Hier, après avoir dévoré la première saison de Sherlock (trois épisodes d’une heure et demie chacun… je crois que je suis en train de devenir accro), j’ai eu une illumination : les séries télé vont bientôt détrôner le cinéma en terme de loisir grand public. Voici pourquoi :
La montée en gamme des séries
Quand on parle de « série télé », on ne pense plus forcément aux Feux de l’Amour. Non seulement il en existe aujourd’hui pour tous les goûts, mais certaines productions télévisées n’ont rien à envier aux « films de cinéma » (comme disent mes grands-parents). [SPOILER Game of Thrones] Le neuvième épisode de la deuxième saison de Game of Thrones, qui met en scène la bataille de la Néra, a ainsi été comparé sur Internet au Seigneur des Anneaux tant il a bluffé les spectateurs. [/SPOILER] Au niveau budget, l’œuvre cinématographique garde pourtant une longueur d’avance avec 300 millions de dollars pour la trilogie (d’environ neuf heures) tandis que la première saison de Game of Thrones n’a coûté que 50 à 60 millions (pour info, Rome, une des séries les plus chères, a bénéficié de 100 millions de dollars). Comme quoi l’argent ne fait pas tout, et les séries n’ont plus à se priver d’ambitions visuelles (tant qu’elles ne montrent pas des hordes d’orcs, qui ont tendance à gréver le budget images de synthèse).
Signe d’une évolution : il arrive de plus en plus que des acteurs de cinéma passent sur le petit écran (Sean Bean dans Game of Thrones, Glenn Close dans The Shield ou Damages, Elijah Wood dans Wilfred
…). Quant à ceux qui viennent de l’univers des séries, même si la « starification » de certains n’est pas nouvelle (Jennifer Aniston dans Friends, Chris Carter, le show-runner de X-Files), ils sont de plus en plus nombreux à être connus et à avoir de solides communautés de fans.
Le côté pratique
Avant, pour regarder une série, il fallait se planter à heures fixes devant son téléviseur. Plaisir pour certains, mais contrainte pour d’autres, d’autant que l’on ne pouvait pas choisir le moment. Et puis un jour… Internet est arrivé, et le public français a pu découvrir des centaines de séries qui n’étaient pas diffusées à la télévision (ou alors partiellement et dans le désordre) grâce à des gens assez passionnés pour passer leurs nuits à sous-titrer des épisodes (les fansubbers).
Ce mode de consommation, devenu parfaitement banal, fait de la série un divertissement idéal au niveau pratique : plus court qu’un film (sauf exceptions comme Sherlock), un épisode peut se regarder à la pause déjeuner, mais si on a du temps à perdre on peut aussi visionner toute une saison d’affilée. La série télé est l’opium du peuple 2.0.
Les séries, plus conviviales que les films
La convivialité est importante pour un loisir, et quand on regarde une série, on peut la commenter à voix haute puisqu’à priori on est seul avec ses potes/son amoureux-se/ses parents devant sa télé ou son ordinateur (alors qu’au cinéma, parler après les bande-annonces c’est s’exposer à des jets de pop-corn dans la tête). Mais si on peut résoudre ce problème en regardant un film en DVD (ou sur un autre support… la manière dont vous vous l’êtes procuré ne me regarde pas), il reste une grande inégalité entre films et séries : le volume de discussion qu’ils peuvent engendrer.
Combien de temps avez-vous débattu entre ami-e-s après avoir vu Inception ou Sucker Punch, deux des films qui ont le plus porté à discussion ces dernières années (finalement il rêve ou pas, Leo ?) ? Maintenant, combien de temps avez-vous passé à spéculer sur la suite d’un épisode de True Blood après un cliffhanger insoutenable ? C’est la grande force des séries : le suspense, qui dure souvent juste assez longtemps pour attiser notre imagination mais pas assez pour que notre intérêt s’éteigne. Et mine de rien, c’est un grand avantage pour un loisir d’être aussi un sujet de conversation.
S’il faut une preuve, je citerais Clashx sur les forums de madmoiZelle : « Puis en fait, les gens parlaient de quoi avec leurs amis avant que les séries n’existent ? ».
La série, un film+ ?
À ceux qui considèrent les séries comme un sous-genre, j’ai tendance à dire qu’une saison est comme un film (ça vaut surtout pour les feuilletons, ceux dont tous les épisodes se suivent), sauf que sa longueur lui permet davantage de subtilités ; c’est donc l’idéal pour l’adaptation d’un livre (vous imaginez Game of Thrones ou True Blood compressés en deux heures ?) mais aussi tout simplement pour développer la psychologie des personnages et créer un attachement. Si on devait comparer l’audiovisuel à l’écrit, le film serait la nouvelle et la série le roman. On a vu quel genre avait pris le pas sur l’autre pour ce qui est de la littérature. Bien entendu, ce constat est réducteur et ne tient pas compte des réalités actuelles (notamment des budgets et des audiences), mais les séries télé ont tout pour devenir le loisir n°1 en lieu et place du cinéma (je ne parle volontairement pas du côté artistique, plus complexe).
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Les Commentaires
Un film reste une belle œuvre de quelques heures, qui peut nous laisser sur notre faim... on a pas vraiment le temps de s'accrocher aux personnages, ni de changer notre avis sur eux. Parfois même on a pas mal de difficultés à comprendre (je me souviens avoir trimé après Matrix - Inception - Mister Nobody...)
Puis certaines séries envoient vraiment, vraiment du lourd ! Je parle de Game of Thrones (dont je dévore les livres) ou Walking Dead. Et ça coute moins cher que le ciné...