Cette semaine, le podcast hebdomadaire Le seul avis qui compte, dans lequel Kalindi chronique sa mauvaise humeur ciné, parle non pas du film de la semaine mais des pires comportements humains au cinéma !
Le cinéma est peuplé de crétins irrécupérables.
Avant que vous ne gueuliez : c’est pas moi qui dis ça hein, c’est Jean-Jacques Beineix, un réalisateur que vous ne pouvez pas connaitre si vous avez moins de 246 ans, et qui, ma foi, était encore plus souvent en colère que moi.
J’imagine que ce qu’il voulait dire c’était que le MILIEU du cinéma était rempli de cons. Ça, moi j’en sais rien.
Et je ne parle personnellement que de ce que je connais, contrairement à 95% des journalistes français, parce que je suis une vraie professionnelle.
Et ce que je sais, c’est que l’adage de ce bon Jean-Jacques vaut tout à fait pour les cinéphiles qui peuplent les salles.
L’impolitesse des gens au cinéma
Pas plus tard que le mois dernier par exemple, j’ai été voir le nouveau Pedro Almodovar que vous, les roturiers sans carte de critique, ne pourrez découvrir en salles que le 1er décembre et quand je suis arrivée, figurez vous qu’il ne restait plus qu’une place, à côté d’une grande dame blonde, tout au fond de la salle.
Je me suis avancée vers elle et lui ai demandé : « Y a-t-il quelqu’un à cette place ? » ; elle m’a tout naturellement répondu « Bah c’est le siège où ya mon manteau quoi » avant de se retourner et de sciemment ignorer ma présence
Là, c’était soit j’allais m’asseoir sur les marches comme une gueuse, soit je lui faisais avaler une tarte au citron meringuée de chez Brioche dorée, ce qui est comme chacun sait la pire torture qui soit.
J’ai finalement choisi l’option la plus simple et me suis donc assise sur ses affaires comme on couve un œuf, apposant mon joli fessier de yogi sur son ignoble redingote.
Il conviendrait de rappeler à Madame La Duchesse que le cinéma c’est pas le Titanic, ya pas de première classe où tu peux promener ton lévrier afghan et jeter tes dentelles à la figure des domestiques !
Bref j’étais ulcérée, et je suis rentrée chez moi avec la féroce intention de lister les pires comportements des gens au cinéma pour vous en faire un billet, car quiconque me connaît sait que je suis altruiste et généreuse.
J’ai donc enfilé mes lunettes d’écrivain, un kimono en satin, j’ai ouvert une bouteille de rouge, et j’ai regardé par la fenêtre en écoutant la bande-originale des Choses de la vie, comme il m’est coutume de faire pour taper à la machine.
Entre commentateurs du dimanche et mangeurs de Maltesers, on est pas rendu !
Voilà donc une liste non-exhaustive — sinon ça m’aurait pris 40 jours — des pires trous du cul qui peuplent les cinémas.
D’abord, il y a les commentateurs du dimanche : ceux qui ont loupé leur carrière au Masque et la Plume, et qui veulent absolument analyser le film pendant la séance. Souvent, de peur de ne pas être des emmerdeurs suffisamment rigoureux, ils parlent aussi très fort.
On les reconnaît généralement à leurs lunettes rondes et leur écharpe à rayures qui montrent qu’en 2021 il y a encore des gens qui trouvent ça stylé de s’habiller comme Harry Potter.
On les reconnaît aussi à leur propension à dire « nonobstant » alors que le dernier film qu’ils ont vu en salles c’est un Philippe Lacheau.
Ensuite, il y a ceux qui mangent des Maltesers. Je n’ai rien contre le pop corn dont je trouve qu’il est blâmé à tort, ni contre les glaces et autres bouteilles de Coca. Mais les Maltesers ça me rend barjo.
Déjà parce que c’est dégueulasse — quiconque est muni d’un palais en état de marche vous le dira sans hésiter — et ensuite parce que ÇA FAIT DU BRUIT putain.
Je suis pas misophone, mais quand même : entendre des inconnus mâcher les bonbons de Satan avant de déglutir à grands renforts de glottes chocolatées, ça dégoute.
En plus, il y a quelques années, des jeunes m’ont collé des Maltesers dans les cheveux tout simplement à l’aide de leur BAVE pendant que je regardais Annabelle 3. Alors comprenez que je sois encore traumatisée.
Après, il y a ceux qui, non contents d’avaler des sucreries pleines de cancer pourlèchent les amygdales de leurs voisins.
Stop aux pelles violentes au cinéma
Moi aussi j’ai pratiqué la galochasse dans mes jeunes années, mais quand même pas avec la détermination d’un tractopelle bavarois !
Mardi dernier, d’ailleurs, une jeune femme à côté de moi s’est contorsionnée dans tous les sens afin de bien lécher l’intégralité du visage de son partenaire.
Elle en a perdu le contrôle de son coude qui a atterri en plein dans mon pif. Est-ce que c’est un coup du destin qui me suggère de faire une rhinoplastie ? C’est fort possible !
Je sais pas si c’est mon charisme qui fait que même dans une salle vide les gens les plus malpolis du monde viennent se coller à moi, mais ça commence quand même sérieusement à me faire reconsidérer ma tendresse pour l’humanité.
Et que dire de ceux qui fouillent leurs narines tel des spéléologues hardis, collant le fruit de leur recherche aux accoudoirs, persuadés que le fond de leur tanière nasale intéressera un téléspectateur aventureux ?
Je passe aussi sur les scélérats qui se croient en cours de kickboxing et bouge pendant 2h, ceux qui ronflent, ceux qui sont sur Instagram, ceux qui enregistrent carrément le film, ceux qui se lèvent toutes les 14 secondes pour aller pisser, ceux qui crient pendant les films d’horreur, ceux qui éternuent sans mettre leur coude devant leur bouche, ceux qui posent des questions, ceux qui oublient de mettre le mode avion, ceux qui parlent pendant les bandes-annonces, et ceux qui ramènent des nuggets de chez McDo en toute tranquillité.
Bref, le cinéma, ça n’est ni plus ni moins qu’un wagon de métro avec des rideaux en velours, où toutes les coutumes les plus viles ont lieu, encourageant fortement la misanthropie !
Si ça ne tenait qu’à moi, je privatiserais les salles juste pour moi et ma seule politesse.
Mais comme une place de cinéma vaut désormais le PIB de la Roumanie, ça semble être une entreprise trop ruineuse, même pour moi qui ai grandi à Levallois sous Balkany. Bref, n’hésitez pas à me faire des Lydia.
Le seul avis qui compte est un podcast de Madmoizelle écrit et présenté par Kalindi Ramphul. Réalisation et édition : Mathis Grosos. Rédaction en chef : Mymy Haegel. Direction de la rédaction : Mélanie Wanga. Direction générale : Marine Normand.
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