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Valérie Pécresse balaye les accusations de sexisme du Petit Journal

Le Petit Journal a épinglé une réplique de Valérie Pécresse, jugée sexiste. Clémence Bodoc est allée à sa rencontre, pour en savoir plus sur les intentions de la candidate UMP aux élections régionales en Île-de-France.

En regardant Le Petit Journal de la semaine dernière, je suis tombée sur cette séquence, filmée lors d’une opération de nettoyage d’un ancien campement de Roms évacué en Île-de-France. C’est Valérie Pécresse, la candidate UMP aux élections régionales, qui était à l’origine de cette action.

En plus de nettoyer un véritable dépotoir à ciel ouvert, cette sortie servait aussi de coup de com’ à la candidate qui promet d’assainir la politique régionale. Mais voici ce que Le Petit Journal en a retenu pour son sujet.

Pour résumer son ambition de « nettoyer » les finances et la gestion de la région Île-de-France, Valérie Pécresse déclare « rien de tel qu’une femme pour faire le ménage », avant de tourner le dos à la caméra.

Une séquence mimée et moquée par Yann Barthès, qui souligne que « si un homme politique avait dit ça, sa campagne aurait été terminée ! ». Je ne suis pas certaine que le sexisme soit aussi sévèrement condamné en politique qu’en présume le présentateur du Petit Journal, mais eh : j’aime son optimisme.

À lire aussi : Sexisme ordinaire à l’Assemblée : le « Poule Gate »

« Rien de tel qu’une femme pour faire le ménage »

Évidemment, j’ai tiqué. Associer le ménage au fait d’être une femme, alors que le poids des tâches ménagères entrave encore l’épanouissement personnel et professionnel des femmes, qui continuent de les assumer à 80% au sein du foyer, ça me fait forcément grincer des dents… mais de la part d’une femme politique accomplie comme Valérie Pécresse, ça m’a surtout surprise.

En fait, j’ai été davantage heurtée par le traitement ironique de cette petite phrase par Le Petit Journal que par la phrase en elle-même… J’ai tout de même interpellé les autres rédactrices de madmoiZelle, pour savoir si oui ou non cette réplique méritait d’être épinglée dans notre répertoire du sexisme en politique.

Et très vite, on s’est dit qu’il serait beaucoup plus intéressant de demander son avis à la première concernée, qu’elle nous explique pourquoi elle a dit ça. Parce que sur le papier, Valérie Pécresse a suffisamment de qualités à faire valoir dans une campagne électorale de premier plan comme les régionales.

Celle qui a « fait le ménage »… dans les comptes publics

Elle est actuellement députée des Yvelines, mandat qu’elle a obtenu pour la première fois en 2002. Elle avait rejoint l’équipe de Jacques Chirac en 1997, notamment grâce à ses compétences en droit de l’Internet.

Elle a été ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche ; on lui doit la loi d’autonomie des universités, très contestée, mais aussi la bourse au mérite, dont j’ai amèrement regretté la suppression l’année dernière.

À lire aussi : Comment j’ai – failli – ne pas avoir ma bourse au mérite

Elle a succédé à François Baroin au ministère du Budget, des Comptes publics et de la Réforme de l’État, où elle n’est restée qu’un an (réélue députée en juin 2012), mais son passage à ce poste a été remarqué, car en 2014, lors d’une audition à l’Assemblée Nationale, Didier Migaud, le président de la Cour des Comptes, a déclaré que :

«  Le meilleur résultat en matière de maîtrise de la dépense publique a été obtenu en 2011. »

Bon, si on évalue le bilan de Valérie Pécresse par rapport à l’objectif de réduction de la dette*, ça revient un peu à dire qu’elle a été la meilleure gestionnaire au poste de ministre du Budget, un titre qui semble être passé un peu à la trappe au milieu des polémiques que ses mesures ont suscitées. Faut dire qu’on ne fait pas d’économies sans casser des oeufs, et beaucoup de fonctionnaires ont assez mal digéré la fameuse règle de non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux.

*Je précise l’objectif car il est relatif : d’autres argueront que la dette n’est pas un problème, un État n’est pas un ménage, et que réduire la dépense publique n’est pas un objectif en soi. C’est pourquoi nous avons plusieurs courants politiques en France : tout le monde n’est pas d’accord sur la définition d’une « bonne gestion » des finances publiques.

