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La vidéo à la demande en France, c’est pour quand ?

Le rapport Bonnell sur les perspectives du cinéma français présente 50 mesures, dont une qui permettrait le développement de la vidéo à la demande en France. On croise les doigts.

Une chronologie des médias anachronique

En France, la sortie d’un film en salles, en DVD, à la télévision puis à la demande obéit à une chronologie rigoureusement encadrée. Après sa sortie en salles, il faut attendre 4 mois pour qu’un film sorte en DVD, 10 à 12 mois pour sa première diffusion à la télévision payante (en France, c’est Canal+), entre 22 et 30 mois pour une diffusion à la télévision gratuite.

La mise à disposition de ce film en vidéo à la demande payante (VOD pour « video on demand » et VàD en français) ne peut intervenir que 36 mois après sa sortie en salles. Soit trois ans d’attente pour pouvoir regarder un film sur l’écran qui me plaît (TV, tablette, ordi…).

Trois ans, c’est bien long pour payer pour voir un film qui sera déjà passé en prime time, un dimanche soir sur TF1…

Le rapport Bonnell propose de réduire le délai de mise à disposition d’un film en VàD payante de 36 mois à 18 mois. Cette mesure permettrait de rendre le marché de la VàD plus attractif et de développer l’offre de VàD en France. C’est bien à cause de cette chronologie des médias que des plateformes de VàD de type Netflix n’émergent pas en France.

Le rapport souligne d’ailleurs que la vidéo payante (téléchargement légale, vidéo à la demande) « a multiplié son chiffre d’affaires par 9 depuis 2007 », une croissance qualifiée de « montée en puissance ». Qu’est-ce qu’on attend pour faire la fête alimenter ce marché ?

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Les réticences des chaînes françaises

Si on attend que les chaînes françaises donnent leur accord, ce ne sera pas pour cette année. Deux objections principales au développement de la VàD 18 mois après la sortie du film sont soulevées :

  • La concurrence entre elles : si le délai entre la sortie d’un film et sa mise à disposition en VàD passait dans l’avenir à 18 mois (au lieu des 36 mois actuels), les chaînes françaises risquent de perdre des parts de marché : les services de « TVR », télévision de rattrapage (le « replay ») vont être concurrencés par la vidéo à la demande. Au lieu de regarder votre film en replay sur une chaîne, vous irez le regarder à la demande, dans la bibliothèque proposée par votre fournisseur d’accès Internet, par exemple.
  • La concurrence avec les plateformes de VàD étrangères : si le marché de la VàD devient intéressant en France, il intéressera ceux qui s’y sont déjà placés. Netflix et Amazon par exemple, pourraient alors étendre leur offre à la métropole, et concurrencer les offres françaises. Le rapport Bonnell pointe que ces prestateurs ne sont soumis à aucun quota de diffusion ; s’ils venaient à s’implanter majoritairement en France, rien ne les contraindraient à proposer des oeuvres françaises et le cinéma français risquerait de perdre en visibilité.

Effectivement, ce deuxième point pose problème à l’industrie du cinéma français, puisqu’il impacte directement une source de financement des films français.

Un autre facteur est accusé de tailler dans le gâteau du cinéma selon le rapport Bonnell : le streaming et le téléchargement illégaux.

Le « fléau du piratage » versus l’offre inadaptée

Le piratage est qualifié de « fléau » dans le rapport Bonnell. Mais on accuse un peu facilement le téléchargement illégal d’être une des causes du manque à gagner du cinéma français, alors qu’il est surtout une conséquence de l’inadéquation de l’offre légale aux pratiques des consommateurs. 

rapport bonnell p.73

Extrait du rapport Bonnell, p. 73

Euh, si par « vidéo physique » on entend VHS/DVD et autres supports de lecture, je voudrais signaler à M. Bonnell qu’il y a belle lurette que je ne possède plus aucun lecteur de support physique.

Il ne faudrait pas confondre causes et conséquences : les évolutions techniques et des modes de consommation ont rendu la « vidéo physique » has-been ; l’offre légale de téléchargement n’a pas suivi, le téléchargement illégal s’y substitue en partie pour l’instant. (Car ce n’est pas faute d’essayer : Klaire a testé le téléchargement légal pour les séries, dire que l’offre est « décevante » est un doux euphémisme).

Plaidoyer pour la « VàD »

J’aime le cinéma. J’aime le cinéma d’amour, j’attends certaines sorties les yeux pleins d’étoiles, à me gaver de bandes annonces. Dès que les cinémas ont commencé à proposer des abonnements, je me suis jetée dessus, même si 20€ par mois, c’était beaucoup pour le budget de l’étudiante que j’étais. Mais c’était aussi la seule offre légale d’accès au cinéma.

C’était il y a cinq ans, et je n’avais pas la télévision, et pas de lecteur DVD. Cinq ans plus tard, je n’ai plus aucun appareil capable de lire un disque (plus de lecteur CD/DVD sur MacBook). Je n’envisage pas de posséder une télé ni de m’abonner à une chaîne payante si je ne peux pas revoir mes programmes à l’heure qui me chante. Je n’envisage pas de payer un seul centime pour voir un film étranger doublé en français (je veux avoir le choix de la langue).

Et surtout, surtout, je ne suis pas prête à payer au prix du DVD un film dématérialisé que je ne pourrais visionner que sur un seul écran, trois ans après sa sortie en salles. Trois ans, c’est beaucoup trop long.

En 2013 en France, l’abonnement illimité aux salles de cinéma reste la meilleure offre en termes de rapport qualité/diversité/délais/prix. Mais à moins d’habiter à Paris ou dans les très grandes villes de province, cette offre n’est pas disponible.

…Et l’on s’étonne de l’essor du streaming et du téléchargement illégaux ?

À quand une véritable offre cinéma accessible à tous ?

Les Commentaires
6

Avatar de Physalice
15 janvier 2014 à 13h53
Physalice
Comme le dit Joulic il y a une légère erreur dans l'article. La VOD est à diviser en deux types :
- La VOD simple (ou tu payes les films que tu loues/achètes individuellement), le délai de l'apparition des films sur ces plateformes est de 4 mois, comme les DVD.
- La SVOD (Subscription Video On Demand) qui regroupe les services de VOD par abonnement, justement, comme Netflix, où on paye une somme fixe par mois mais on peut regarder tout le catalogue de façon illimitée. C'est ce type de VOD qui est restreint à 36 mois d'attente.

Voilà voilà .
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