Il y a quelques semaines, Anna m’a pokée sur le forum de madmoiZelle pour me parler de ses soucis. Anna a un peu plus de 20 ans, un copain et un projet d’expatriation. Une vie plutôt cool donc, à un problème près : elle a un « double » sur Internet.
Tout a commencé il y a environ six mois . Anna est en couple exclusif, et une amie a la surprise de la trouver sur Adopte un mec. Elle le lui fait remarquer, et la jeune femme lui assure que ce n’est pas elle.
Le problème, c’est que le profil en question a exactement le même nom et prénom qu’elle. Poussée par la curiosité, elle fait des recherches sous son propre nom sur plusieurs sites de rencontre et réalise que des profils ont été créés sur Badoo, Tinder ou encore Hot or not.
Le pire, c’est que l’usurpateur n’utilise pas que son patronyme : il utilise aussi des tas de photos d’elle, volées sur son compte Facebook. Compte pourtant soigneusement verrouillé pour que les gens qu’elle n’a pas en amis n’aient pas accès à ses informations.
Révoltée par cette situation, Anna décide de mener son enquête : elle se crée un faux compte sur l’un des sites de rencontre, et entre en contact avec son « double ». En face, l’usurpateur ne se démonte pas. Il invente une vie à l’« autre Anna », affirmant qu’elle habite dans le 14ème arrondissement de Paris, fait des études de journalisme à Science Po et fait quatre heures de sport par jour à Grands Boulevards…
Des détails qui n’ont évidemment rien à voir avec sa vraie vie. Quand Anna lui demande plus de photos, il lui envoie des tas de clichés d’elle-même, provenant toujours de son compte Facebook.
Une usurpation d’identité qui ne date pas d’hier
Anna comprend alors que toutes les demandes d’amis qu’elle reçoit depuis des mois ont une explication : ce sont tous des hommes à qui l’usurpateur a donné le lien de son compte Facebook. En entrant en contact avec eux, elle réalise que ce petit manège dure depuis près de deux ans !
La moutarde lui monte au nez : elle dévoile son identité à l’usurpateur, déclarant son intention d’aller porter plainte. En face, l’interlocuteur ne répond plus et bloque ses messages. Le lendemain et malgré ses menaces, de nouveaux comptes à son nom fleurissent sur la toile.
« Nous, on ne peut rien faire », dit la police
Anna va donc au commissariat le plus proche de chez elle. Quand elle explique son problème à la police, la réponse est unanime : « on ne peut rien faire ». Elle estime qu’il n’y a pas de flagrant délit, malgré les nombreuses captures d’écran qu’Anna a été capable de fournir. De fait, la police considère que le traitement de son cas risque de durer des mois, voire des années.
Pire : en réfléchissant avec elle à la situation, les policiers présument sans s’émouvoir qu’Anna a probablement une amie jalouse de sa vie, et résolue à prendre sa place d’une façon ou d’une autre.
La jeune fille repart, pas plus avancée. Tout ce qu’elle peut faire désormais, c’est observer ses potes avec suspicion, en se demandant qui pourrait bien lui faire un coup pareil… Pas top l’ambiance.
Que faire en cas d’usurpation d’identité ?
Pourtant, Anna a eu bien raison d’aller porter plainte.
Selon la CNIL, l’usurpation d’identité est punissable d’un an de prison et de 15 000€ d’amende, même quand il ne s’agit pas d’hameçonnage. L’usurpation d’identité se définit par :
« Le fait d’usurper l’identité d’un tiers ou de faire usage d’une ou plusieurs données de toute nature permettant de l’identifier en vue de troubler sa tranquillité ou celle d’autrui, ou de porter atteinte à son honneur ou à sa considération. »
L’hameçonnage, c’est ces mails bizarres que vous recevez de temps en temps. Ils se font passer pour votre compagnie d’électricité, de téléphone ou encore aérienne quand vous préparez un voyage.
L’arnaqueur parvient à vous faire donner votre mot de passe, votre numéro de carte de crédit ou votre numéro de téléphone. De fait, il réussit à voler de l’argent à sa victime ou à lui faire payer des choses contre son gré.
Ce n’est pas le cas d’Anna… pourtant son usurpateur est aussi punissable, dans le sens où ses agissements peuvent porter atteinte à son honneur ou à sa tranquillité.
Si vous aussi vous faites face à une personne qui vous vole votre identité, sachez que les sites concernés ont l’obligation de fermer les faux comptes. Pour cela, il suffit d’envoyer un message au responsable du site, qui vous demandera alors des pièces justifiant votre identité. Comme l’expérience vous aura logiquement rendu•e méfiant•e, voici les pièces qu’ils sont en droit de vous demander, selon la CNIL.
Comment se protéger contre l’usurpation d’identité ?
Évidemment, il faut garder ses mots de passe pour soi. Il est recommandé de ne pas en avoir un seul et unique que l’on utilise pour tous les sites. Vous pouvez par exemple avoir la même base de mot de passe et y ajouter le nom du site à la fin.
Par exemple, si votre mot de passe c’est madmoiZelle, ce sera madmoiZelleFacebook pour Facebook. Et euh… madmoiZellemadmoiZelle pour le forum de madmoiZelle. Bon, ne prenez pas ce mot de passe.
Autre solution : vous les noter quelque part sous une fausse référence. Imaginons que vous ne voulez pas oublier votre mot de passe de la CAF : vous pouvez vous l’écrire sur un post-it, et mettre « code de la porte » en intitulé.
Bon, je préfère vous prévenir : je n’utilise aucune de ces deux méthodes. Moi j’ai genre quatre mots de passe, généralement je les essaie tous, c’est jamais le bon, et au final je réinitialise mon code.
On se moque souvent des gens qui se sont faits avoir par des faux mails. En fait, c’est parfois très malin et ça peut arriver à tout le monde. Petite astuce quand vous recevez un message qui vous demande des informations personnelles : votre client de messagerie peut vous certifier ou pas l’expéditeur. Sur Gmail, par exemple, on trouve cette information en haut à gauche du mail.
Pensez aussi à scruter régulièrement vos relevés bancaires, pour être sûr•e qu’il n’y a pas de paiements suspects. À la moindre somme dont vous estimez ne pas être responsable, passez un coup de fil à la banque !
Si malgré ça vous vous faites quand même voler votre identité ou que vous faites affaire à un•e récidiviste, vous pouvez déposer une plainte préalable en ligne. Dans tous les cas, il faudra vous rendre au commissariat le plus proche pour valider votre plainte.
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