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En Inde, quatre violeurs condamnés à mort

Quatre des agresseurs de la jeune femme dont le viol avait secoué la société indienne en 2012 ont été condamnés à mort.

Mise à jour, le 13 septembre 2013 – Il y a trois jours, quatre des auteurs du viol collectif et du tabassage de l’étudiante en kinésithérapie ont été reconnus coupables. Aujourd’hui, on apprend qu’ils ont été condamnés à mort.

Quelques jours après l’agression sexuelle, la jeune femme de 23 ans était décédée de ses blessures. Comme le rapporte le Huffington Post, « le juge […] a estimé que cette affaire relevait de la catégorie des crimes rares, définie par la Cour suprême indienne », ce qui explique cette peine capitale – une sanction très rare en Inde.

Les deux autres accusés n’ont pas reçu la même condamnation : le premier, mineur, devra purger une peine de trois ans de prison. Le second est mort en détention (des rumeurs expliqueraient qu’il s’agit d’un suicide).

Le 4 janvier 2013 – Le 16 décembre, alors qu’elle rentrait du cinéma avec son compagnon, une étudiante en kinésithérapie indienne a été victime d’un viol collectif dans un bus à New Delhi* avant d’être battue à coups de barre de fer par ses six agresseurs et jetée hors du véhicule.

Souffrant de graves blessures intestinales et de lésions cérébrales, elle est finalement décédée le 29 décembre dernier malgré les efforts des médecins pour la maintenir en vie.

Mais cet évènement tragique tristement banal dans une ville surnommée « la capitale du viol » a engendré une vague d’indignation dans le pays et permet de mettre sur le devant de la scène internationale la condition des femmes en Inde.

Une vague d’indignation

Dès l’annonce du viol et du passage à tabac de l’étudiante, la population s’est soulevée et des manifestations d’une rare ampleur ont eu lieu. Réclamant plus de sécurité pour les femmes ainsi qu’une meilleure prise en compte des plaintes pour agressions sexuelles, les manifestants ont contraint les forces de l’ordre à appeler régulièrement au calme.

Quelques jours après l’agression de l’étudiante, ce sont des milliers d’Indien-ne-s qui sortent dans les rues pour scander leur envie que justice soit faite. Des heurts avec la police ont lieu, faisant des blessés et entraînant des arrestations de protestataires.

Le 29 décembre, quelques heures après la mort de l’étudiante, la police a bouclé certaines zones de la capitale indienne, principalement le secteur autour du monument de l’India Gate et quelques stations de métro.

La police a par ailleurs redoublé de sécurité lors des funérailles de la jeune femme qui ont eu lieu le 30 décembre afin de prévenir de nouvelles manifestations. En plus de réclamer une plus forte législation de protection des femmes et des sanctions plus sévères à l’encontre des coupables, la population en colère appelle à la pendaison des agresseurs de l’étudiante au plus, leur castration au moins.

Surnommée Amanat (qui signifie « trésor » en ourdou), la jeune femme est devenue un véritable symbole pour tou-te-s les Indien-ne-s concernés par les droits des femmes. Mais est-ce que cet emballement va vraiment faire avancer le pays dans le sens des manifestant-e-s ?

Situation des femmes en Inde

Dans L’Inde a un problème avec les femmes, un article disponible en français sur Slate, la journaliste et ancienne rédactrice pour le Sunday Times of India Rashmee Roshan Lall, explique qu’il y a peu de chances pour que cette révolte n’améliore considérablement la sécurité des femmes : il faudrait selon elle une véritable « révolution sexuelle ».

Elle analyse le véritable paradoxe entre l’omniprésence de la sexualité, dans les médias comme dans les rues, et le caractère tabou des plaisirs de la chair.

Elle évoque également la « frustration endémique » créée par cette contradiction, qui serait à l’origine, selon les associations de défense des droits des femmes, du grand nombre de violences sexuelles perpétrées. Rashmee Roshan Lall rappelle quelques chiffres :

« En 2011, une enquête sur l’égalité sexuelle menée par l’International Centre for Research on Women, basé à Washington, révélait qu’un Indien sur quatre avait déjà commis dans sa vie des violences sexuelles et qu’un sur cinq avait déjà forcé sa partenaire à avoir des relations sexuelles avec lui. »

Alors que l’Inde n’a pas hésité à mettre une femme à la tête du pays en 1966, lorsqu’Indira Gandhi a été nommée première ministre, que le pays avait encore une femme pour présidente jusqu’en juillet dernier (Prathiba Patil) et que les femmes peuvent généralement y occuper des postes très haut placés, la journaliste revient également sur la dangerosité d’y être de sexe féminin :

« De fait, le viol collectif de New Delhi et ses conséquences soulignent les contradictions aussi fondamentales que perturbantes qui sont à l’œuvre dans ce pays.

