Entre les séries qui ne se terminent jamais, celles qui se déclinent en anime, les animes qui ont droit à leur version papier, ou encore les nouveautés qui débarquent régulièrement sur les étagères de notre libraire préféré•e… Rester à la page de l’actualité manga devient difficile !
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Il y en a trop, partout, tout le temps. Que ce soit des seinens, des shonens, des shojos ou de fieffés inclassables, les éditeurs français n’ont de cesse que d’exercer leur flair en important du Japon des mangas susceptibles de connaître le même succès en France. (Oui, parce que vous vous plaignez, mais au Japon c’est pire.)
Bref, il devient urgent de déblayer un peu le terrain ! C’est pourquoi je vous propose, amateurs de mangas et novices curieux•ses, de nous pencher ensemble sur trois nouveaux ouvrages qui commencent à faire parler d’eux… Et à raison.
Sangsues, par Imai Daisuke
Yoko est morte. Du moins, c’est ce que pensent ses parents et tous ses proches depuis un accident de car dans lequel elle aurait dû se trouver… et elle n’a jamais rien fait pour les détromper. Aux yeux de la société, cette jeune fille ordinaire n’existe plus, et c’est précisément ce qu’elle voulait pour se débarrasser de son ancienne vie. Mais alors sans famille, sans ami•e•s, et surtout sans papiers, comment fait-elle pour vivre ?
La réponse est simple : en squattant. Littéralement. Très fière d’elle-même, Yoko a mis un point un système, qui ressemble davantage à une série d’astuces, lui permettant de s’introduire chez les gens en leur absence pour profiter de leur lit, leur douche, et autres petites choses du quotidien. Elle vivote ainsi d’appartement en appartement, au gré de ses besoins mais aussi de ses envies. Une existence marginale insouciante… ou du moins le pensait-elle.
© Casterman / Imai Daisuke
Car la jeune fille va découvrir à ses dépends qu’elle n’a pas inventé l’eau chaude. En ayant choisi cette vie, elle se retrouve plongée dans l’envers du décor des « vrais » exclus de la société, du simple sans-abri au dangereux psychopathe. Ils se font appeler « les sangsues », et n’apprécient guère que Yoko menace leur petit système en ignorant ses règles…
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Sangsues est un thriller en cinq tomes, dont le dernier paraîtra aux éditions Casterman en mars 2016. À la fois glaçant, haletant et intelligent, il nous entraîne dans une société parallèle d’autant plus effrayante qu’elle est crédible. Car où vont les laissés-pour-compte, les anonymes de nos sociétés ? Imai Daisuke dépeint un monde aussi violent que fascinant dans un jeu de noir et blanc et un réalisme inquiétants, et vous auriez tort de passer à côté des couvertures sobres du manga.
Kasane — La voleuse de visages, par Daruma Matsuura
Dernier bébé des éditions Ki-oon, Kasane — La voleuse de visage a tout du manga atypique qui va nous tenir en haleine jusqu’au bout. Certes, le premier tome ne sortira en France que le 28 janvier prochain, mais il a déjà fait ses preuves au Japon en remportant plusieurs prix, et a su convaincre votre humble servante ayant eu la chance de le lire en avant-première. (Je parle de moi.)
L’histoire est donc celle de Kasane, une petite orpheline dont le malheur est d’être née avec un visage bien éloigné de nos canons esthétiques. Comme si ce n’était pas suffisant en soi, sa mère n’était autre qu’une prestigieuse actrice, célébrée aussi bien pour son jeu que pour sa très grande beauté – un contraste qui ne manque pas de faire hurler de rire ses camarades de classe. Car oui, quand on est laide, presque difforme, on constitue un excellent souffre-douleur, et Kasane vit un enfer au quotidien.
© Ki-oon / Daruma Matsuuma
Jusqu’au jour où, poussée à bout, elle sort de son tiroir le rouge à lèvres que lui avait laissée sa mère avec ces quelques mots énigmatiques :
« Si un jour ta vie devient trop insupportable, maquille tes lèvres, approche l’objet de ta convoitise et embrasse-le ». Depuis, Kasane a le pouvoir de voler les plus beaux visages… Et si ce rouge à lèvres peut lui permettre de réaliser son rêve de devenir une grande actrice à son tour, il a également tout du cadeau empoisonné.
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Conte amer et mélancolique, La Voleuse de visages a quelque chose d’envoûtant, aussi bien dans son jeu avec le fantastique que dans son style graphique à la fois dynamique et poétique. Une série dont j’ai hâte de lire la suite, mais que je conseillerai déjà à celles et ceux qui veulent découvrir le manga autrement.
One-Punch Man, par One (scénario) et Yusuke Murata (dessin)
À peine lancé en France, One-Punch Man a fait péter les records, pour le plus grand bonheur des éditions Kurokawa qui ont dû relancer en urgence 30 000 exemplaires après un premier tirage de 65 000. Il faut dire que le manga à quatre mains de One et Murata est déjà un phénomène au Japon, et avait commencé à s’exporter avec sa version anime. Alors, il a quoi de particulier, ce manga au héros chauve ?
Il est complètement tordu, surfant sur la vague de l’absurde et de l’auto-dérision. Voyez plutôt le pitch : Saitama, notre héros, est au début de l’histoire un jeune homme au chômage et désabusé. Un beau jour, il se retrouve nez à nez avec un homme-crabe semant le chaos dans la ville, et qui cherche surtout à mettre la pince sur le garnement qui lui a dessiné des tétons (et qu’il ne peut pas effacer à cause de ses pinces).
© Kurokawa / One & Yusuke Murata
Au départ trop blasé pour s’en mêler, Saitama finit par s’opposer à l’homme-crabe et à en faire du surimi, se découvrant un sens aigu de la justice. Il décide donc de devenir un super-héros, s’entraîne non-stop pendant trois ans au point d’en perdre ses cheveux… Et devient tellement fort qu’il abat ses adversaires d’un seul coup de poing. Sauf que, voilà, être le plus fort, ben c’est chiant.
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Voilà, vous avez à peu près le ton. Oui, c’est vraiment aussi barré. Voire même plus. Mais c’est surtout le petit côté briseur de codes qui rend ce manga jouissif ! Tous les clichés du shonen y passent, dans un dessin (très) faussement simpliste. Et un scénario, somme toute, plus élaboré qu’il n’en a l’air.
Alors, tenté•e•s par l’un de ces mangas ?
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Les Commentaires
Par contre, autant "One Punch Man" me tente pas mal, autant j'ai peut que ça finisse en série à 300 tomes qui ne s'achève jamais. Alors je préfère ne pas mettre le nez dedans avant de devenir accro...