Je n’ai repris ici que quelques points notoires du CV politique de Valérie Pécresse, mais vous pouvez apprécier la densité de son parcours professionnel en jetant un oeil sur sa page Wikipédia.

J’étais plus intéressée par ce qu’elle avait à dire sur le poids du sexisme en politique ; surtout, pourquoi l’attirer avec des métaphores invoquant des stéréotypes négatifs ?

Mais j’allais pouvoir lui poser la question directement, puisqu’elle a très rapidement accepté de me rencontrer pour répondre à mes questions.

 « Faire le ménage » en Île-de-France

Oui, Valérie Pécresse a l’intention de « faire le ménage » en Île-de-France. Très critique de l’administration socialiste de la région, elle entend remettre à plat la façon d’en mener la politique. Elle vient d’ailleurs de lancer une charte éthique histoire de s’engager publiquement à faire cesser les petits arrangements entre amis : les recrutements familiaux, l’attribution de logements sociaux aux élu•e•s et à leurs proches, et autres pratiques auxquelles elle entend mettre un terme.

« Quand j’ai dit « rien de tel qu’une femme pour faire le ménage », c’était pas « il faut une femme pour faire le ménage », c’était « rien de tel qu’une femme pour prendre à bras-le-corps les vrais sujets. »

Le vrai sujet, en l’occurrence [le sujet du reportage, NDLR], c’était cette décharge d’immondices en Seine-Saint-Denis, et c’est un sujet qui est considéré comme mineur par les hommes, celui de la propreté.

Pour moi, la propreté est la première condition de la dignité, et de l’attractivité d’un territoire. Quand un investisseur économique arrive en Seine-Saint-Denis, et qu’il voit une décharge d’immondices sur le côté de la route, il se dit « ce n’est pas dans ce territoire que je vais investir mon argent ».

Entre cet objectif de propreté et d’attractivité d’un territoire, et le jeu de mot sur « faire le ménage » de la gauche qui a raté, c’était un clin d’oeil. »

C’était aussi un clin d’oeil à Ségolène Royal, qui avait elle-même utilisé cette expression en 2011, lorsqu’elle était en campagne pour les primaires du Parti Socialiste.

https://youtu.be/IumMO1PoqZo

« Il y aura du ménage à faire ! C’est pour ça que c’est pas plus mal que ce soit une femme qui soit élue, pour faire le ménage ! Un bon coup de balai ! »

Le Petit Journal, d’habitude si doué pour sortir les archives et pointer l’ironie des reprises, c’est dommage d’être passé à côté de ça, non ? Vous êtes bien prompts à dégainer les vidéos quand il s’agit de démonter une petite phrase et de décrédibiliser son auteur, et là, quand il s’agit de remettre le discours d’une femme politique en contexte (le contexte étant la prégnance du sexisme dans le monde politique et médiatique)… vous passez à côté.

Je vous aime beaucoup, mais vous me décevez sur ce coup-là.

Tant qu’on parlait du Petit Journal, j’ai interrogé Valérie Pécresse sur une autre séquence qu’ils avaient réalisée au moment du lancement de sa campagne, où la députée des Yvelines refusait une comparaison avec Hillary Clinton. Une phrase qui m’a étonnée, puisque je pourrais vouer un culte à la candidate démocrate, personnellement. C’était l’occasion de comprendre cette réaction surprenante.

« Vous aviez refusé une comparaison avec Hillary Clinton ! Pourquoi ? »

« Oui, car mon modèle, c’est Angela Merkel. En fait, ils ont coupé la phrase. Comme la campagne d’Hillary Clinton démarrait le même jour que la mienne, ils m’ont demandé si c’était elle mon modèle politique, et j’ai répondu « non, car elle n’a pas encore exercé de très grandes responsabilités, celle qui est mon modèle, c’est Angela Merkel, pour les transformations qu’elle a faites en Allemagne.  C’est ce modèle que je veux suivre ».

Mais juste avant, j’avais dit d’Hillary Clinton que c’était une grande dame de la politique, que j’étais très flattée qu’ils me posent la question, et qu’ils me comparent à elle !

J’avais dit : « Angela Merkel, elle n’est « pas glamour », mais elle a complètement changé l’Allemagne ». »

L’injonction à paraître, et l’égalité de traitement

À propos du « glamour » en politique, j’ai aussi demandé à Valérie Pécresse ce qu’elle pensait de la séquence du Petit Journal, Comment ça va Valoche ?, qui consiste en un gros plan sur elle pendant Les Cancres de l’Assemblée, juste pour montrer sa tête quand elle a l’air complètement déprimée : elle n’est ni souriante, ni attentive, ni concentrée, rien. Du coup, on dirait qu’elle est au bout du rouleau.