En juin, une enquête menée par TrustLaw, un service d’informations légales de la Fondation Thomson Reuters et qui concernait les vingt premières économies du monde, avait classé l’Inde comme le pire pays pour les femmes, du fait, entre autres, du mariage des mineures, des meurtres pour dot insuffisante et de l’esclavage domestique.

Une situation pire encore qu’en Arabie Saoudite, où les femmes n’ont obtenu le droit de vote qu’en 2011, sont considérées légalement comme des mineures à tout âge de leur vie et ne sont toujours pas autorisées à conduire. »

La journaliste rappelle également l’existence d’une étude qui montre que 65% des hommes indiens estiment que les femmes doivent « tolérer la violence pour garder la famille unie et qu’elles méritent parfois d’être battues ».

La preuve, s’il en fallait, qu’il existe un véritable fossé entre les femmes occupant des postes dans les plus hautes sphères de l’État et la vie quotidienne de nombre d’entre elles qui souffrent de discriminations genrées : à titre d’exemple, en 2011, le rapport du Forum Économique Mondial indiquant l’écart entre les sexes plaçait l’Inde en 113ème position sur 135. 

Vers une révision de la loi

D’autres sont plus optimistes que Rashmee Rosham Lall ; c’est le cas de Madam Lal, président du barreau de Saket qui se confiait à France 24 :

« Je suis sûr à 100 % que ce cas va marquer un virage dans la façon dont le système judiciaire appréhende les accusations de viols et d’agressions sexuelles. […]

L’un des gros problèmes, jusqu’à présent, réside dans le fait que dans les rares cas où ces crimes sont jugés, les témoins modifient leurs témoignages pour des raisons sociales ou parce qu’ils ont été payés par les agresseurs.

Mais l’affaire d’Amanat a été si cruelle et si haineuse, et a tellement focalisé l’attention, qu’à mon avis, tout cela va changer. »

Prouvant les dires de l’homme de loi (et allant à l’encontre des propos du chef de la police de New Delhi, qui avait minimisé l’indignation de la population en prétendant que les hommes étaient de toute façon tout autant en danger que les femmes en Inde, rapport aux pickpockets), le premier ministre Manmohan Singh a d’ores et déjà demandé un durcissement de la loi censée protéger les femmes.

La révision de cette loi devrait par ailleurs porter le nom de l’étudiante décédée le week-end dernier, si la famille de cette dernière acceptait de communiquer son identité – ce qu’elle devrait faire, selon France 24.

Ce qui attend les agresseurs

Les six agresseurs d’Amanat ont été inculpés aujourd’hui de meurtre, enlèvement et viol. Cinq d’entre eux, âgés de 19 à 35 ans, sont passibles de la peine de mort.

Un sixième suspect étant encore mineur (il n’a que 17 ans) devrait être jugé par un tribunal pour enfants si son âge est confirmé. Quoiqu’il en soit, un juriste membre du barreau du district de Saket a annoncé à l’AFP qu’ « aucun avocat ne se présentera pour défendre les accusés du viol, parce que ce serait immoral de défendre l’affaire ».

D’après lui, les 2500 juristes enregistrés auprès du tribunal préfèreraient rester à l’écart pour assurer une « justice rapide ». Un geste symbolique, comme l’explique Madam Lal à France 24 :

« Toute personne, en Inde, a le droit d’avoir une défense, même s’il est indéniablement coupable, même s’il sera sans aucun doute condamné et écopera de la punition la plus sévère. »

Espérons que cette tragique agression fasse changer la loi, mais surtout les mentalités en Inde. En tout cas, vous serez tenues au courant des évolutions sur madmoiZelle.


Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.

