Aussi symbolique soit-il, le geste laisse un goût amer. Alors qu’à Douai, Aurélie, 33 ans, a été retrouvée morte après qu’elle a déposé plusieurs plaintes contre son ex-conjoint, le Conseil de Paris a voté à l’unanimité la mise en place d’un « lieu d’hommage aux femmes victimes de violences ».
Le vœu a été porté par le maire du 13e arrondissement, Jérôme Coumet :
Le lieu de mémoire devrait être créé à proximité de la place de la Bergère-d’Ivry dans le 13e arrondissement. Un choix qui ne doit rien au hasard : cette place a été nommée ainsi en 2002 en référence à Aimée Millot, assassinée par Honoré Ulbach en 1827 parce qu’elle avait refusé ses avances. C’est ce qu’on nommerait tout simplement aujourd’hui un féminicide — et non un « crime passionnel »,
appellation que s’obstinent encore à utiliser certains médias…
Le fait divers a d’ailleurs inspiré la romancière féministe Régine Desforges pour le dernier roman qu’elle a écrit avant sa mort en 2014.
Évidemment, on préfère de loin ce genre de symbole à celui de l’hommage à Claude Goasguen en début d’année. Il y a quelques mois, le Conseil de Paris votait pour que le nom de cet ancien maire du 16e arrondissement, décédé en 2020, soit apposé sur une place de la capitale. Un vote qui a fait bondir une partie des élus : l’ancien édile était connu pour ses engagements aux côtés de la Manif pour tous et ses sorties racistes.
À quand de vrais moyens pour lutter contre les féminicides ?
Un lieu de mémoire pour les femmes victimes de violences a son importance. C’est une façon de contrer le silence autour de ces problématiques, de sortir ce sujet de la sphère privée et d’en faire un enjeu sociétal, qui nous concerne toutes et tous. C’est aussi une manière de ne pas oublier les victimes, de ne pas les effacer.
C’est d’ailleurs là un des moteurs des actions menées par les colleuses, qui en début d’année, avaient affiché les noms de toutes les victimes de féminicides en 2020. 111 noms pour se souvenir, mais aussi pour dénoncer l’inaction du gouvernement.
Les lieux de mémoire ne peuvent cependant suffire à pallier le manque de moyens concrets permettant de lutter contre les féminicides. Alors à quand des financements pour combler les défaillances dans le suivi des auteurs de violences conjugales ? À quand une véritable protection des femmes qui parviennent à quitter un conjoint violent ?
En attendant que ces mesures soient prises, nous risquons malheureusement de voir fleurir bien trop de monuments en hommage aux victimes.
À lire aussi : Pourquoi l’État français a été condamné après un féminicide
Si vous ou quelqu’un que vous connaissez est victime de violences conjugales, ou si vous voulez tout simplement vous informer davantage sur le sujet :
- Le 3919 et le site gouvernemental Arrêtons les violences
- Notre article pratique Mon copain m’a frappée : comment réagir, que faire quand on est victime de violences dans son couple ?
- L’association En avant toute(s) et son tchat d’aide disponible sur Comment on s’aime ?
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
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