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4 réflexions sur la peur de vieillir, qui me colle à la peau

Avoir peur de vieillir, ça peut commencer très tôt, et même dès l’enfance ! Lucie vous raconte l’angoisse que cela représente pour elle de voir s’écouler chaque nouvelle année.
À l’occasion de la sortie de son album Selfocracy ce 31 mars 2017, Loïc Nottet est notre rédacteur en chef d’un jour !

On a discuté avec lui des sujets qui lui ressemblent et qu’il souhaiterait voir aborder dans nos colonnes, et la rédaction s’est emparée de ces thèmes pour vous proposer ces articles.

Quand on a discuté avec Loïc, il a évoqué le fait qu’il n’aimait plus fêter son anniversaire depuis ses 18 ans : il aurait préféré pouvoir garder ses 17 ans toute sa vie. D’ailleurs, la décoration de sa chambre n’a pas changé depuis ses 16 ans !

Pour lui, l’enfance, c’est un monde illimité, loin des responsabilités, où tout est possible et les libertés infinies. Alors difficile de le quitter, quand le monde des adultes paraît être surtout un univers de contraintes.

Quand j’étais petite, autour de 8 ou 9 ans, je jouais à « faire la grande ».

J’imaginais avoir une vingtaine d’années, et que mon distributeur de bonbons lumineux en forme de téléphone portable me permettait d’appeler une amie pour la retrouver au restaurant-dînette du milieu de ma chambre — avec une frise oursons au mur.

25 ans, pour la petite fille que j’étais, c’était l’âge de rêve : c’était le moment où l’on avait un travail, un appartement (notez que je n’imaginais pas encore la maison avec le labrador), où l’on était en couple, on organisait son mariage. Peut-être même qu’on avait un bébé.

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Life goal de mes 8 ans : allégorie 

Autant dire qu’à cet âge-là, j’étais incroyablement formatée par les codes sociaux. La réussite était pour moi de fonder une famille et d’être indépendante financièrement. Mais ça, c’était bien, bien avant.

Cette année, je vais avoir 26 ans et, depuis un an, mon rapport au vieillissement a vraiment évolué.

Aujourd’hui, je tends plutôt à tomber des nues quand j’entends dire qu’une de mes anciennes camarades a des enfants tellement c’est à des kilomètres de mes préoccupations actuelles.

Comment se fait-il que des gens de mon âge en soient à se marier, à avoir leur premier voire leur deuxième bébé, à acheter un appartement ?

J’en suis encore à m’offrir des guirlandes flamants roses pour décorer chez moi tout en refusant cordialement d’accepter chaque seconde qui me rapproche un peu plus de la trentaine — l’âge adulte, le vrai, celui où tu hésites avant d’acheter une culotte tortues ninja ?

Je ne suis pas à l’aise avec le concept de vieillir, c’est officiel.

J’ai peur de vieillir, et ça remonte à l’enfance

Mes premières réticences à vieillir remontent à mes jeunes années.

Je me souviens qu’à 6 ans, au moment où j’ai emménagé dans le village dans lequel je passerai l’essentiel de ma vie, j’avais réclamé à mes parents de ne pas aller tout de suite au CP, et de faire plutôt un peu de maternelle avant de me lancer.

En guise d’échauffement, sans se précipiter, vous voyez.

Le CP, c’était les grands. C’était l’apprentissage, les devoirs. C’était dire au revoir à la sieste et aux gommettes. C’était manger à la cantine et ne plus emporter de doudou dans son sac à dos grenouille.

C’était déjà briser ses habitudes confortables de la petite enfance pour devenir une grande fille. Alors oui, ma lâcheté était totale.

Par la suite, bien qu’il y ait eu certaines appréhensions au moment d’entrer au collège et au lycée, cela restait des craintes répandues, communes, avant toute étape importante de sa vie.

Le vrai malaise lié au vieillissement s’est plutôt opéré au moment des passages à des âges « canoniques » — ceux qui ont le droit à des cartes de vœux kitsch et des slips thématiques dans les magasins.

Souffler 18 bougies était un cap qui fait mal au bide, avec son premier afflux de responsabilités.

Mais en vérité, cet âge-là restait encore sympathique : on ne changeait pas encore de décennie, il offrait plein de possibilités en plus, et la sensation d’avoir une légitimité dans la vie d’adulte.

C’est après que ça s’est corsé.

À lire aussi : L’âge adulte — La Petite Roberte

J’ai peur de vieillir et des premiers caps à surmonter

La première crise intérieure qu’il a fallu gérer a été le passage des 19 ans aux 20 ans.

Ça fait un peu tout drôle, d’avoir 20 ans. Déjà parce qu’on te chante le titre de Lorie à ton anniversaire, et ce n’est pas quelque chose de récurrent au quotidien.

Ensuite parce que tu passes à une autre décennie. Et que la prochaine fois que tu en changeras, ça sera pour la trentaine. Et celle d’après : la quarantaine ! Quand on y réfléchit un peu trop fort, ça finit par sévèrement donner le vertige.

À ce moment-là, la vie me paraissait quantifiable.