À lire aussi : La « bitchy resting face », cette capacité à faire la gueule… sans le vouloir

Une comparaison « humoristique » qui n’est pas sans rappeler les désagréables « t’as pas bonne mine » et autres remarques désobligeantes que les femmes essuient régulièrement, dès lors qu’elles ne sont pas sur leur 31 (Sophie Riche vous en parle abondamment dans cette critique de la double injonction à « être belle sans en avoir l’air »).

La séquence est assez classique pour Le Petit Journal, qui multiplie les petites moqueries pas bien méchantes sur les personnalités politiques : entre L’instant Jean-Louis David qui montre les toupets les plus remarquables de l’Assemblée, et les très regrettés « Plic et Ploc » (les deux anciens porte-paroles adjoints « potiche » de l’UMP), on rigole bien.

Le Petit Journal loge tout le monde à la même enseigne, et distribue les vannes à égalité. Or c’est bien là que se situe le problème : les hommes et les femmes ne sont pas à égalité en politique. Moquer la coiffure, l’allure, le look d’une personnalité n’a pas les mêmes répercussions selon qu’il s’agisse d’un homme ou d’une femme politique, parce que la société ne les perçoit pas de la même façon.

Préférant parler de son expérience plutôt que de commenter Le Petit Journal, Valérie Pécresse est revenue sur le sexisme ordinaire en politique :

« La mèche, les vêtements, on prend un kilo et tout de suite c’est commenté, on a deux cernes, on n’est pas maquillée… Une femme « doit être impeccable » ! Pour une femme, c’est dramatique, parce que ça vous ramène à « un look ».

Et d’être renvoyée à un look de femme parfaite, ce n’est pas mon modèle. C’est pour ça que j’ai parlé d’Angela Merkel. C’est une femme « qui fait ».

Ce renvoi au look n’est qu’un symptôme du problème de fond, qui est l’enfermement des femmes politiques dans les stéréotypes de la féminité, ce qui sape leur légitimité. Ainsi, elles doivent constamment « en faire plus » pour pouvoir être respectées, là où un homme n’a pas à « prouver » sa compétence a priori.

Un jugement que la députée des Yvelines a ressenti fortement en arrivant à la tête du ministère du Budget, des Comptes publics et de la Réforme de l’État :

« Quand je suis arrivée à Bercy, la première chose que j’ai lue dans le regard de mes supérieurs, c’était « cette nana-là, elle a une heure et demie de voiture pour venir jusqu’à nous, parce qu’elle habitue au fin fond des Yvelines, elle a trois mômes, on ne la verra jamais, c’est son directeur de Cabinet qui va diriger le ministère ».

J’ai senti tout de suite que j’étais jaugée, et que si je ne montrais pas tout de suite que c’était moi la patronne, ça n’allait pas fonctionner, les fonctionnaires du ministère ne me respecteraient pas…

Alors j’ai commencé par les convoquer en réunion à huit heures du matin. Moi, ça m’arrangeait bien, ça m’évitait les embouteillages. Je les convoquais le week-end, je restais le soir après eux, pour bien leur montrer que la patronne, c’était bien moi, et qu’aucune contingence familiale ne me retiendrait. »

Ce que « les femmes » ont à apporter en politique

Valérie Pécresse insiste sur le fait que les femmes ont « un plus » à apporter :

« Je me considère comme un homme politique comme les autres, je veux être considérée comme un homme politique comme les autres, je veux être meilleure qu’eux. Mais je ne veux pas renoncer à l’idée que parce que je suis une femme, j’apporte un plus. »

Je n’étais pas sûre de comprendre son propos, jusqu’à ce qu’elle me donne des exemples concrets, tirés de sa propre expérience au ministère du Budget.

Pendant son mandat, il était question d’augmenter la TVA, mais pas sur les produits de première nécessité ; la ministre s’est personnellement assurée que la consigne avait été respectée, notamment pour les denrées alimentaires et l’eau potable.

« Je demande à mes collaborateurs ce qu’il en est pour l’eau du robinet. Ils l’avaient taxée à 10% [au lieu de 5,5% pour les produits de première nécessité, NDRL]. Je leur dit que l’eau du robinet, on la boit ! Et ils me répondent que non, c’est pour se laver. »

Levez la main dans la salle si vous ne buvez que de l’eau minérale en bouteille… Vous parlez d’être déconnecté de LA VRAIE VIE des vrais gens.

