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Petite typologie des recruteurs à l’usage des candidates

On dit beaucoup de choses sur l’entretien d’embauche. Qu’il faut rester calme, serein, se préparer, savoir répondre aux questions pièges, tout un tas de trucs. On dit aussi que les recruteurs sont des gens normaux – et on a raison. Ce sont des gens comme toi et moi. Plus exactement, ce sont des gens comme toi, moi, ton grand-père, Madonna et Barack Obama. Il n’y a probablement pas grand chose de commun entre Madonna et ton grand-père, à moins qu’il n’ait été une star underground du burlesque mais c’est une autre histoire; il n’y a logiquement pas non plus de raison que tous les recruteurs, ces étranges bestioles au comportement opaque, se ressemblent, fonctionnent de la même manière et réagissent identiquement à des stimulus similaires. Ce sont des individus avec des modes de fonctionnement propres. Tout comme au collège tu ne t’y prenais pas de la même manière pour faire pleurer ta vieille prof d’histoire aigrie qui portait des mis-bas en nylon beige et ton jeune prof de maths bègue au physique de geek, tout recruteur demande une tactique d’approche particulière. Petit bestiaire.

Pour commencer, il faut distinguer les différentes classifications qu’on s’efforcera ici de passer en revue : la nature de l’interlocuteur, et son comportement.
(Bon ok il n’y en a que deux, mais « différentes », c’est comme « plusieurs », c’est à partir de deux – ceci peut aussi servir sur ton CV).

Nature n°1 – Le RH

En général, quand on parle de recruteur, c’est à lui qu’on pense. Normal, ça fait partie de son métier. C’est un type / une femme qui connaît l’entreprise et son organisation comme sa poche et saura donc (en théorie, parce que comme partout il y a des gens aux RH qui ne servent à rien) dans quel environnement le futur embauché évoluera. Faire passer des entretiens, décortiquer des CVs, analyser le profil de la personne en face de lui, ça va, il maîtrise. Ces deux facettes de son métier lui confèrent certains avantages.

Il jongle avec les questions pièges pour débusquer les petits menteurs, t’explique le fonctionnement de l’entreprise dans ses moindres détails et ramifications, mène l’entretien comme un chef d’orchestre et voit des dizaines de candidats dans la même semaine.

Les aspects comportementaux, les parcours professionnels, la valorisation des compétences sont sa zone de confort. Le tout, bien entendu, adapté à la particularité de l’entreprise. Car c’est son rôle lors du processus de recrutement : opérer des tris, d’abord sur le papier, puis sur entretien, avant de présenter une sélection restreinte de profils aux managers techniques concernés, qui n’ont pas que ça à faire de taper la causette à des petits jeunes en costard cravate.

Son point faible se situe souvent au niveau de l’aspect technique. Car la personne des RH recrute pour toute la boîte, ou au moins toute l’unité dans le cas de grosses boîtes tentaculaires. Même s’il a une bonne idée du profil recherché, dès que ça parle technique, il a de fortes chances de se faire devancer par le candidat. Il pourra avoir des situations standards à présenter, des tests classiques à proposer ou un vernis acquis par l’expérience, mais à moins d’un profil double (ex-technique passé dans le camp des RH, le plus redoutable, plus connu sous le nom de Tyrannosaurus Rex) ça s’arrêtera là. Ce filtre par les compétences pures, dures et pointures, c’est à la phase suivante – et c’est le boulot du technique.

Nature n°2 – Le technique

Le rôle du technique est la plupart du temps assuré par le manager sous la responsabilité duquel le futur embauché travaillera. C’est lui qui choisit parmi le panel restreint de candidats potentiels préalablement sélectionné par les soins du RH.

Le gros avantage du technique, c’est sa connaissance technique comme son nom l’indique. Il occupe une place fonctionnelle et est en contact direct avec l’opérationnel. Il prend relativement souvent sa décision à la suite d’un certain nombre de questions techniques ou mises en situations. C’est d’ailleurs pour ça qu’il mène les derniers entretiens, pour juger d’après son expérience quotidienne du terrain quel candidat sera le plus à même de s’intégrer rapidement dans son équipe. C’est aussi là que joue son intime connaissance de l’environnement opérationnel : il connait les collaborateurs, et sa décision est en adéquation avec son type de management.

C’est justement là qu’intervient son point faible. Certes il est manager, mais tous les managers ne sont pas axés sur l’aspect humain. Certains font preuve d’une attitude peu appropriée en entretien. Dans les métiers qui ne nécessitent pas de contact direct au quotidien (avec le client, avec les fournisseurs), certains peuvent te mettre mal à l’aise sans le vouloir et, à force de détails techniques, oublier de mener l’entretien.

Ceux dont le relationnel n’est pas le point fort ne se laisseront pas impressionner par des techniques de communication, mais par une connaissance pointue et une énonciation claire des acquis de l’expérience appuyée par une solide démonstration. Le feeling ressenti en entretien reflète généralement le type de relation que les collaborateurs peuvent entretenir avec lui : si ça ne passe pas, il y a peu de chances que ça fonctionne au quotidien.

