Je vis enfin pleinement mon année d’études à l’étranger.

À lire aussi : Ce qu’Erasmus a changé en moi

– Suivez les aventures de Camille sur son blog !

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Les Commentaires

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Avatar de DatPotato
11 avril 2017 à 10h04
DatPotato
L'Erasmus m'a personnellement fait du bien. Étudiante en LEA et LLCE il semblait de toute façon obligé que j'y passe.
J'étais loin d'être une quiche en anglais, j'aurais peut-être du partir pour une destination hispanisante, mais je suis quand même partie en Angleterre, mon amour de toujours.
Je crois que ce semestre a été le meilleur de tous. Je n'en pouvais plus de ma fac et des gens de ma fac en France, donc partir était une solution. J'ai eu une super coloc où on était 7, 6 britanniques et moi. C'était un peu le bordel mais tout s'est bien passé, y a jamais eu de prise de bec. Et bien sûr j'avais deux amies françaises sur place qui étudiaient avec moi sur place.

Concernant les cours, j'avais contacté les facs qui m'intéressaient et les anciens élèves partis pour pas me fermer des portes ou que je sois perdue. Concrètement le niveau était un peu plus élevé qu'en France mais je me suis épanouie dans mes cours et je les ai absolument adoré; malgré une université bien plus imposante qu'en France, les profs (lecturers) étaient tout le temps disponible et à l'écoute (et en plus on les appelle par leur prénom, ça c'est chelou on va pas se mentir).

En somme l'Erasmus a été fantastique. J'ai rencontré mon copain là-bas avec qui je suis maintenant depuis trois ans rpz, et après avoir fini mes licences je suis parti directement en master en Angleterre. Toute seule cette fois-ci, sans personne de ma fac française, sans mon copain dans la même ville. C'était plus compliqué mais pour rien au monde je ne changerai tout ce que j'ai fait

Merci Erasmus+
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