« Mais vous connaissez la vraie vie ? Les gens boivent l’eau du robinet. Si vous mettez l’eau à 10%, en affirmant que « les produits de première nécessité » sont à 5,5%, vous avez tout faux ! »

Et l’ancienne ministre du Budget de me raconter un autre point de négociation, à propos des repas livrés dans les cantines scolaires. Là encore, les technocrates de Bercy l’assuraient que les cantines préparent elles-mêmes tous les mets à partir de denrées brutes (et donc, taxées à 5,5% seulement).

« J’ai appelé moi-même le patron de la Sodexo pour lui demander à combien ils allaient être taxés lorsqu’ils livrent aux cantines scolaires. »

À 10%, bien sûr, parce qu’ils tombent dans la catégorie « produits industriels ».

« Les femmes sont les mieux à même de changer votre vie ! », conclut-elle.

Ce ne sont donc pas « les fâmes en raison de leur féminité », mais plutôt les femmes en tant qu’actrices à part entière de la société, qui ont effectivement des compétences singulières, qu’elles tirent de leur expérience de vie différente de celles des hommes politiques, ne serait-ce que parce que notre société traite les femmes différemment des hommes.

« Il y a des tas de sujets qui n’intéressent pas les hommes politiques, parce qu’ils ne se rendent pas compte que ça existe ! »

À lire aussi : Messieurs, l’égalité hommes-femmes ne se fera pas sans vous

Valérie Pécresse, « viscéralement féministe »

Sans surprise, Valérie Pécresse a déjà subi son lot de remarques sexistes, et bien plus encore : « j’ai eu droit à tout », commente-t-elle.

« Il ne faut pas mettre une femme candidate aux élections, parce que les femmes ne votent pas pour les femmes ! Il ne faut pas mettre une femme candidate aux élections, parce que les femmes de droite, elles veulent rester à la maison ! », a-t-elle entendu au sein de sa famille politique. Mais si « à droite, ils sont plus machos qu’à gauche, parce qu’à gauche, les féministes arrivent à peser », le camp socialiste n’est pas exempt de reproches sur ce sujet.

À lire aussi : « Le sexisme en politique : un mal dominant », un docu sur le machisme dans les coulisses du pouvoir en France [MAJ]

En effet, en 2010 déjà, Valérie Pécresse était en campagne face au socialiste Jean-Paul Huchon, l’actuel président de la région Île-de-France.

« Vous savez comment m’appelait mon adversaire, Jean-Paul Huchon, à l’époque ? Il m’appelait « la blonde », et me traitait d’Alice au pays des merveilles. La seule qui s’en est offusquée, et je l’en ai remercié personnellement, c’est Dominique Voynet. C’était la seule.

En dehors d’elle, il n’y avait pas une féministe de gauche pour dire que « c’est scandaleux qu’on appelle Valérie Pécresse « la blonde ». Cécile Duflot, Anne Hidalgo, elles n’ont rien dit. Parce qu’elles étaient de gauche, que j’étais de droite, et qu’il y avait un combat politique, toutes les féministes de gauche ont baissé la tête.

Ça m’a énormément choquée. Il y a deux sortes de féministes, en fait. Quand Ségolène Royal fait de l’humour sur le fait qu’elle est une femme, c’est vachement bien ! Mais quand Valérie Pécresse fait de l’humour sur le fait qu’elle est une femme, alors là c’est vachement sexiste quand même. Parce qu’elle est de droite !

Dans la vie politique, le sexisme est particulièrement exacerbé. Et si une femme de droite ne reçoit pas le même soutien des féministes qu’une femme de gauche, ça devient grave.

Je veux que les gens me regardent comme je suis vraiment, et je suis viscéralement féministe. Et toutes les femmes qui ont bossé avec moi vous le diront. »

 « On m’a refusé des postes parce que j’étais enceinte »

Comme beaucoup d’entre nous, Valérie Pécresse est devenue féministe, après avoir grandi dans l’illusion d’un monde égalitaire. Après tout, on ne voit pas forcément les obstacles jusqu’à ce qu’on en trouve un au beau milieu de son chemin…

À lire aussi : Socialisation genrée : grandit-on dans un monde sexiste ?

