Les tueurs en série, les mystères inexpliqués, les criminels jamais attrapés… ça me fascine.
Et je suis loin d’être la seule !
Ça peut paraître morbide, mais je pense qu’il est assez naturel de ressentir une certaine curiosité envers les recoins les plus sombres des âmes humaines, les créatures les plus horribles de notre espèce.
Ce n’est pas un hasard si la pop-culture regorge de torture porn, de séries policières, de films sur des serial killers. Il est aussi passionnant d’étudier les recoins de ces psychés que de comprendre comment les autorités traquent ces tueurs.
Alors évidemment, l’histoire du jour, j’y ai sauté à pieds joints.
Qui est le Golden State Killer ?
Le Golden State Killer est également surnommé l’Original Night Stalker, le Visalia Ransacker, l’East Area Rapist, l’East Bay Rapist, et le Diamond Knot Killer.
Entre juin 1978 et juillet 1979, il a violé une cinquantaine de femmes dans des communes proches de Sacramento, la capitale de l’État de Californie.
Il a commencé par de très nombreux cambriolages avant de s’attaquer d’abord à des femmes seules, puis à des mères chez elles avec leurs enfants, et enfin des couples.
Son ADN a été reconnu dans huit cas de meurtres, et il est fortement soupçonné d’en avoir commis trois autres.
Le Golden State Killer est minutieux, et passait des jours à surveiller ses victimes, à rôder autour de chez elles, avant de passer à l’attaque.
Il a également fait preuve de sadisme, torturant physiquement et mentalement ses proies. Par exemple, il rappelait certaines femmes qu’il avait violées, menaçant de les attaquer à nouveau, de les tuer.
Après le meurtre d’une adolescente de 18 ans en 1986, les crimes se sont arrêtés. Et le Golden State Killer n’avait toujours pas été interpellé.
L’héritage de la traque pour attraper le Golden State Killer
Le New York Times se replonge dans cette époque marquée par la terreur que le tueur infligeait à la communauté vivant là où il commettait ses crimes.
« Les magasins de bricolages étaient en rupture de stock de cadenas. Plus de 6000 armes à feu ont été vendues. »
La traque du Golden State Killer a également laissé de profondes traces dans la façon dont le FBI enquête sur les cas de violences sexuelles.
« Le processus d’accueil et d’aide aux victimes de viol a été accéléré. Les poils pubiens, les griffures et toutes autres preuves ont été examinées et conservées. Les « rape kits » sont devenus standards. »
Les « rape kits » désignent le matériel dont se servent les professionnels médico-légaux pour ausculter une personne disant avoir été victime d’un viol. À savoir :
- Une notice
- Des sachets et tissus pour récolter les preuves
- Des cotons-tiges pour récolter des fluides sur les lèvres, les joues, les cuisses, le vagin, l’anus et les fesses
- Des contenants stériles pour l’urine
- Des contenants stériles pour d’autres échantillons
- Des outils pour un prélèvement sanguin
- Un peigne pour récolter des cheveux, des poils et des fibres
- Des plaquettes de verre transparentes
- Des enveloppes scellées pour préserver les vêtements, cheveux, poils pubiens et échantillons sanguins
- Des repousse-cuticules pour récolter des échantillons sous les ongles
- Des draps blancs, au cas où un élément tombe du corps
- De la documentation
- Des étiquettes
- De l’eau oxygénée et de la solution physiologique
Même si l’examen peut être un très mauvais moment à passer, ces kits permettant à la fois de récolter des éléments (dont de l’ADN) et de les conserver sont très importants pour traiter les cas de violences sexuelles.
C’est à la fin des années 70, et donc en partie pendant la traque du Golden State Killer, que ces « rape kits » ont été fixés dans leur forme définitive et que leur utilisation s’est démocratisée au niveau fédéral.
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L’arrestation du Golden State Killer, 40 ans plus tard
Ce n’est qu’en 2001 que les cas de cambriolages, de viols et de meurtres ont été liés. Dix ans plus tard, en 2011, un nouveau meurtre a pu être attribué au Golden State Killer, via de nouveaux tests ADN.
En 2016, le FBI a relancé l’affaire en promettant notamment une récompense de 50 000$ pour toute information menant à l’arrestation du tueur.
Et ce 25 avril 2018, la police de Sacramento a annoncé qu’un homme avait été interpellé.
Joseph DeAngelo, 72 ans, ancien policier, est pour l’instant le suspect de six meurtres, mais l’engrenage de la justice est lancé pour ajouter à cette liste de nouveaux chefs d’accusation — tous les assassinats commis par le Golden State Killer.
Son ADN a été lié à celui prélevé sur une scène de crime datant des années 80. Comme le dit Anne Marie Schubert, qui a coordonné cette traque :
« Nous avons trouvé l’aiguille dans la botte de foin. Et elle était juste ici, à Sacramento. »
Une femme fascinée par le tueur, au point d’en perdre la vie
Ce qui rend cette histoire incroyable, ce n’est pas seulement le fait que le tueur a été identifié quarante ans après ses crimes.
Le Golden State Killer, c’est aussi l’histoire d’une tragique obsession.
Michelle McNamara était une auteure spécialisée dans les affaires policières. C’était également l’épouse de l’acteur Patton Oswalt.
https://twitter.com/variety/status/723666878447554560
Michelle McNamara s’est plongée corps et âme dans l’histoire du Golden State Killer. Pendant 5 ans, elle a enquêté sur toutes les pistes, toutes les preuves, toutes les micro-intuitions et détails qui auraient pu être ignorés par les autorités.
Elle était la première à admettre que ce niveau de fascination n’était pas sain, qu’elle s’empoisonnait avec cette sordide investigation… mais voulait en faire le tour, accomplir son travail.
Patton Oswalt, son époux, ne savait pas qu’elle avait recours à des médicaments pour calmer les effets que ses recherches avaient sur sa santé mentale.
Il l’a retrouvée morte, à 46 ans, et l’autopsie a conclu à une défaillance cardiaque mêlée à un cocktail de pilules.
Dans ce spectacle poignant, Patton Oswalt évoque le décès de sa femme pour la première fois.
Michelle McNamara s’est éteinte avant d’avoir pu achever son œuvre. Mais Patton Oswalt a refusé d’en rester là, d’abandonner ce travail qui lui a, d’une certaine façon, coûté sa femme.
Il a donc embauché un journaliste d’investigation ainsi que le co-auteur de son épouse, et leur a donné la lourde tâche de passer au peigne fin la marée de notes laissée par Michelle, afin de clore l’histoire.
Ça a donné un livre,
Et je disparaîtrai dans la nuit, largement salué par la critique et par de prestigieux auteurs comme Stephen King.
La quête de Michelle McNamara n’aura pas été vaine. Permettez-moi de conclure cet article avec les mots émus de Patton Oswalt :
« Je crois que tu l’as eu, Michelle. »
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