C’est ainsi : j’ai toujours été du genre à voir très loin et à être attachée à la symbolique des chiffres.

Pour moi, l’âge est une question de vieillissement du corps et pas d’état d’esprit. Alors à ce moment-là, la vie me paraissait quantifiable, c’était comme si on activait le compteur avant la fin de la jeunesse. It’s the final countdown !

À mes yeux, mon quota d’amusement et d’insouciance commençait à s’approcher de la fin, et j’ai commencé à devenir très nostalgique de tout un tas de choses, aussi bien de musiques que de moments passés.

J’ai commencé à prendre conscience que les gens autour de moi vieillissaient, eux aussi.

Alors que, bon sang, je n’avais QUE 20 ans.

J’ai peur de vieillir à cause de l’angoisse des responsabilités

Le plus gros choc a été l’année de mes 25 ans – l’année dernière, en 2016, donc. J’ai rarement aussi mal vécu le passage d’un âge à un autre, ressenti autant de malaise et d’angoisse.

25 ans. En route pour les 30, pour les choses sérieuses.

Avec le recul, je me dis que si je l’ai mal vécu, c’était aussi une question de pression sociale :

j’habitais encore chez mes parents, j’étais un peu perdue sur mon orientation, j’étais dubitative vis-à-vis de mon avenir et j’avais le sentiment que je perdais du temps.

C’est terrible à 25 ans d’avoir le sentiment que notre jeunesse nous échappe, qu’on en profite pas suffisamment.

À 25 ans, je faisais aussi un pas de plus vers l’âge adulte, qui consiste à devoir assumer tout un tas de trucs qu’on n’avait pas à assumer avant.

Quand on a un appart, c’est bien, mais il faut prévoir les assurances et compagnie.

Devenir indépendant•e, c’est aussi prendre ses responsabilités.

Quand on a un boulot, il faut remplir une fiche d’impôt. Quand on est freelance, on ne comprend pas franchement tout ce qu’on doit faire pour être dans les réglementations.

On doit penser à sa mutuelle, renvoyer ses fiches de soin à la sécurité sociale.

On doit aussi se gérer financièrement, prendre en compte son loyer et ses charges diverses et variées lorsqu’on a envie de craquer pour un achat plaisir.

Devenir indépendant•e, c’est aussi prendre ses responsabilités vis-à-vis de ses voisins quand on fait trop de bruit, on doit appeler son propriétaire quand il y a un problème et le plombier quand les canalisations ont décidé de céder.

On doit négocier avec son opérateur téléphonique quand on sent bien qu’il nous arnaque en toute décontraction.

Quand tu vieillis, tu dois penser aux cadeaux pour les anniversaires de tout le monde et ne plus te cacher derrière un présent offert par tes parents.

Quand tu vieillis, tout ce qui est régressif devient mal vu.

Quand tu vieillis, tu te prends salement la tête pour des trucs qui n’en valent pas la peine.

À lire aussi : Cinq goûters bien régressifs pour retomber en enfance

J’ai peur de vieillir… mais en fait, c’est pas si grave

Tout cet afflux de responsabilités, ça a de quoi terrifier.

Mais pourtant, quand elles ont été prises, on ressent un sentiment de fierté qui n’est pas désagréable du tout. Peut-être même au point d’avoir très envie de fanfaronner — et il ne faut pas s’en priver, autant en profiter avant que ça devienne une habitude.

C’est peut-être ça le secret. De la même manière que ça a fini par me paraître tout à fait normal d’être dans ma classe de CP, de passer en sixième et de préparer le bac, ça finira par me sembler normal de tout gérer autour de moi.

Mais le plus important au fond, c’est d’être entouré•e de gens qui acceptent qu’on puisse avoir 25 ans et couiner devant des pyjamas Pokémon, et de pouvoir compter sur eux en cas de grosse angoisse ou quand tout l’administratif nous paraît bien obscur.

Et surtout, même devant leur mine sceptique (qui cache souvent un petit sourire en coin), l’important est de rester soi-même et faire ce que l’on a envie, entre deux déclarations d’impôt.

Se faire plaisir, ce n’est pas une question d’âge mais de moment présent.

À lire aussi : Comment trier et ranger les papiers administratifs


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Les Commentaires

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Avatar de Elyon_64
2 mai 2017 à 03h05
Elyon_64
Je vais faire 29 ans, je sors toujours jusqu'a pas d'heure avec mes amis le week-end, je vis en coloc, je vais a des conventions type comic con cosplayee (et je suis toujours super heureuse de voir des gens plus ages, ou qui y amenent leurs gosses, c'est de la bonne education !). Je ne veux pas d'enfants, je pense pas que ca changera, et je veux continuer a pouvoir voyager a sac a dos pendant encore longtemps.

J'ai l'impression qu'on est une generation ou on peut faire ce qu'on veut sans (trop) etre juge, et c'est cool

La seule angoisse que j'ai pour la vieillesse, c'est la vieillesse du corps, quand je vais arriver a un point ou je serai plus assez en forme pour faire de longues randos etc. Mais on en est pas encore la !
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