Pour l’élue des Yvelines, la maternité a été le révélateur du sexisme ordinaire :

« Avant, je n’étais pas féministe, parce que quand j’étais petite, j’étais plutôt bonne à l’école, donc j’avais le sentiment que je réussissais mieux que les garçons. J’avais le sentiment que le monde était égalitaire, parce qu’à l’école, le monde est égalitaire.

Arrive ensuite ce drame national qui s’appelle « la maternité », parce que tout le monde vous regarde comme si vous étiez malade, et tout le monde commence à dire qu’il va falloir vous mettre de côté, parce que quand même il va falloir lever le pied… »

On lui a refusé des postes parce qu’elle était enceinte. L’injustice est fourbe, en cela qu’elle peut se dérouler parfois sous nos yeux sans que nous la voyions. Mais lorsqu’elle nous frappe directement, on ne voit plus qu’elle.

Valérie Pécresse l’affirme avec conviction :

« Le féminisme, ce ne sont pas des paroles, ce sont des actes. »

Et lors de son passage au ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, elle a instauré un congé de maternité pour les chercheuses doctorantes. Avant, elles étaient considérées comme étudiantes, elles n’avaient pas droit à un congé maternité.

« Lorsque j’ai été élue députée, mon premier combat a été sur les mariages forcés. Et tout le monde m’a dit : « ça n’existe pas en France ». En durcissant la loi, j’ai permis de déclarer la nullité des mariages forcés bien après la conclusion du mariage, puisque le consentement est vicié.

Je suis allée faire une conférence dans une école de formation au métier d’assistante sociale en Île-de-France, pour présenter justement la nouvelle loi. J’ai commencé, et je me suis retrouvée face à des jeunes, qui me disaient « oui, mais attendez, il y a la loi de la famille, il y a les traditions ».

Donc je me suis rendue compte que c’est beaucoup plus répandu qu’on ne le croyait… Ce ne sont « pas vraiment » des « mariages forcés », ça s’appelle des « mariages arrangés ». Ça veut dire qu’en réalité, il y a beaucoup de familles en France, de familles françaises, qui aujourd’hui encore, considèrent que pour un mariage « arrangé », le consentement n’est pas totalement nécessaire… Que le mariage d’amour n’est pas le modèle.

Quand je me suis intéressée à ce problème, tout le monde m’a dit « c’est pas un sujet, pas en France, ça n’existe pas ». Mais j’avais été alertée par une jeune fille, dont on avait renvoyé la soeur au village pendant l’été pour la marier. »

2006, 2015 : même combat

Est-ce que les hommes politiques sont en train de se remettre en question, ou restent-ils persuadés que « les machos, c’est les autres » ? Une question qui me semble légitime, compte tenu des nombreuses et récentes dénonciations de ce phénomène.

À lire aussi : « Nous, femmes journalistes politiques et victimes de sexisme »… mais pas seulement

Mais Valérie Pécresse a considérablement tempéré mes espérances :

« La vérité, c’est que les choses changeront quand les femmes accèderont à des postes de direction, pas avant. J’ai acquis cette conviction : les choses changent lorsque c’est une femme qui fixe les règles du jeu.

Prenez par exemple l’agenda de l’Assemblée Nationale : le jour le plus long, c’est le mercredi, « le jour des enfants ». En Angleterre, Tony Blair a supprimé les séances de nuit. Et nous, a-t-on pensé une seule seconde que les séances de nuit pouvaient être gênantes pour les parents ? On fait comme si la vie de famille n’existait pas.

En vérité, quand un homme politique ne s’occupe pas de ses enfants, personne ne lui en veut. Mais quand une femme politique ne s’en occupe pas, on dit que c’est une mauvaise mère. Tous mes adversaires aux législatives font systématiquement campagne sur le fait que je suis une mauvaise mère. »

Et la députée des Yvelines de me raconter une anecdote qui l’a choquée : un jour qu’elle assistait aux obsèques d’un élu de sa circonscription, une parlementaire de gauche vient la saluer, et lui demande « comment vont les pauvres petits ? ».

« Je croyais qu’elle parlait des enfants de la personne qu’on enterrait. Alors j’ai répondu « ça va, ils sont tristes… » Mais en fait, elle parlait de mes enfants à moi ! Parce que je n’avais pas le temps de m’en occuper ! Avec la vie que je menais, comment voulez-vous !

Alors je lui ai répondu : et bien ils ne sont pas encore orphelins, merci. »

Valérie Pécresse a un excellent sens de la répartie. Du coup, c’est vraiment dommage de couper ses réponses au montage, je trouve.

