Cette nuit, vers 1h30, le verdict du procès dit « des tournantes » a été rendu : sur 14 accusés, seuls quatre sont condamnés (des peines qui vont de cinq ans dont quatre avec sursis à trois ans avec sursis) et dix autres sont acquittés.
Les faits pour lesquels ces hommes étaient jugés remontent à 1999 : deux jeunes femmes affirment avoir été violées régulièrement pendant six mois par de nombreux hommes dans leur cité de Fontenay-sous-Bois, dans le Val-de-Marne. Nina et Aurélie avaient à l’époque respectivement 16 et 15 ans. Dans un article du Monde, on en apprend un peu plus sur ce qu’a vécu la plus âgée : viols collectifs (« Des fois, il y avait tellement de monde que tout le monde ne pouvait pas passer » a déclaré l’un des accusés pendant l’enquête), fellations forcées, menaces de représailles sur sa famille si elle se décidait à parler… Si les viols en réunion ont cessé six mois après avoir commencé après qu’un autre homme de la cité a surpris une de ces scènes, Nina a continué à se faire régulièrement frapper jusqu’en 2005, date à laquelle elle finit par porter plainte. Quelques temps plus tard, les enquêteurs découvrent que Nina n’est pas la seule à affirmer avoir subi des violences sexuelles de cette sorte : Aurélie, 15 ans à l’époque des faits, se porte également partie civile aux côtés de Nina.
Aurélie, qui n’a pas été reconnue comme victime à l’issue du procès et dont les agresseurs présumés ont été acquittés, s’exprimait tout à l’heure au micro d’Europe 1 :
« C’était plutôt nous les accusées que les plaignantes […] Treize ans après, comment voulez-vous qu’on se souvienne de tel ou tel détail ? Cela été trop long. On dénonce des faits de tournantes et de viols collectifs et on attend huit ans pour avoir un procès. »
Du côté des politiques, Harlem Désir, premier secrétaire du Parti Socialiste par intérim, s’est dit « surpris » par le verdict pour Canal +. Il déclarait :
« Je ne pense pas que la justice cherche à minimiser ces crimes, cela souligne à quel point il y a toujours des difficulté pour obtenir les témoignages, établir les preuves et entendre la parole des femmes. »
De son côté, l’association Osez le Féminisme ! s’insurge contre ce verdict dans un communiqué :
« Ce verdict envoie un message catastrophique à l’ensemble de notre société. Aux victimes de viol : porter plainte ne sert à rien ! Aux violeurs : il est permis de violer !
Le procès dans son ensemble est malheureusement à l’image du traitement judiciaire habituel des violences faites aux femmes et plus particulièrement des violences sexuelles. »
Le mouvement appelle le président François Hollande à ouvrir un grand débat sur le sujet des violences faites aux femmes.