Les Commentaires

32
Avatar de missdusud
17 septembre 2013 à 17h09
missdusud
pffffff.....
ça me saoule un peu que personne ne comprenne jamais ce que j'essaye de dire, il faut que je re-explique à chaque fois....
je n'ai jamais dis que la violence était réserver aux musulman, j'ai juste dis que dans un pays ou il y a beaucoup de musulman (c'est quand même la deuxième religion de l'inde et il y a à peu près 138 millions de musulmans) c'est bien de voir qu'il y a une justice sévère pour les agresseurs de femmes parce que ce n'est pas la première fois qu'un violeur est impuni ou que l'on s'en prends à la victime pour avoir parler ou quoi.... et c'est les musulman qui font ça; donc c'est bien de voir que "parfois" il agissent comme il faut.

Ben il me semble que @petro a bien compris ce que tu voulais dire...
Je te résume ce que je comprends dans tes paroles : tu penses que ce sont principalement les musulmans qui sont responsables des discriminations et agressions contre les victimes de viols (dans le monde?).

Alors déjà rien que pour ce cas, ça n'a rien à voir avec l'Islam.
La victime était hindoue, et si je ne connais pas les détails concernant la religion de tous les accusés, celui qui s'est suicidé en prison était hindou aussi. Par contre, le juge était musulman il me semble. Donc comme tu le vois, la religion n'a pas de rapport avec ce cas.

Ensuite, pour le cas de l'Inde, non, ce ne sont pas "les musulmans qui font ça", les autres communautés ont aussi un sérieux historique de violence vis-à-vis des femmes, comme la tradition hindoue de la Sâti qui visait à faire monter les veuves sur le bûcher funéraire de leur mari décédé pour qu'elles brûlent (vivantes) avec eux. La pratique a été abolie seulement à la moitié du XIXe siècle et a continué dans certaines communautés tout au long du XXe siècle.

Enfin, si tu parles de manière générale, les victimes de viols doublement victimes et les violeurs impunis, ce n'est pas l'apanage des musulmans, loin de là. Dans les communautés polynésiennes où la violence contre les femmes et le viol impuni atteignent des taux vertigineux, la religion majoritaire est le christianisme.
Dans beaucoup de communautés, les victimes de viols sont contraintes d'épouser leurs violeurs, comme c'était d'ailleurs le cas chez nous jusqu'au XIXe siècle voire XXe siècle dans de nombreuses familles. Chez nous aussi, on enfermait des jeunes femmes au couvent à vie après un viol et on laissait le violeur impuni dans de nombreux cas.
Enfin, de nos jours, le viol impuni et la honte mise sur la victime qui se retrouve trainée dans la boue est toujours bien présente dans les pays occidentaux d'héritage chrétiens. On pense au cas de Steubenville par exemple aux US où la victime violée en public par plusieurs jeunes hommes de bonne famille s'est retrouvée la risée de son lycée au lieu d'être soutenue.
Quant à la France, si tu lis les témoignages du Tumblr "je connais un violeur", tu verras que la discrimination des victimes, le silence et l'impunité pour les violeurs est toujours bien présente chez nous, et que cela n'a strictement aucun rapport avec des familles de confession musulmane...

Alors peut-être que tu sais déjà tout ça, mais je ne comprends pas bien ce qu'on "n'a pas compris" dans ta référence aux musulmans qui sont responsables des viols impunis...
non c'est pas ça, ce que j'essayer (difficilement) de faire comprendre, c'est qu'en France par exemple une femme ne se retrouvera jamais en prison pour avoir osez porter plainte contre son violeur, ni (comme c'est arriver en Egypte, je crois) accusée d'héxhibition et d'atteint à la pudeur parce qu'elle a était violée en pleine rue....
j'avoue que ma référence aux musulman était plutôt bête, mais c'est parce que j'ai beaucoup de mal à mettre sur le papier toutes mes idées, quand je pense à quelque chose, j'y pense "en bordel", il y a des tas de pensées qui se bouscule, je pense à plusieurs choses différente à la fois, sans pour autant perdre le fil de ma pensée principale, dans ma tête c'est très clair, mais je me doute bien que c'est totalement incompréhensible pour les autres, c'est pour ça que j'essayer de donner des point de référence (les musulmans, c'est fois çi) en espérent que ça ne soit pas mal interpéter.... mais c'est rarement le cas.  
c'est pour ça qu'il ne faut pas voir de propos raciste ou tout autre forme de "méchanceté" dans ce que je dis; c'est tellement le bordel dans ma tête que c'est très difficile, de tout mettre à plat et de tout bien organiser pour que tout le monde comprennent le sens que je souhaite donner à mes phrases.
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