– Merci à Valérie Pécresse d’avoir répondu à nos questions !

Les élections régionales auront lieu en décembre 2015. Valérie Pécresse est la candidate de l’UMP en Île-de-France. Elle a un compte Twitter, une page Facebook, un site officiel et un think tank participatif, Le Labo des Idées, pour toutes celles et ceux qui voudraient contribuer à améliorer la vie publique !

Est-ce que tu connaissais le parcours de Valérie Pécresse ? Qu’as-tu pensé de ce portrait ? Quelles questions lui poserais-tu, dans le cadre de sa campagne pour les élections régionales ? Viens réagir dans les commentaires !

On continue ? Donne-moi ton avis !

Hé, toi ! Toi qui a lu cet article, j’ai besoin de ton aide ! Plus je rencontre des femmes politiques « dans la vraie vie », plus je les trouve aux antipodes de l’image que je pouvais avoir d’elles dans les médias ; j’en ai souvent une image assez négative, et je me demande si ce n’est pas justement dû en partie au sexisme très prégnant à la fois dans le monde politique, et à la fois dans les médias…

Ce portrait d’Emmanuel Macron rédigé par Libération « à la manière » des portraits de femmes politiques, m’a interpellée : combien de clichés sexistes ai-je intégrés sans les voir ?

Toi qui a lu cet article jusqu’ici, serais-tu intéressée pour lire d’autres rencontres, avec d’autres femmes politiques ? Quelles sont celles qui retiennent ton attention, dont tu voudrais en savoir plus ? Quelles sont les questions tu leur poserais ?

Discutons-en sur le forum, dans ce beau topic créé spécifiquement à cet effet :

Les femmes en politique, parlons d’elles !


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Les Commentaires

46
Avatar de Black Phillip
31 mai 2015 à 19h05
Black Phillip
De toute façon vouloir transformer le mariage des couples homosexuels en Union Civile et vouloir organiser "un grand débat sur les questions éthiques que ça pose" "comme on le fait pour la PMA", c'est complètement homophobe. Je ne vois pas comment on peut considérer ça comme un fait mineur et juger inutile d'en parler. Et je ne ne sais même pas ce qu'elle a fait ou dit d'autre encore mais à mon avis la liste doit être longue. + la bourse au mérite et la réforme des universités sont des mesures totalement problématiques de mon point de vue, je ne comprends pas comment on peut présenter ça d'une manière positive (la bourse au mérite à la rigueur je peux comprendre même si je ne suis pas d'accord, mais alors la réforme des universités ça reste un grand mystère).
J'ai beau être d'accord sur le principe selon lequel le féminisme est censé défendre toutes les femmes, elle il faudrait vraiment qu'elle soit dans une situation ultra galère pour que je me décide à me bouger pour l'aider.

Je pense qu'il aurait été préférable d'écrire cet article en n’omettant pas de la présenter aussi sous son mauvais jour. Et là il aurait été neutre et aurait rempli son objectif premier d'après ce qui a été dit, à savoir : la défendre en tant que femme, point. Au lieu de ça on est en plein dans l'empathie et qu'on le veuille ou non ça lui fait une publicité positive sachant qu'elle est en pleine campagne, alors que c'est une politicienne horrible.

Edit : et je viens de voir que son grand ménage sur la vidéo du petit journal c'était sur un ex camp de Rroms évacué, appelé dans l'article "véritable dépotoir à ciel ouvert". Je trouve ça problématique de mettre l'accent sur la pauvre Valérie Pécresse victime du "sexisme" de Yann Barthès, plutôt que sur le fait qu'en toile de fond son action à l'air de sous entendre que les Rroms sont de gros dégueulasses et qu'on va nettoyer tout ça, plutôt que de signifier qu'en fait ben peut-être que ces gens là ils vivent grave dans la misère en atteste l'état du terrain évacué et que c'est peut-être plus intelligent de réfléchir à comment prendre leurs existences en compte plutôt que de les chasser pour "faire un grand nettoyage". Je crois qu'on peut ajouter à son palmarès (sans grande surprise) : sexiste, homophobe (ça c'était les acquis) et maintenant : raciste.
N'ayons pas peut d'appeler les choses par ce qu'elles sont.



Et personnellement je suis d'accord avec le traitement qui a été fait par le Petit Journal en fait, je ne vois pas où est le problème.
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