Nature n°3 – Le cabinet de recrutement

Certaines entreprises délèguent leurs entretiens d’embauche à des cabinets spécialisés. Ces entretiens sont souvent complétés par des entrevues avec des RH et des techniques de la boîte et constituent un premier tri. Les cabinets de ce type spécialisent généralement leurs équipes dans une branche métier donnée – ce n’est pas toujours le cas, certains restent généralistes et se focalisent sur des techniques pures de tri (tests, entretiens de groupe…), mais les entreprises préfèrent souvent ceux qui s’y connaissent côté métier, car recruter dans deux filières différentes, ça n’a rien à voir, on ne rencontre pas les mêmes profils, les mêmes attentes…

Notre troisième larron est donc un professionnel du recrutement, tout comme le RH, mais aussi un spécialiste de la branche, tout comme le technique. Redoutable, te dis-tu. Mais il a lui aussi un point faible de taille : sa faible connaissance de l’entreprise qui recrute. Il aura beau avoir potassé son sujet (i.e. lu leur brochure publicitaire la veille dans la queue du Social Club) et se référer au cahier des charges de son client, il ne travaille pas au quotidien avec ces personnes, il ne connaît pas le terrain, la psychologie implicite des collaborateurs, la culture d’entreprise, et tout un tas de choses capitales pour savoir si ça peut coller.

Pour résumer, les trois natures de recruteurs peuvent se positionner sur un triangle (on va faire comme s’il avait l’air d’être équilatéral). Un recruteur sera représenté par un point. Un point peut se balader comme il le veut sur le triangle, il s’éloignera toujours d’une extrémité (sauf s’il est au centre, ce qui veut dire qu’il est nul) et sera compris dans une zone conciliant globalement deux paramètres sur les trois – connaissance du métier, compétences en recrutement dur et aspect relationnel, et connaissance de l’entreprise qui recrute.

Les différents comportements

Les recruteurs, quel que soit leur nature, peuvent avoir des attitudes très différentes à l’égard des candidats. Quelques profils non exhaustifs, rendez-vous sur le forum pour les compléter par vos expériences personnelles.

– Le sadique :

Le sadique, contrairement à ce que son nom laisse présager, n’est pas forcément le plus sadique de tous, mais du moins il en a l’air. Concrètement, c’est une personne qui va tout faire pour te mettre mal à l’aise : questions déplacées, silences de mort, regards qui tuent, commentaires cassants (« je vous ai demandé un défaut, c’est pas un défaut ce que vous me citez »). En  réalité, le sadique te teste pour voir comment tu réagis face à des situations où tu es prise de court ou hors de ta zone de confort, la plupart du temps pour des métiers impliquant un contact client ou fournisseur. Le mieux à faire est de garder son calme en se préparant à cette éventualité. Avoir le sens de la répartie peut aider, mais le plus important est de rester concentrée et de ne pas se laisser démonter en exposant calmement son point de vue tout en gardant le sourire. Facile à dire, mais ça se travaille.

– Le psychorigide :

Il y a des recruteurs qui ressemblent au sadique à première vue, mais en réalité ont simplement mal positionné leur parapluie au moment de s’asseoir. Ils sont froids, distants et ont naturellement un regard glacial, mais ne pensent pas à mal. Ce sont finalement les plus simples à gérer : une attitude professionnelle et une confiance en tes capacités sont tes armes les plus solides face à lui.

– Le mec sympa :

Le mec sympa est un mec / une fille qui se comportera comme un pote de promo. Il cherche à te mettre à l’aise au maximum, te raconte des petites anecdotes, pour t’amener à révéler des informations personnelles que tu ne laisserais pas filtrer face à un psychorigide. Face à ce mec qui joue à être ton pote, garde ton sérieux et fais toujours bien attention à ce que tu dévoiles : ne franchis pas la limite du privé et colle au plus près à la ligne de conduite que tu t’étais fixée. C’est le plus dangereux des recruteurs, tu dois apprendre à repérer ses manœuvres pour les anticiper car on a vite fait de se laisser avoir.

– Le recruteur idéal :

Le recruteur idéal est un ancien technique devenu RH qui a plusieurs années de boîte. Il est souriant, cordial, te pose les bonnes questions et t’offre un café sans te tendre de piège. Si tu le rencontres, c’est que tu es probablement entrain de rêver de ton prochain entretien, ou bien que tu es tombée sur une boîte à suivre de près. Car une boîte qui attache de l’importance à son recrutement, c’est une boîte tournée vers l’avenir qui s’occupe de ses employés.

Et toi, face à quel type de recruteur t’es-tu retrouvée? Une bonne ou une mauvaise expérience à partager?


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Les Commentaires

7
Avatar de Tumbleweed
5 février 2015 à 23h02
Tumbleweed
Dites, pourquoi il n'y a plus que la moitié de l'article?
0
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