HBO a du mal à s’en sortir entre ses séries vieillissantes comme Game of Thrones, le succès critique mais attirant peu de public de The Leftovers, le semi-échec de Vinyl… Sa nouvelle série de science-fiction, Westworld, serait-elle le messie que la chaîne attendait ?
Elle est diffusée en US+24 sur OCS City — c’est-à-dire que l’épisode diffusé aux États-Unis hier soir le sera chez nous ce soir en version sous-titrée.
Westworld, la série de science-fiction qui redonne espoir au genre
Westworld est le nom du parc d’attractions merveilleux où les riches peuvent goûter à une autre vie, dans un autre univers, celui du Far West. Du héros qui sauve la belle au chasseur de primes ou de scalps, le joueur peut camper n’importe quel personnage et se créer une vie éphémère dans Westworld.
Située dans un futur proche (ou serait-ce un présent dystopique ?), cette série de science-fiction ne va pas vous laisser de marbre.
Comme n’importe dans quel RPG (role playing game), le jeu est peuplé de PNJ (personnages non-joueurs) — en l’occurrence des barmaids, des prostituées, des habitant•es lambda de la petite ville. Derrière leurs visages parfaits, ces androïdes ont déjà eu cent vies, et se plient à des règles complexes dont la première, comme pour bien des robots, est de ne jamais faire de mal à un être vivant/humain. Surtout quand c’est celui qui les a créés.
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Westworld s’inspire du film hyper kitsch des années 70 de Michael Crichton, Mondwest, que je n’ai jamais vu et raconte comment des robots d’un parc d’attractions se sont mis à tuer les joueurs. J’étais très impatiente de découvrir la nouvelle série de Jonathan Nolan (le frère de) et de Lisa Joy (scénariste sur Pushing Daisies) depuis que j’en ai entendu parler.
Westworld, un bijou de série télé
J’ai eu la chance de voir les quatre premiers épisodes (sur dix) de Westworld, et s’il y a une certitude, c’est que HBO n’a pas lésiné sur les moyens. Bordel, c’est beau, je suis loin d’être déçue ! Je pense même que l’équipe a tout construit en décor extérieur pour rendre le parc encore plus réaliste.
Le premier épisode pose vraiment le concept, chaque jour est rembobiné puis effacé de la mémoire des robots, et à chaque lever de soleil, une page vierge s’écrit.
Peu à peu, de nouveaux enjeux s’installent avec la place exacte des protagonistes qui s’insère dans les rouages, et le génie de Jonathan Nolan se révèle. Tout est lié et surtout, il existe un plan plus large que les problématiques individuelles.
Je pourrais passer un paragraphe entier à m’extasier devant l’attention portée aux détails et un autre à la narration tellement intelligente, mais je vous laisse vous faire votre propre opinion en vous laissant regarder la série.
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Westworld, un univers impitoyable aux frontières floues
Les invités de Westworld n’ont aucune limite. Certes, ils peuvent se comporter en héros, mais aussi être les pires personnes. Des viols aux meurtres de sang-froid, ils ne risquent rien grâce à leur immunité en tant que joueur. Imaginez donc les comportements bestiaux de certains, qui oublient le principe de moralité…
Jonathan Nolan, c’est celui qui a co-écrit un Batman et Interstellar avec son frère, Christopher. Personnellement, j’ai trouvé que deux heures, c’était un peu court pour exploiter tout le scénario d’Interstellar, mais le concept de base était génial et le visuel bluffant. Il suffit de voir sa série Person of Interest pour réaliser à quel point le type a une vision personnelle de la société et de la place qu’y tient l’intelligence artificielle.
Robots, humains, un thème ancestral remis au goût du jour dans Westworld
Évidemment, le thème de la prise de conscience et de la révolution des robots n’est pas original.
Niveau films, on a eu I Robot, Ex Machina (avec des nuances tellement subtiles que j’ai eu l’impression que le robot était plus humain que l’humain lui-même — c’est bien ça le problème). Dans les séries, récemment il y a eu Real Humans, mais aussi The Prisoner dont je ne suis toujours pas sûre d’avoir compris le sujet, ou encore l’incontournable Battlestar Galactica.
Mais Westworld m’a rappelé aussi Dollhouse, avec cette volonté qu’ont les robots de toujours faire au mieux et de s’adapter à leur environnement.
Les lois fondamentales de la robotique d’Isaac Asimov sont claires : pour qu’une intelligence artificielle atteigne un état de conscience, il y a plusieurs lois à suivre.
Dans le Westworld, la menace gronde
Ce sont des questions classiques que soulève Westworld. Du libre arbitre à la quête de liberté (que ce soit en tant qu’humain ou en tant que robot positronique), toutes les interrogations essentielles de la vie sont posées.
La dualité entre les PNJ du parc et les personnages du côté des créateurs rend le tout très méta et impose un rythme bourré de suspense. Anthony Hopkins dans le rôle du créateur de ces hôtes fait juste flipper, comme un Hannibal Lecter qui cache sa psychopathie.
Qui manipule qui ? Quel est le secret caché de Westworld ?
Y a-t-il dans la série de la violence graphique ? Oui, comme bien des programmes du câble. Westworld a sa part de nudité, de gore et de sexe, mais soulève aussi l’aspect problématique de cet étalage. En effet, la série aborde des idées violentes qui ébranlent les certitudes de ses personnages et qui je l’espère, en feront réfléchir plus d’un•e.
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Westworld remet en question notre humanité
Comment prouver notre humanité, comment être « réels », si ce n’est par l’âme — ou en tout cas ce que les croyant•es qualifient ainsi ?
Comment prouver notre humanité, comment être « réels », si ce n’est par l’âme — ou en tout cas ce que les croyant•es qualifient ainsi ? J’essaie d’imaginer ma réaction si on m’apprenait que je n’étais, depuis tout ce temps, que quelques lignes de code programmées pour penser que je suis humaine. Que tous mes souvenirs sont faux…
En suivant l’évolution des personnages de Westworld, il y a une chose qui frappe, c’est la touche de tragédie qu’ils ont tous en eux. Comme quoi, être humain•e, ça ne passe pas que par le bonheur.
Westworld, ambitieuse série avec des moyens à la hauteur
Tous les acteurs de Westworld sont géniaux (à part Anthony Hopkins, il y a Ed Harris, James Marsden, Sidse Babett Knudsen, Ben Barnes, Jeffrey Wright, et j’en passe), particulièrement ceux qui incarnent les androïdes. C’est bête à dire, mais perdre toute expressivité et la gagner à nouveau quand tu te réveilles, c’est une subtilité difficile à mon avis !
Je l’avoue, j’aimerais qu’Evan Rachel Wood se mette à chanter…
Big up également à la bande sonore de Westworld qui est signée Ramin Djawadi (Game of Thrones, Person of Interest).
Westworld, une des meilleures séries de l’année
Ça va peut-être sembler bizarre mais l’intrigue de Westworld est si belle que je n’ai pas envie d’en connaître la fin. Et surtout, je n’ai pas envie d’essayer de deviner la suite : j’attends qu’on me la raconte.
Même dans mes rêves les plus fous, je n’aurais jamais pu deviner la fin de Person of Interest, et je veux que Nolan me surprenne de la même manière avec Westworld.
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Je pense que Westworld figure sans conteste dans mon top 3 de ce cru 2016. Franchement, mes attentes initiales étaient bien hautes, et ces premiers épisodes ne font que confirmer mon impression. C’est une série grandiose — à découvrir dès ce soir à 21h55 sur OCS City !
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